Avec une croissance de 2% à fin septembre 2016, les professionnels du crédit-bail parlent d'une légère progression, même si les entreprises sont de plus en plus enclines à recourir à ce mode de financement des investissements. Les chiffres disponibles sur le site de l'Association professionnelle des sociétés de financement (APSF) témoignent d'une relative bonne tenue de l'activité du crédit-bail au Maroc. «La croissance légère qu'a connue notre secteur en 2016 est quelque part due au niveau modéré de l'effort d'investissement dans le secteur industriel», confie Réda Daifi, Directeur général de Maghrebail. En d'autres termes, cette assertion démontre que l'activité du leasing est fortement corrélée à la conjoncture économique, qui a été particulièrement difficile l'année dernière, avec un taux de croissance gravitant autour de 1,5% du PIB. Entre fin septembre 2015 et la même période de 2016, la production du secteur, qui a progressé de 2% (soit 182 MDH) pour culminer à plus de 9,2 Mds de DH, a été bridée par celle du créditbail immobilier. Cette branche a enregistré à fin septembre 2016 un net repli de l'ordre de 4%, au moment où le crédit-bail mobilier a connu une croissance de 3,6% pour se chiffrer à plus de 7,3 Mds de DH. Au registre des chiffres, notons enfin qu'à la même période, l'encours comptable s'est amélioré de 3,4% pour représenter plus de 41,6 Mds de DH. Au-delà de ces chiffres, Adil Salim El Qalb, directeur de la société Concept Automation, se réjouit de l'essor de ce mode de financement qu'il juge, par ailleurs, alternatif. L'alternative en attendant... «Recourir au crédit-bail nous éloigne des crédits classiques, en attendant le démarrage de l'activité des banques participatives», confie-t-il. En d'autres termes, certains chefs d'entreprise plébiscitent le crédit-bail pour des raisons religieuses, au-delà de ses multiples avantages financiers pour l'entreprise. Faudrait-il rappeler qu'en permettant à l'entreprise de financer intégralement des investissements sans apport initial, ce mode de financement ne nécessitant pas de lourdes garanties préserve les fonds propres à d'autres fins, dont notamment le financement des besoins. L'autre paramètre crucial aux yeux des entreprises de plus en plus enclines à utiliser ce mode de financement ou la location avec option d'achat (LOA), a trait à l'aspect fiscal. En effet, le crédit bail est doté par le législateur d'un régime fiscal autorisant la déductibilité des charges ainsi que la possibilité de l'amortissement accéléré. «L'économie en paiement d'impôt pour l'entreprise constitue un réel avantage comparatif par rapport à l'achat par fonds propres ou par emprunt bancaire», souligne Abderrafi El Maataoui, expert-comptable, qui fait remarquer que «grâce au financement par crédit-bail, la capacité d'endettement de l'entreprise reste intacte». Pour cause, contrairement aux normes internationales IFRS, les règles marocaines de comptabilité n'imposent pas la comptabilisation des contrats de crédit-bail à l'actif et au passif, puisque l'entreprise est uniquement locataire. La préservation de la capacité d'endettement de l'entreprise revêt une grande importance, surtout si l'on sait que les banques sont particulièrement frileuses quand il s'agit d'accorder un crédit ou une facilité de caisse aux très petites et moyennes entreprises (TPME). Au-delà des aspects purement financiers et comptables, les sociétés de crédit-bail misent aussi sur leur expertise pour s'attirer les faveurs des professionnels et des particuliers. Car étant spécialisées dans le financement d'équipements ou d'immeubles professionnels, elles sont à même d'édifier le client quant à la qualité du bien et de son fournisseur. Par M. Diao
Attention à l'effet de levier ! Interrogé sur le recours croissant des particuliers et des opérateurs à ce mode de financement, El Maataoui met en garde. «Il est important pour les entreprises de raisonner en termes d'effet de levier positif (différence entre coût et profit)», alertet-il. Car, dans certains cas, procéder par l'achat classique peut être profitable pour l'entreprise. En clair, opter de façon systématique pour le crédit-bail n'est pas toujours judicieux. D'où l'impératif de réaliser des études prenant en compte un faisceau de paramètres juridiques, comptables, fiscaux et financiers.