L'Algérie avait annoncé que l'ensemble des approvisionnements de l'Espagne en gaz naturel algérien seraient désormais assurés via son gazoduc reliant directement les deux pays, sans passer par le Maroc. Une annonce qui offrirait au royaume le luxe de jauger ses futurs partenariats. Le gazoduc Maghreb-Europe (GME), qui relie depuis 1996 les gisements algériens à l'Europe via le Maroc sur un tronçon de 540 kilomètres, pourrait bientôt être suspendu, alors qu'il est doté d'une capacité de 13 milliards de m3 par an (le Medgaz, lancé en 2011, n'a qu'une capacité initiale de 8 milliards de m3 par exemple). «L'avenir du gazoduc algérien qui alimente le sud de l'Espagne via le Maroc est entouré de mystère alors que le différend diplomatique entre Rabat et Alger persiste et que le délai contractuel d'utilisation du gazoduc de transit se profile» écrit le Middle East Monitor, une organisation britannique de surveillance de la presse à but non lucratif. Alger, selon plusieurs sources, concentrera désormais l'acheminement de son gaz naturel vers l'Espagne sur un seul conduit, celui qui raccorde Beni Saf, dans l'ouest algérien, à Almeria, dans le sud de l'Espagne, une option risquée. Depuis plusieurs semaines, l'Algérie a laissé entendre qu'elle se passera du gazoduc Maghreb-Europe, qui relie l'Europe en passant par le Maroc. Lors d'une rencontre avec l'ambassadeur d'Espagne, le ministre algérien de l'Energie et des Mines Mohamed Arkab a affirmé «l'engagement total de l'Algérie à couvrir l'ensemble des approvisionnements de l'Espagne en gaz naturel à travers le Medgaz» qui relie directement les deux pays, selon un communiqué du ministère rapporté par l'agence de presse algérienne. Le Maroc, lui, droit dans ses bottes, avait exprimé sa volonté de prolonger le contrat GME. «C'est notre volonté, telle que nous l'avons exprimée verbalement et par écrit, publiquement et dans les discussions privées, toujours avec la même clarté et la même constance», a indiqué, le 19 août, Amina Benkhadra, directrice générale de l'Office marocain des hydrocarbures et des mines. Récemment, la compagnie pétrolière publique algérienne, Sonatrach, a annoncé avoir augmenté la capacité de transport annuelle du gazoduc Medgaz qui est directement relié à l'Espagne, de huit milliards de mètres cubes à 10,5 milliards mètres cubes. Plus tôt en juin, le PDG de Sonatrach, Taoufik Hakkar, a déclaré que si Rabat voulait renouveler le contrat d'approvisionnement, il y aurait de nouvelles discussions à ce sujet. Cependant, «l'Algérie pourrait perdre du fait du non-renouvellement du contrat de gazoduc au-delà d'octobre. Le gazoduc transporte environ trois milliards de mètres cubes par an en plus d'un milliard de mètres cubes de gaz vers le Maroc. Si le contrat n'est pas renouvelé, l'Algérie se délestera d'une de ses importantes options logistiques». «Pendant ce temps, Israël pourrait également bénéficier si l'accord n'est pas renouvelé car il cherche de nouveaux marchés pour ses gisements de gaz» rapporte Memo. «Tel-Aviv pourrait proposer d'approvisionner Rabat en gaz naturel pour répondre aux besoins de ses marchés, en remplacement du gaz algérien» détaille-t-il. Mieux encore, le pays «pourrait ensuite utiliser le gazoduc maroco-espagnol pour approvisionner Madrid et les marchés voisins en gaz israélien» conclut la même source.