«Comme l'Europe s'essouffle, le Maroc va respirer en Afrique», tel est exactement l'intitulé d'une chronique parue dans le journal français Le Monde, signée Hamza Rkha Chaham, étudiant à HEC Paris, président HEC monde arabe. Dans le sillage de la tournée africaine que le roi Mohammed VI a entamé, cet article revient sur le nouveau positionnement du Maroc dans le continent. Dans sa chronique, Hamza Rkha Chaham se pose d'abord la question de savoir si le Maroc fait preuve «d'un opportunisme économique ou s'il se décentre de ses partenaires européens et arabes traditionnels pour assumer, enfin, le rôle qui lui échoit en Afrique». Et d'expliquer que «le Maroc a pris conscience du risque, autrefois latent, de trop se lier à un continent vieillissant et crispé par sa propre diversité, l'Europe. Les échanges économiques avec l'Union européenne ne cessent certes de croître, passant de 21 milliards d'euros en 2010 à plus de 29 milliards en 2014». Hamza Rkha Chaham explique ainsi que les échanges entre le Maroc et l'Europe ont enregistré en 2014 un déficit commercial de plus de 7 milliards d'euros que le royaume doit combler. 60% des IDE marocains consacrés à l'Afrique De même, l'article de Rkha Chaham souligne que «l'atonie qui frappe le Vieux Continent contraint le Maroc à réaffirmer avec force ses racines almoravides et saadiennes, qui se prolongeaient autrefois aux portes de Gao et Tombouctou». Plus de 15 pays africains visités Et pour preuve, depuis 2011, le roi Mohammed VI a visité plus de 15 pays et conclu des partenariats économiques avec le Sénégal, la Guinée, la Côte d'Ivoire et le Gabon, entre autres. La chronique parue dans Le Monde y voit ainsi «le retour du Maroc sur la scène africaine et sa volonté de contourner l'Union africaine en affirmant la prééminence de relations bilatérales d'exception». Analysant les investissements intra-africains, Hamza Rkha Chaham, relève qu'ils sont passés de 8% du total des investissements directs en Afrique en 2007, à 22% en 2014, «consacrant une réelle compétition intra-africaine». Loin de l'Afrique du Sud, du Kenya et du Nigeria Dans cette compétition, le Maroc s'est bien positionné en «consacrant désormais 60% de ses investissements directs à l'étranger à l'Afrique subsaharienne, notamment dans la région ouest-africaine, de la Mauritanie au Gabon». Toutefois, précise la chronique du Monde, le royaume «reste loin de l'Afrique du Sud, du Kenya et du Nigeria qui, combinés, représentent près de 68% des investissements directs intra-africains». Le Maroc, une puissance régionale ? Ainsi, dans l'optique de rattraper son retard, «le royaume n'hésite pas à s'appuyer sur un tissu d'entreprises chevronnées capables de se déployer sur le continent et de faire face à la concurrence internationale». Faisant remarqué que 71 sociétés marocaines figurent dans le classement des 500 plus grandes entreprises africaines, l'article du Monde précise que ces dernières sont présentes dans tous les secteurs de l'économie et se positionnent comme des relais de la politique étrangère et du recentrage du Maroc en Afrique». En guise d'exemple, Le Monde, cite Attijariwafa Bank, «qui est monté à 75% du capital de la Société ivoirienne de banque en mars dernier et qui lorgne déjà sur la banque égyptienne Piraeus et se définit comme une multinationale panafricaine». «L'approche pragmatique déployée par le royaume lui permet dès lors de prétendre à nouveau au rôle de puissance régionale, là où les pôles traditionnels d'influences – algérien, égyptien, nigérian et sud-africain – s'essoufflent ou s'embourbent dans les problèmes de politique intérieure», conclut Hamza Rkha Chaham.