Au moment où le coronavirus est passé au stade de pandémie au niveau mondial selon l'Organisation mondiale de la Santé, la Chine, qui a été le premier pays où s'est déclaré le Covid-19 s'est imposée des mesures drastiques pour en endiguer la propagation, et cette stratégie semble porter ses fruits puisque le nombre de nouveaux cas recensés est en chute libre. Les risques restent cependant très élevés en l'absence de vaccin. Pour y voir plus clair dans la situation en Chine et son impact sur le Maroc, Hespress FR a interviewé, LI Li, ambassadeur de Chine au Maroc. -Interview- . LI Li, en poste au Maroc depuis 2017, est revenu au micro de Hespress FR sur les dernières informations concernant le coronavirus qui, sème en ce moment la panique dans le monde. « C'est douloureux de voir la propagation de ce virus à l'international », a-t-il déclaré, ajoutant qu'il faut éviter la panique. Malgré tout, les pays en dehors de la Chine, ont commencé cette semaine à prendre des mesures strictes, à l'instar de la fermeture des écoles, de l'interdiction de rassemblements, et l'arrêt des vols commerciaux, pour tenter de contrôler l'épidémie, transformée en pandémie. Hespress FR: Est-ce que les personnes annoncées comme rétablies en Chine, sont complètement guéries du Coronavirus? S.E LI Li: Oui elles sont rétablies, mais les connaissances ne sont pas suffisantes ni complètes, donc on fait beaucoup attention à la suite, à aboutissement de leur situation. Mais aussi pour les médecins et les infirmiers qui travaillent pour soigner les patients. Il y a encore des éléments inconnus, donc il faut faire attention. Il y a des rumeurs selon lesquelles, le Covid-19 n'aurait pas démarré depuis Wuhan et que cela aurait été apporté par un autre pays. Que pouvez-vous dire à ce sujet là? Oui c'est un sujet brûlant, mais je dois dire qu'actuellement il existe beaucoup de versions. Pour certains pays, ce virus est en provenance de Chine et il y a des versions selon lesquelles ce sont des militaires qui l'ont introduit. Il y a des versions différentes. Je crois que ce n'est pas le moment de se disputer, ou de concentrer tous ces efforts là sur ce sujet. Ces efforts devraient être redirigés pour sauver les vies. Je crois que les considérations politiques, les arrières pensées égoïstes, cela ne sert à rien devant l'humanisme. Il faut sauver les vies, il doit y avoir une course contre la montre pour sauver les vies c'est ça le plus important. Deuxièmement, je crois qu'actuellement, il y a des phénomènes qu'on ne connait pas. D'après ce que je sais, il y a des cas en Italie qui n'ont aucune relation avec la Chine, ce sont des cas indépendants et donc il faut faire des recherches. Pour moi, personnellement il faut laisser aux professionnels, aux scientifiques, l'opportunité de faire des efforts à mesure de temps, de bien définir les premières sources de ce virus là. Je crois que la situation est grave, le défi est important. Il faut concentrer les efforts pour endiguer le virus. Je respecte les idées de tout le monde mais je ne crois pas que c'est logique que cela prenne beaucoup plus d'énergie que la lutte contre le virus. Depuis le début de la pandémie mondiale liée au coronavirus, les asiatiques ont fait l'objet de certaines formes de rejet, de peur etc. Comment avez-vous pris la chose en tant qu'ambassadeur? En tant qu'ambassadeur, j'ai mon canal pour recevoir des informations parce que c'est aussi un domaine auquel j'attache une grande importance. Il n'y a pas de raison, ni la place pour ce genre de propos injurieux. Mais bien sûr, je comprends parce que les premiers cas, si effectivement l'épicentre est à Wuhan en Chine, sont apparus en Chine, quand on a fait une liaison, moi personnellement je comprends bien, mais je crois que ce n'est pas fondé. Il y a des versions différentes, il y a des cas particuliers. Dans certains pays, on a dit que des décès dus à la grippe avaient déjà des cas de Covid-19. Donc déjà si on parle de décès de grippe, ça doit être en même période que les cas de Wuhan ou bien avant et donc dans cette situation là, je dois dire que ces arguments ne sont pas fondés, au moins pour le moment, il faut attendre les scientifiques et les professionnels de bien le définir. Mais si la situation est comme ça, si dans les réseaux sociaux, on fait une liaison entre le virus et la communauté asiatique, moi je comprends bien. Je dois dire que cela reflète une sorte de méconnaissance de ce virus là, on ne peut pas le considérer comme de la malveillance à l'adresse de la communauté asiatique. Je dois dire qu'à mesure de temps, on va changer d'opinion. La situation va connaitre des changements. Mais pour le moment, je crois que ce virus est féroce, et devant ce fléau là, il faut avoir de la solidarité. Il ne s'agit pas de se lancer la responsabilité, ni de semer la panique, il faut qu'il y ait de la solidarité, du soutien réciproque et c'est ça ce que je suis en train de faire et la communauté asiatique est en train de faire et donc, avec tous ces efforts là, au fil du temps on arrive à avoir une entente, une harmonie, on arrivera à une compréhension mutuelle. Moi je suis toujours optimiste ». Quelles mesures ont été prises par les autorités chinoises pour que cette pandémie n'affecte pas les relations amicales entre la Chine et le Maroc? C'est ma mission principale. Je me félicite d'avoir une bonne relation entre les deux pays. Bien sur, avec ce virus, il y a des impacts dans les relations entre les deux pays. Premièrement, cette année là, on a déjà prévu une série de fonctions importantes dans les échanges entre les deux pays, par exemple l'année culturelle et touristique sino-marocaine et ces événements vont être maintenus, on va les réaliser une fois que la situation liée au coronavirus sera passée. Et deuxièmement, tout le monde fait attention à l'impact économique, parce qu'actuellement les échanges économiques et commerciaux entre les deux pays restent toujours importants. Il y a de l'évolution à mon niveau. Dans les premiers temps, quand la Chine a connu des difficultés, moi personnellement j'ai eu des contacts avec des commerçants de gros et des échanges avec des opérateurs économiques, ils m'ont dit qu'ils ont des stocks suffisants. Si la situation s'améliore dans de brefs délais cela ne posera pas de problèmes. Mais quand même, je tiens à solliciter le concours des deux côtés pour avoir la communication. Je deviens de plus en plus confiant, mais malheureusement, avec la propagation du virus sur le plan global, c'est le marché mondial qui fait l'objet d'attaques, notamment avec de nouveaux défis qui se posent après les krachs des bourses et des restrictions américaines envers l'Europe, non seulement pour les personnes mais aussi pour les marchandises. Dans cette situation là, on a de nouveaux éléments dans les relations économiques et commerciales entre la Chine et le Maroc. Il faut travailler avec une vision beaucoup plus élargie. Interview menée avec Wail Bourchachene