Les résultats du scrutin syndical sont révélateurs à plus d'un titre. Premier constat -et non des moindres-, l'éclatant succès des «indépendants», qui ont réussi à mobiliser presque 50% des voix des salariés. Ainsi, la moitié de ces derniers ne font plus confiance aux centrales syndicales et préfèrent compter sur l'engagement d'individus sans appartenance syndicale. L'échec est cuisant, et interpelle l'ensemble du mouvement syndical au Maroc. L'on savait que ce dernier s'effritait, chose due à plusieurs facteurs, mais de là à céder la moitié de l'électorat... la situation est alarmante, d'autant plus que le syndicat historique, qui arrive en deuxième position, réalise un score modeste avec à peine 17% des voix. Cependant, au lieu de se poser les vraies questions et de procéder à une autocritique à même de mettre le doigt sur les dysfonctionnements et d'y apporter les remèdes, certaines centrales préfèrent une analyse surréaliste des faits. Elles dénoncent, ni plus ni moins, la falsification des résultats du scrutin afin de les exclure du dialogue social, sans atteindre le seuil des 6% leur permettant de s'attabler avec le chef du gouvernement. Au lieu d'opter pour un discours menaçant, destructeur des acquis démocratiques du pays; au lieu de brandir la menace d'informer le Bureau international du travail, elles auraient tout simplement dû saisir la justice, preuves à l'appui! N'ont-elles pas connaissance de la procédure des recours en justice en pareils cas, ou veulent-elles tout simplement imputer leur échec à des facteurs exogènes ?