Aujourd'hui, je ne suis pas peu fier de mon titre et vous allez bientôt savoir pourquoi. Ces derniers jours, par le plus grands des hasards, et la conjoncture aidant, je côtoie beaucoup de jeunes. D'abord, il y a les festivals, mais il y a aussi que les enfants sont en vacances. En vérité quand je dis les «enfants», c'est juste pour me faire plaisir. Mes «enfants» à moi me piquent ma bagnole et la ramènent cabossée au moins 3 fois par mois, chaussent du 43, mettent du mascara vert fluo sur les yeux, rompent leurs fiançailles en grande pompe, changent de copines comme de tee-shirts, se teignent les cheveux en jaune canari, se laissent pousser la barbe, et rentrent tôt à la maison... à 5h du matin. En fait, ce n'est pas de mes «gamins» que je voulais vous parler, quoique, après tout, je crois que c'est un bon échantillon. D'ailleurs, tant que je suis là, je vais commencer par les «analyser» en premier. Ce n'est pas qu'ils sont plus dociles - tu parles ! – ni que je les connais bien – tu reparles ! – mais c'est juste parce ce qu'ils ne sont pas trop loin de moi. Vous avez vu : je n'ai pas dit «parce qu'ils sont proches de moi», parce que personne n'est capable de le dire aujourd'hui. Et sans vouloir faire de la psychologie à 2 dirhams, je crois que c'est là que le bât blesse, aussi bien d'ailleurs au bas de l'échelle que chez les gens de la haute où, justement, côté éducation, ça ne plane pas toujours haut. Oui, je pense que notre principal problème à nous, les «anciens jeunes», c'est que nous voulons tellement nous rapprocher de nos gosses que nous finissons par les étouffer. On les materne, on les paterne, on les goinfre, on leur offre tout ce dont ils ont envie ou pas envie, on leur apprend à ne rien faire de leur tête parce que c'est nous qui pensons à leur place, et rien faire de leurs mains parce que pour ça, il y a les bonnes, le chauffeur... On leur apprend à ne pas respecter les règles de la société, parce que nous-mêmes, nous brûlons les feux devant leurs yeux, et puis, après tout, les billets de 50 DH, ce n'est pas fait pour les chiens. Bref, on les gâte et ils finissent par devenir... gâteux. Comme nous. Mais, eux, c'est pire : c'est avant l'âge. En un mot comme en mille, nous voulons qu'ils nous ressemblent. Ils sont mal barrés, les pauvres ! Et quand je vois aujourd'hui qu'on veut les enrôler dans des galères politiques en les invitant à se mobiliser dès aujourd'hui parce que, leur miroite-t-on, ce sont eux qui vont prendre le gouvernail... demain. C'est-à-dire jamais ! Avez-vous déjà vu un jeune, un vrai, prendre la direction d'un parti dans ce pays ? Jamais ! Oui, on leur promet ça depuis un bail, mais ils peuvent toujours attendre. Et vous savez pourquoi ? Parce que pour eux, les vieux, un jeune doit être – j'y arrive enfin - comme un scout : il doit faire ce qu'on lui dit de faire et... la fermer. Vraiment, je le répète, les jeunes sont mal partis. Comme je les plains, les pauvres !