Une semaine après l'état d'alerte rouge déclaré au niveau des rangs des services de la sécurité, un important réseau terroriste à soubassement jihadiste, vient d'être démantelé. Le 18 février dernier, 32 membres d'une cellule qui voulaient mettre le Maroc à feu et à sang ont été interpellés. Récit. Gare de Rabat-ville, lundi 18 février. Il était 17H lorsque les forces de l'ordre ont investi curieusement les lieux à la recherche d'une précieuse prise. Repéré alors qu'il s'apprêtait à prendre le train en compagnie de son épouse, ils lui mettent la main dessus et lui demandent gentiment de les suivre. C'est comme cela qu'a démarré l'arrestation de Mustapha Moatassim, Secrétaire général du parti Al Badil Alhadari et professeur à l'Ecole Normale supérieure de Casablanca. Au même moment où, le Secrétaire général adjoint du parti, Mohamed Amine Raguala, professeur à l'ENS de Fès, subissait le même sort dans son domicile à Fès. La police a arrêté aussi, Mohamed Marwani, président du Mouvement pour la Nation et Secrétaire général du parti Al Oumma non reconnu, officiellement, mais qui avait tenu son Congrès constitutif le mois de juillet dernier au siége du PSU (Parti Socialiste Unifié) à Casablanca. Les trois hommes, nous apprend une dépêche très officielle de la MAP, ont été appréhendés, dans le cadre d'une enquête judiciaire sur les ramifications d'un réseau terroriste, composé de 32 individus, démantelé tout récemment par les services de sécurité. Dans le lot on peut trouver un certain Abdelkader Belliraj, le chef présumé de la cellule, Abdellah Sriti, correspondant de la chaîne de télévision Al Manar et Ladadla Maïalaïnine, ex-membre du Conseil national du PJD. Dans la même journée, les services de police de Casablanca ont interpellé, pour non respect du secret professionnel, l'officier de police principal, Hicham Guerrouani, en fonction au port maritime de Casablanca ( lire page 20 ). Connexions étranges Selon un communiqué de la DGSN, publié le soir même, l'officier principal «sans se soucier de la portée préjudiciable de son acte, qui est de nature à entraver le déroulement d'une enquête judiciaire en cours, s'est permis de divulguer des informations de nature à éveiller les soupçons d'autres complices non encore appréhendés». Selon des sources fiables, l'officier de police aurait divulgué à une journaliste d'un quotidien arabophone que Marouani serait interdit de quitter le territoire. Cette affaire nous rappelle, bizarrement, celle où étaient poursuivis le directeur du journal Al Bidaoui et un journaliste pour publication de documents confidentiels. Huit officiers des FAR et de la gendarmerie ont été poursuivis et condamnés par le Tribunal militaire à des peines allant de deux à cinq ans de prison ferme. Selon une source officielle, l'enquête ouverte par les services de sécurité qui a permis d'identifier et d'arrêter les principaux membres actifs du réseau a été déclenchée suite à l'interpellation, la semaine dernière, à l'aéroport de Casablanca Mohammed V, d'un individu activement recherché depuis les attentats du 16 mai qui ont frappé Casablanca. Le suspect qui était recherché par la police, comptait se rendre en Turquie avec un faux passeport. Après enquête, le mis en cause a avoué, entre autres, être l'auteur d'un meurtre en 2002. Il a également participé dans les explosions d'avril 2007 à Casablanca. Suite à quoi, les éléments de la BNPJ, les RG, la DST et la DGED avaient mobilisé leurs limiers chargés de la lutte contre le terrorisme pour surveiller et intercepter les groupuscules extrémistes en gestation, les services soupçonnaient d'éventuelles opérations terroristes en préparation. Et justement celle-ci était au stade