La Bourse de Casablanca semble déterminée à convaincre les petites et moyennes entreprises à recourir au marché boursier pour se financer. Si ce marché présente aujourd'hui un moyen de financement alternatif avantageux pour cette catégorie d'entreprises, cette dernière reste pour le moins frileuse. En attendant une adhésion des patrons de PME à ce modèle de financement, un dispositif technique se construit avec le concours de partenaires étrangers sur la base de modèles benchamarkés. La Bourse de Casablanca multiplie les opérations séduction pour convaincre les petites et moyennes entreprises de recourir au marché boursier pour se financer. En effet, si ce marché constitue aujourd'hui un moyen de financement alternatif avantageux pour cette catégorie d'entreprises, il n'en demeure pas moins que ces dernières restent pour le moins frileuses quant au recours à ce type de financements. Pour renverser la vapeur et apporter des réponses aux questions des chefs d'entreprises, un workshop a été organisé cette semaine par la Bourse de Casablanca en partenariat avec le London Stock Exchange Group (LSEG) et la Banque européennes pour la restructuration et le développement (BERD), autour du thème «Développer l'accès des entreprises au marché des capitaux». Pour le directeur général de la Bourse de Casablanca, Karim Hajji, «contrairement aux idées reçues, le marché boursier est parfois plus adapté aux PME dans la mesure où aucune exigence de garantie financière n'est demandée pour l'introduction en Bourse». Le responsable poursuit en mettant l'accent sur les avantages que présente le marché boursier en tant que levier de financement: «Ce moyen de financement peut s'avérer également avantageux car, une fois cotée, l'entreprise, qui doit répondre aux conditions de transparence et d'information financière, peut lever des fonds autant de fois que nécessaire pour financer son investissement et développer son activité, via des augmentations de capital ou encore des emprunts obligataires». Au-delà des avantages que présente ce cadre de financement, le débat reste aujourd'hui tributaire du circuit législatif. Aucun cadre à proprement parler ne permet à ce jour d'offrir un système adapté aux petites et moyennes entreprises sur le marché boursier. Pour pallier ce manque, la loi sur la Bourse, actuellement dans le circuit législatif, devrait décliner les principales règles qui encadreront la mise en place du compartiment dédié à la PME au sein de la Bourse de Casablanca. C'est ce qu'explique Karim Hajji, rassurant ainsi les patrons de PME: «La place casablancaise propose des incitations financières en vue de faciliter l'accès des PME à la cote et un marché dédié aux PME marocaines ne tardera pas à voir le jour». Un modèle en cours de construction Outre le débat mené sur l'intérêt mineur porté par les PME marocaine à la place financière, un dispositif est en cours de construction avec la mobilisation de deux partenaires étrangers, la BERD et le London Stock Exchange. «Nous travaillons en partenariat avec LSEG sur un modèle de marché dédié aux PME qui prendra en compte les spécificités de ces structures de petite et moyenne tailles, en instaurant des conditions d'admission allégées et adaptées», note Karim Hajji. Du côté de la BERD, les responsables indiquent leur prédisposition à accompagner cette dynamique qui compte parmi ses priorités stratégiques. Christelle Fink, Senior Manager, SEMED - développement des monnaies et marchés des capitaux, explique: «La BERD soutient l'ouverture, la liquidité et le développement des marchés de capitaux à travers des prises de participation aux capitaux des entreprises, y compris les PME, ou en devenant actionnaires». Plus globalement, pour la BERD, il s'agit de soutenir l'entrepreneuriat en offrant un meilleur accès des entreprises aux outils de financement, tout en faisant avancer le développement du marché des capitaux au Maroc. La Bourse de Casablanca peut également compter sur l'expertise de la Bourse de Londres. Le co-directeur marchés émergents-marché primaire actions du LSEG, Ibukun Adebayo, assure que «la place casablancaise pourrait bénéficier de l'expertise de la LSEG pour la mise en place d'un marché des dérivés et de nouveaux produits financiers». Tous les éléments «techniques» semblent être réunis pour offrir un cadre adapté aux PME. Cependant, les points de blocage semblent aller au-delà des considérations techniques puisque les appréhensions des patrons de PME quant à cet outil de financement ont davantage trait aux impératifs de communication, de transparence et de bonne gouvernance, posés en préalables à toute introduction en Bourse ou recours au marché des capitaux. Il s'agit là d'une mutation qu'il va falloir opérer au sein même de la culture d'entreprise au Maroc, à l'instar du travail qui a été fait dans les pays benchmarkés, dont les conditions sont proches de ceux du Maroc. L'on peut citer, parmi eux, l'exemple italien. Ce dernier porte aujourd'hui ses fruits, chose qui inspire largement les responsables marocains.