Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger (de 2008 à 2012 et de 2017 à 2020) a expliqué dans un récent entretien que les cercles politiques parisiens examinent attentivement la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara. L'auteur de L'Enigme algérienne : chroniques d'une ambassade à Alger (Editions de l'Observatoire, 256 pages, 270 MAD, 2022), est le diplomate français qui aura été le plus de temps en poste en Algérie. Il y a décrit le pouvoir là-bas avec les mots suivants : «Opacité, nationalisme sourcilleux, place prépondérante de l'armée, un certain affairisme et surtout un discours antifrançais qui légitime le régime.» Dans sa dernière sortie, il établit la différence entre l'Algérie et le Maroc : «Nous nous rapprochons du Maroc. Et qu'est-ce qui va se passer du côté algérien ? De mon point de vue, il y a deux possibilités : soit nous nous brouillons à nouveau avec les Algériens, surtout si nous reconnaissons la souveraineté marocaine sur Sahara, ce qui me semble inscrit dans les faits et le devenir de notre position diplomatique. Ou alors, pour nous faire pardonner ce rapprochement avec Rabat, nous serons conduits à donner des gages supplémentaires à l'Algérie. C'est un équilibre très compliqué. C'est du funambulisme», a-t-il déclaré. L'ambassadeur explique le rapprochement entre Rabat et Paris par «les intérêts avec le Maroc, ne serait-ce que sur le plan économique, alors qu'avec l'Algérie, nos intérêts sont extrêmement limités», a-t-il estimé. «Les Algériens ont opté pour la Chine, la Turquie ou l'Allemagne au détriment de la France. Il y a aussi la volonté de se rabibocher avec un partenaire qui joue un rôle important en Afrique. Et j'imagine que le président de la République française [Emmanuel Macron] a constaté que ses efforts à l'égard de l'Algérie n'ont pas produit beaucoup de résultats», a-t-il poursuivi. Récemment, il n'a pas mâché ses mots sur le double visage algérien : «La haine contre les Français, ces ministres algériens qui lui disaient "la France est notre ennemi permanent et éternel", tout en demandant des places au lycée français, des visas. Attraction-répulsion, la guerre au fond pas vraiment terminée», des propos cités dans Libération.