La nuit fut longue, mercredi, à Madrid. Il faut dire que cela en valait la peine, puisque le Real est venu mettre fin à une suprématie barcelonaise qui dure depuis plusieurs années et surtout retrouver le goût des sacres dont il a faim depuis 2008. Au terme d'un clasico, le deuxième des quatre prévus en 18 jours, les poulains de José Mourinho ont fini par venir à bout des Catalans, grâce à une réalisation de Cristiano Ronaldo à la 13e minute des prolongations. C'est la 18e Coupe d'Espagne pour le Real et aussi la première depuis 1993. Si le salut n'est venu que très tard dans ce match, il faut dire que les Madrilènes ont donné le ton dès l'entame du match : pas question d'une nouvelle démonstration catalane. Pour ce faire, le spécial one a mis en place tout un stratagème, basé sur un 4-3-3... mais sans véritable attaquant de pointe. Seul Ronaldo a été reconverti en numéro 9, comme cela a été le cas à plusieurs reprises par le passé à Manchester. En contrepartie, le milieu de terrain a été enrichi par la présence d'Ozil, nouveau patron de l'entre jeu des merengues. Mourinho a vu juste, car durant les 45 premières minutes, c'est un Real Madrid métamorphosé qui est venu bousculer la meilleure équipe du monde. Pépé, pièce maîtresse du schéma tactique, faisant office de rempart infranchissable pour le génie Messi au milieu de terrain, s'est même permis le luxe de heurter le poteau à quelques minutes de la mi-temps, en reprenant de la tête un centre venu de la droite. Cependant, à la reprise, c'est le vrai Barça qui est remonté des vestiaires. Possession de balles, infiltration en passant par le cœur de la défense madrilène... Guardiola a certainement trouvé les mots dans les vestiaires pour rebooster son équipe. Madrid, faisant jeu égal jusque là et même plus, commençait à voir rouge. D'ailleurs, les coéquipiers de Casillas ont connu une sueur froide lorsque, à l'heure de jeu, Pedro venait mettre le ballon au fond des filets après une passe ingénieuse de Messi... Tournant du match, l'attaquant Blau Grana est signalé hors jeu pour quelques centimètres. De quoi rappeler au Real que devant le Barça, aucune erreur n'est permise. Le reste de cette mi-temps est donc resté dominé par les Catalans, mais qui butaient à chaque fois sur un Casillas des grands jours, tandis que le Real privilégiait les contre-attaques sans trop inquiéter Pinto, remplaçant de Victor Valdes dans la cage barcelonaise et auteur d'un match plein. Au terme des 90 minutes, durant lesquels les deux équipes ont parfois fait preuve d'un jeu très musclé, le score vierge est resté inchangé. À cet instant, il est devenu clair que le premier à marquer ferait un grand pas vers le sacre. C'est la raison pour laquelle le jeu devenait encore plus dur. Plus personne n'arrivait à transpercer la défense adverse. Beaucoup de fautes... Bref, il aura fallu attendre ce contre intelligemment négocié entre Marcelo et Di Maria sur le côté gauche et qui s'est terminé sur la tête de Ronaldo au point de penalty... Le Hala Madrid pouvait alors retentir dans ce stade du Mestalla à Valence archicomble. Les Catalans, KO debout, ne parviennent plus à percer cette équipe du Real devenue soudain soudée en un seul bloc. Même l'expulsion de Di Maria en fin de match n'a pas pesé lourd sur le mental madriléne devenu dur comme un roc. Au final, la Coupe est «fièrement» reçue par Casillas des mains du roi Juan Carlos. Cela dit, le plus important, c'est que ce match donne le ton de ce que seront les demi-finales de la Champions leaque entre les deux ténors du football mondial. C'était un match équilibré, sans l'être vraiment. Je veux dire qu'en première période, nous étions meilleurs. Nous étions un peu frustrés de ne pas marquer, mais nous savions que celui qui marquerait le premier aurait un avantage important. Eux, ils ont été meilleurs en seconde mi-temps, mais Casillas nous a aidés à les contenir. Tout le monde est resté concentré. Nous sommes restés compacts et avons offert une opposition sans faille. Le jeu de Pepe avant la pause a été déterminant. José Mourinho Avant tout, je veux féliciter le Real Madrid pour avoir remporté cette Coupe. Ils ont fait une bonne première mi-temps et nous une bonne deuxième. La partie aurait pu basculer dans n'importe quel camp et elle a choisi celui de Madrid. Ce genre de match ne se joue que sur des détails. Pour nous, il s'agit de récupérer. Il faut maintenant analyser cette défaite, et observer ce que nous avons fait de bien et de moins bien. Pepe Guardiola