avancé, à en croire les déclarations du ministre de l'Intérieur (lire pages 17-18). Selon les premiers éléments disponibles, les investigations ont permis de remonter les connexions de ce réseau avec des organisations s'activant au Maroc et à l'étranger. L'arrestation de personnalités politiques du courant islamiste modéré proche de la gauche radicale, comme Mustapha Moatassim et Mohamed Marwani constitue pour sa part une première du genre. Au même moment, des sources concordantes ont affirmé des arrestations de présumés suspects dans des affaires de terrorisme. Il s'agit d'Ahmed Khouchia, Redouane Khouildi, Thami Mustapha et Mokhtar Nakmane qui ont été arrêtés, en janvier dernier, dans les villes de Kenitra, Casablanca et Salé. Selon une source proche du Forum Al Karama pour les droits de l'Homme, depuis deux semaines plusieurs interpellations et enlèvements ont eu lieu à Oujda, Kenitra, Casablanca, Salé Souk Laarbaa et Ben Slimane. Selon la même source, toutes les personnes interpellées n'avaient aucune appartenance politique, certains ne sont même pas islamistes et leurs femmes ne portent pas de voile comme la majorité des détenus de la Salafiya jihadia. En tout cas, c'est la première fois que des arrestations touchent des personnes appartenant à des partis islamistes autorisés comme Al Badil Alhadari et le Mouvement pour la Nation. De toutes les façons, Moatassim et Marwani, ont été sommés de ne pas quitter le territoire depuis samedi 16 février dernier avant que les services de sécurité ne procèdent à leur arrestation le lundi d'après. Les trois personnes sont toutes d'anciens activistes de la Chabiba Islamiya d'Abdelkrim Moutti et de l'Option Islamique. La liste complète des 28 présumés terroristes 1- Abdelkader Belliraj, MRE en Belgique, 2- Abdelghali Chighannou, commerçant à Nador, 3- Ahmed Khouchiaa, ex-employé dans une agence de voyage à Kénitra, 4- Redouane Khoulaidi, ex-instituteur à Casablanca, retraité, 5- Abdellah Remache, orfèvre à Casablanca, 6- Abdessamad Bennouh, directeur d'une société de télécommunication en association avec Mohamed El Yousfi à Casablanca, 7- Abdellatif Bekhti, alias Abdellatif Saad, ex-MRE en Belgique, 8- Mohamed El Yousfi, alias «Hamza», technicien en télécommunication et associé de Abdessamad Bennouh à Casablanca, 9-Thami Mustapha, ex-MRE en Belgique, commerçant entre Casablanca et Tanger, 10- Salah Belliraj, gérant d'hôtel à Marrakech, 11- Hassan Kalam, serveur d'hôtel à Casablanca. 12- Brahim Maya, gardien de parking à Casablanca, 13- Mohamed Azerki, informaticien à la direction de l'assistance juridique à la Fondation Hassan II pour les MRE à Rabat, 14- Adil Benaim, aide-maçon à Kénitra. 15- Samir Lihi, gérant des fonds blanchis par Abdellatif El Bekhti à Casablanca, Agadir et Fès, 16- Abdelaziz Brighach, commerçant de pièces détachées à Casablanca. 17- Mokhtar Lokman, mercier à Rabat, 18- Hossein Brighach, commerçant entre Tanger et Kénitra, 19- Abderrahim Abourkha, instituteur dans une école privée à Casablanca. 20- Jamal El Bay, commerçant à Oujda, 21- Ali Saidi, sans emploi comptant des antécédents en escroquerie, 22- Mohamed Abrouk, menuisier, 23- Bouchaib Rochedi, aide commerçant à Kénitra, 24- Mohamed El Marouani, administrateur à Ittissalat Al Maghrib, 25- Mostafa Lmouatassime, professeur à l'ENS à Casablanca, 26- Mohammed El Amine Ragala, professeur à l'ENS de Fès. 27- Abdelhafid Sriti, journaliste, correspondant de la chaîne Al Manar, 28- Mansour Bellaghdache, professeur. 29- Alaa Badella Ma-El Ainin, pharmacien, établi à Rabat. 30- Mohamed Chaabaoui, commissaire de police, 31- Abdeladim Taki Imrani, docteur en pharmacie, établi à Casablanca, 32- Hamid Najibi, professeur.