C'est au sein de la commission des finances et du développement économique que Driss Benhima déclare le succès du plan de restructuration de la RAM, dont il est président-directeur général. Pour lui, le défi, à présent, reste l'attractivité de la RAM. Driss Benhima : « La RAM s'est aussi engagée à rationnaliser sa gestion et à assurer un meilleur service en se concentrant sur celui du transport aérien et abandonner toutes les autres activités ». C'est la carte de la franchise qu'a jouée le président-directeur général de la RAM, Driss Benhima. Invité par la commission des finances et du développement économique de la Chambre des représentants, jeudi 9 août, le haut responsable a dressé le bilan financier de la RAM annonçant que la zone des turbulences est dépassée, mais que des efforts sont à consentir afin de permettre à la compagnie de développer ses services et rationnaliser ses dépenses. Des erreurs et une crise La RAM sort à peine d'une crise dont elle a payé le prix fort. Driss Benhima confie que ses répercussions auraient été plus catastrophiques si « l'erreur » de diagnostic n'avait pas été rattrapée à temps. « C'était une erreur de croire que la crise était due à des raisons internes de l'entreprise ou externes liées aux événements mondiaux comme le 11 septembre», estime le PDG de la RAM affirmant que ce sont plutôt les « mauvais choix » qui ont conduit la compagnie à la faillite. Il faut donc remonter à 2004, année de l'adoption de l'Open Sky pour détecter les prémices d'une chute automatique. « Dans le secteur de l'aviation civile, nous avons libéralisé le transport aérien sans aucune condition au point où les opérateurs bénéficiaires ont commencé à agir comme des pirates. Ce sont eux qui négocient à présent avec l'Etat pour continuer à desservir le Maroc », s'indigne-t-il. Benhima ne s'oppose pas au principe de l'Open Sky mais à la manière avec laquelle il a été lancé sans préavis. Trois mesures, recommandées par le bureau d'étude McKinsey, ont été décidées pour accompagner la libéralisation aérienne : création de la filiale low cost Atlas Blue, centralisation des activités de la RAM à l'aéroport de Casablanca et injecter 4milliards de dirhams pour la restructuration. Le problème s'est posé lorsque ce budget n'a pas été alloué à la RAM. «On a cru que la compagnie n'avait pas besoin de restructuration parce qu'elle a réalisé une croissance entre 2002 et 2008 durant lesquelles la RAM a doublé ses voyages et entamé la restructuration partielle en investissant ses comptes propres permettant ainsi de réduire le coût de 19% au cours de cette période », explique Benhima. Ces efforts n'ont pas résisté à la crise mondiale de 2008 dans laquelle la RAM n'a pas pu affronter la grosse compétition. « Les compagnies low cost sont passées de 550.000 sièges en 2006 à plus de 8 millions en 2011. C'est ce qui a provoqué la suspension d'activité d'Atlas Blue l'an dernier », argumente le PDG de la RAM. Restructuration obligée Rien à part le plan de restructuration ne pouvait donc relancer la RAM. Réduire le volume de la compagnie et trouver le financement nécessaire ont orienté ce plan dont l'ambition a été de réduire les dépenses de près d'un milliard de dirhams par an. « La RAM s'est aussi engagée à rationnaliser sa gestion et à assurer un meilleur service en se concentrant sur celui du transport aérien et abandonner toutes les autres activités », indique Benhima soulignant que le contrat-programme avec l'Etat a connu un retard d'un an et demi (septembre 2011) avant d'être signé. « Entre-temps, la RAM perdait chaque semaine 20millions de dirhams tout au long de l'été 2011 (...) Au lieu de sauver l'entreprise, elle a fait l'objet de plusieurs opérations d'inspection de l'Inspection générale des finances et l'administration générale des impôts dont le résultat a abouti à une révision de 1,4MMDH », regrette le PDG ajoutant que la RAM a été doublement sanctionnée lorsqu'on lui a retiré tous les avantages fiscaux. Benhima décrit une relation difficile entre la RAM et l'Etat dont les responsables ont mis du temps avant de prendre conscience de la crise. « L'accord de partenariat signé le Fonds Hassan II de développement économique et social en présence du Souverain permettant d'injecter 1,6MMDH à la compagnie a été un fait marquant dans l'histoire de la RAM » reconnaît le PDG pour qui le sauvetage de la RAM n'a pu être concrétisé que grâce au Roi. « Ce partenariat a enfin changé l'image de la RAM pour en faire un membre à part entière de la structure de l'Etat. Nous ne sommes plus isolés, mais actifs et reconnus pour cela. L'Etat, pour sa part, n'est plus un simple actionnaire, il a intégré la RAM dans sa stratégie de transport aérvien », se réjouit Benhima. La mésaventure cède sa place à l'aventure. * Tweet * *