La question de la prospection pétrolière au Maroc est hautement stratégique pour le pays. C'est pourquoi la communication sur ce sujet est si verrouillée qu'elle en arrive à être confondue avec l'opacité. Nous savons bien que le nuage de la bourde de Talsint plane toujours, mais cela ne devrait nullement constituer un complexe, voire une obsession. Il suffirait en effet d'expliquer aux Marocains les spécificités du processus de prospection, notamment le coût de l'opération et les délais requis. Un échange avec un expert en la matière nous apprend un fait intéressant à savoir et à relayer. En effet, et avant même d'arriver à l'étape du forage, «si des indices se révèlent», les recherches au niveau d'un seul puits nécessitent deux à quatre années d'études géologiques qui coûteraient entre 100 et 200 millions de dollars. Ensuite, l'étape du forage en elle-même prendrait de trois à quatre mois, avec un coût supplémentaire de quelque cent millions de dollars. C'est cette phase dont doit découler un rapport sur le sort de l'exploitabilité du puits, laquelle pourrait s'avérer infructueuse avec toute les «pertes financières» qui en résulteraient. Récemment, le Ghana a pu enfin découvrir son premier puits de pétrole, après des travaux non concluants de recherche, d'étude et de forage dans 84 puits et des années d'attente. C'est dire que ce processus est très compliqué et que le citoyen lambda ne dispose pas de moyens lui permettant d'en décrypter les contours techniques et de se fier au discours officiel. Il reste aux responsables de «décomplexer» la question.