Le Maroc a créé en 5 ans 3 fois plus de coopératives qu'en 50 ans. Maroc Taswik a récemment signé un partenariat avec le groupe Ben Laden qui va donner un coup de pouce énorme à la filière. Najib Mikou, Directeur général de Maroc Taswik, fait le bilan des deux dernières années d'activité et dévoile les prochaines étapes qui permettront de booster le secteur des produits du terroir. Finances News Hebdo : La filière des produits du terroir a bénéficié d'une attention particulière ces dernières années. Comment évaluez-vous le développement du secteur ? Najib Mikou : Dans son discours du 20 août, SM le Roi a dit « Nous ne voulons pas d'un Maroc à deux vitesses : des riches qui bénéficient des fruits de la croissance et s'enrichissent davantage, et des pauvres restés en dehors de la dynamique de développement et exposés à plus de pauvreté et de privation». SM a ainsi mis le doigt sur le véritable «Or vert de la nation». Rappelons que sous l'impulsion de l'INDH, le Maroc a créé en 5 ans 3 fois plus de coopératives qu'en 50 ans. Nous sommes passés de 4.000 coopératives en 2007 à 12.000 en 2014. Voilà un cri de coeur et de responsabilité que le Souverain a adressé à toute la nation et à tous les responsables de ce pays. Personnellement, je me suis senti fortement concerné et très heureux, car Maroc Taswik est en phase avec les orientations royales. En ce qui concerne les produits du terroir, je n'arrive pas à les dissocier de l'économie solidaire car le secteur est constitué essentiellement de coopératives, de TPE et de petits producteurs. C'est un secteur auquel le Maroc commence à s'intéresser et Maroc Taswik a joué un rôle important dans l'éclairage qui a été porté sur ce secteur. Et ce dans la mesure où le repositionnement stratégique de cet Office était autour de l'agrégation, de la valorisation et de la commercialisation des produits de l'économie solidaire donc du terroir. Le Maroc, en plus d'avoir un potentiel de production énorme réparti dans toutes les régions et une stratégie claire, dispose de toutes les infrastructures nécessaires pour maîtriser la qualité grâce aux laboratoires et aux instituts de recherche. Il n'y a donc pas d'investissement à faire dans le domaine du terroir. Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est agréger et concentrer davantage l'offre afin de créer une source de revenus équitables pour les petits producteurs, les coopératives et les dizaines de milliers de TPE. F.N.H. : Quel a été le rôle de Maroc Taswik dans ce processus de dynamisation du secteur ? N. M. : Maroc Taswik applique localement une réflexion universelle. Nous avons adopté un modèle japonais et espagnol basé sur la création de sociétés commerciales qui regroupent toute l'offre, mutualisent les achats pour gagner en valeur ajoutée, en économie d'échelle, en qualité et en compétitivité. Nous sommes en charge de la collecte, de la logistique, de la mutualisation, de la certification, de l'agrégation ainsi que de la commercialisation des produits aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale. Le modèle économique de Maroc Taswik coûte 0 dirham aussi bien à l'Etat qu'aux coopératives. Nous assurons à ces dernières une recette équitable sans intermédiation négative. Quant aux différentiels des charges, ils sont supportés par le consommateur. D'un côté, la recette est équitable pour les producteurs et de l'autre, le prix est juste pour le consommateur. Ce modèle est unique au monde. F.N.H. : Après deux ans d'existence, quel bilan faites-vous de Maroc Taswik ? N. M. : Premièrement, nous avons ouvert 8 magasins dans différentes régions du Royaume. Deuxièmement, le ministre du Commerce extérieur est en phase de finaliser une convention qui sera prochainement signée, pour accompagner Maroc Taswik pour la certification de l'ensemble des produits et des infrastructures des coopératives. Nous avons des prétentions fortes à l'export. Or, l'exportation des produits alimentaires et cosmétiques exige une certification. Cette dernière est le visa pour accéder aux marchés internationaux. Rappelons que le Maroc a une valeur ajoutée et une différenciation réelle à faire valoir dans les marchés internationaux. En attendant cette certification, nous avons créé deux sites d'e-commerce au Maroc et deux à l'international (Authenticmaroc.com et Cosmeticmaroc.com). Nous sommes dans le cadre d'un programme de coopération avec le Canada, porté par le ministère du Commerce extérieur, pour la valorisation de ces sites afin qu'ils soient au top niveau de la technologie en matière de commerce électronique. F.N.H. : La vente en ligne représente un marché d'avenir. Comment comptez-vous tirer profit de ce marché ? N. M. : En effet, le commerce électronique ne connaît pas de crise, bien au contraire il enregistre 35% de croissance par an. Le problème aujourd'hui n'est pas celui de la disponibilité des produits mais plutôt de logistique (coût du transport et de plateformes installées à l'international). Pour les grands marchés, nous avons besoin de plateformes délocalisées afin de pouvoir stocker les produits les plus prisés. F.N.H. : Maroc Taswik a mis en place les premiers jalons pour structurer le secteur. Quelle va être la prochaine étape ? N. M. : Nous avons signé le 4 août un partenariat avec le groupe Ben Laden, un géant du Moyen-Orient. Une société est en cours de création (l'interlocutrice de Maroc Taswik) qui va s'occuper de la commercialisation sur le marché local et à l'export. Ce partenaire sera également chargé de la gestion des magasins de Maroc Taswik sur le marché local et va étendre la chaîne de distribution sur l'ensemble du territoire mais aussi à l'international sous l'enseigne «Super solidaire». Ce partenariat va donner un coup de pouce énorme au secteur et va booster la vente des produits du terroir.