En mars 2022, lorsque l'Algérie avait annoncé sa décision d'exproprier la résidence du Maroc à Alger, cela n'avait pas provoqué la condamnation du Maroc, ni sa menace de soulever le problème aux Nations unies, pour violation de la convention de vienne sur les missions diplomatiques. Cela n'avait même pas donné lieu à une réaction officielle de la part du Maroc. En d'autres termes, le Maroc avait carrément ignoré la mesure algérienne, conscient que l'Algérie franchirait un jour ou l'autre ce dernier pan dans les relations entre les deux pays. Le contraire nous aurait surpris de la part de ce pays dont les dirigeants font preuve d'une légèreté absolue, dans la gestion de leurs relations internationales. L'on sait également que l'extension du palais du peuple (l'Algérie n'en a rebaptisé que le nom), une bâtisse coloniale qui faisait office de résidence du gouverneur général du département d'Algérie, n'était qu'un prétexte pour arracher tout lien foncier avec le Royaume du Maroc. Car une telle extension supposerait la construction d'un téléphérique, comme dirait avec humour un confrère marocain qui connait bien la mentalité des Algériens, pour relier la résidence du Maroc et le palais du peuple, séparée par une grande artère. L'étude technique conduite dans le voisinage du palais du peuple, invoquée par Alger, me rappelle une enquête similaire menée rue Aït Chaalal, dans le voisinage du palais d'El Mouradia, en 1993, pour le but d'éloigner le bureau de MAP-Alger, en ordonnant au propriétaire des locaux de résilier son contrat de bail immédiatement. Le propriétaire était désolé de nous communiquer cet ordre des services de sécurité de la présidence. Ces derniers avaient finalement opté pour cette solution, au lieu d'invoquer, comme faux prétexte retenu initialement, les fréquentations d'islamistes du bureau. L'ambassadeur du Maroc, à l'époque, le défunt Abdelkrim Semmar, avait protesté auprès de Mohamed Salah Dembri, ministre des affaires étrangères, en lui signifiant que le Maroc n'avait pas procédé de même, à l'égard du consulat d'Algérie, qui niche au pied de notre ministère à Rabat, compromettant tout projet d'extension du ministère. Les généraux algériens, comme dans le cas de la résidence du Maroc qui surplombe le palais du peuple, accusaient le bureau de MAP-Alger, de disposer d'installations hypersophistiquées pour espionner une caste incapable de fournir les lentilles et l'huile de table au peuple algérien, en ce mois sacré de Ramadan. L'expropriation, made in Algérie, est halal, en revanche l'expropriation décidée par le Royaume, serait une violation de la convention de Vienne sur les missions diplomatiques, alors que l'Algérie, plongeant dans de graves contradictions, s'était engagée à étudier la possibilité d'une transaction d'échange ou de rétrocession concernant le consulat d'Algérie à Rabat, après l'expropriation de la résidence du Maroc à Alger. *journaliste et écrivain