La nouvelle est tombée lundi 15 septembre comme un couperet. Elle n'a peut-être pas un caractère dramatique, notamment auprès de tous ceux qui sont bien informés, mais elle n'en a pas moins surpris plus d'un : l'Algérie s'équipe en armement nucléaire. Elle le fait en catimini, bien sûr, et ce depuis quelques temps puisqu'elle a toujours soutenu que son programme nucléaire était destiné à des besoins civils. L'information, dévoilée par nos confrères algériens, confirme à vrai dire une inquiétude exprimée depuis quelques mois, voire des années auparavant. Le gouvernement algérien n'a eu de cesse de répéter à qui veut l'entendre que le développement de son programme nucléaire n'a pas d'autre but que des applications civiles. A-t-il convaincu ceux qui soutiennent le contraire ? Non, évidemment, à commencer par les Etats-Unis. En 1991, déjà, un avion espion de l'US Air Force, survolant le Sud algérien avait repéré l'existence d'un réacteur nucléaire de 15 mégawats à Aïn Ousserra, à 250 km d'Alger, dans le Sud. Epiphénomène, information marginale ? Cette découverte mettra la puce à l'oreille des responsables américains qui se sont mis à mettre en garde le gouvernement, à dénoncer ses velléités de puissance nucléaire – au même titre que le Pakistan ou l'Iran – et à alerter la communauté internationale qui, finalement, appliquera un embargo militaire jusqu'en 2006, date à laquelle l'Algérie bénéficiera de la levée de ce dernier. Entre-temps, CIA, services européens, notamment espagnols, le quotidien américain «Washington Post» et autres institutions se sont fait forts de mettre en garde contre l'équipement en armes nucléaires de l'Algérie. Le CNI espagnol, (Centro national de intelligencia) a affirmé que «le gouvernement algérien avait bel et bien l'intention de produire du plutonium à usage militaire, matériau en mesure de fabriquer une bombe atomique...». A vrai dire, l'alerte ne date pas d'hier ! Il y a déjà cinq ans, un haut officier des FAR tirait la sonnette d'alarme sur cette irascible détermination du gouvernement algérien à se doter de l'arme nucléaire. On jugea à l'époque ses propos «fantaisistes», dénués de fondement et participant de l'ordinaire rivalité maroco-algérienne. A présent, on se rend à l'évidence, preuves à l'appui, après le recoupement des informations qui nous parviennent. Le site de Aïn Ousserra, présenté comme un site civil, se révèle être un centre nucléaire, doté des technologies, chinoise, russe voire même européenne pour fabriquer la bombe atomique dont rêve le pouvoir militaire algérien. Voici ce qu'affirmait Ahmed Zarouf, ci-devant colonel de la gendarmerie Royale : «L'Algérie a déjà en sa possession l'arme chimique et l'arme biologique. Aujourd'hui, elle serait en train de finaliser son programme nucléaire. Mais une opacité totale caractérise ce dossier. Je trouve étrange que les autorités européennes et américaines qui prétendent clairement vouloir éradiquer la prolifération des armes de destruction massive, ne fassent absolument rien contre l'Algérie» ! Nous savons que depuis 2004, de fortes pressions avaient été exercées sur le gouvernement algérien, notamment par les Etats-Unis pour qu'il accepte «des visites inopinées des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dans les sites qui abritent ses deux réacteurs nucléaires Nour et Salam» ! Evidemment, si le site n'avait qu'un caractère civil, comme le prétendent les responsables algériens, pourquoi les Américains trouveraient-ils des difficultés à vérifier le bien-fondé de ces derniers sur ce dossier ? La question se pose aussi crûment : contre qui donc les dirigeants algériens penseraient-ils faire usage de l'arme nucléaire ? La seule frontière «hostile» à leurs yeux n'est-elle pas celle du Maroc, considéré comme l'irréductible adversaire contrariant leurs plans hégémoniques, le voisin détesté, le miroir grossissant de l'échec du modèle algérien ?