En quoi, une révision des statuts de la Jeunesse du Mouvement populaire, troisième force qui participe à la majorité gouvernementale, constituerait-elle une crise, un malaise ou simplement la secousse tellurique du parti ? Etalée au grand jour, elle devient l'épineux point du débat. Le fondateur du Mouvement populaire Mahjoubi Aherdane et l'actuel SG de la mouvance harakie Mohand Laenser. A son tour, de nouveau encore, le Mouvement populaire est secoué par la tempête de la contestation interne. Les mots se succèdent et se ressemblent : malaise, crise, le torchon brûle, la rupture. On n'en tarit pas pour décrire l'étape de remise en cause que le Mouvement populaire semble traverser sous les orages ! Elle nous rappelle la grave crise institutionnelle que le même parti a connue en 2007. La raison officielle invoquée – mais elle dévoile un profond malaise de discours d'abord – est le seuil fixé à quarante ans, au-delà duquel on ne peut prétendre diriger la Jeunesse harakie ou y appartenir. Secrétaire général du mouvement haraki de la jeunesse, Abdelaziz Dermoumi propose de rallonger l'âge de 35 à 40 ans, il est soutenu par le vice-président du groupe parlementaire, Abdelkader Tatou. Tous deux se trouvent donc en face d'un adversaire de poids, qui n'est rien d'autre que Mohamed Ouzine, ministre de la Jeunesse et des sports.«Contrôle de la jeunesse harakie» En quoi une question de rallongement ou d'abaissement de l'âge du futur secrétaire général de la Jeunesse du MP peut-elle constituer une si grave crise au point de secouer le parti et de menacer sa cohésion ? La réponse réside dans l'idée répandue selon laquelle le « contrôle de la jeunesse harakie facilitera l'accès au poste de secrétaire général du parti » ! On comprend dès lors que les couteaux soient si vite tirés. On voit déjà se nourrir une crise larvée d'arguments quasi fallacieux , qui se sert du thème de la jeunesse pour étaler un vrai problème institutionnel au sein du parti fondé par Aherdane. C'est une bataille rangée qui se prépare, elle fait feu de tout bois, et met face à face des ambitions rageuses et dévoile des contradictions exacerbées. Abdelaziz Dermoumi, secrétaire général de la Jeunesse ne cache pas les siennes, il est très actif et joue le rôle fédérateur, appuyé par son principal allié, Abdelkader Tatou. Ils défendent aussi la thèse selon laquelle, « relever l'âge au niveau des responsabilités de la jeunesse harakie, c'est se conformer à l'évolution politique et sociale » et, partant, « démocratiser les ambitions » ! Ambitions «fratricides» Et celles-ci sont nombreuses. Elles semblent même vouloir s'affirmer en contre temps. Ni la tenue du congrès du parti, ni non plus le départ de son actuel secrétaire général, en l'occurrence Mohand Laenser, ne président l'avenir en quoi que ce soit. L'actuel secrétaire général, ministre de l'Intérieur par ailleurs, est en principe élu à son poste jusqu'en 2014, mais d'ores et déjà sa succession semble ouvrir le grand boulevard des ambitions. Trois têtes d'affiche au moins sont déclinées pour lui succéder, et le recours à la jeunesse est utilisé pour justifier la relève. Pour autant, la jeunesse, ces centaines de milliers de militants de par le pays, ne peuvent faire l'objet de spéculations et de calculs politiques. Encore moins être l'otage d'ambitions « fratricides »... Fondateur du mouvement de la jeunesse, dont il est en quelque sorte le parrain, Mohamed Ouzzine, quant à lui, joue de son charisme, peut-être même de ses influences que l'on dit « familiales » pour infléchir les ambitions affichées des uns et des autres. Son adversaire désigné, en l'occurrence Abdelkader Tatou se positionne comme le challenger qui entend user de son prestige, qui nourrit légitimement le rêve de la haute responsabilité et qui se prévaut de son long parcours de vieux militant. Le XIIIème congrès du parti sera donc celui de la vérité, mais il ne se tiendrait en principe qu'en 2014, ce qui suppose pour les uns et les autres l'obligation de ranger leurs armes dans les vestiaires et de tempérer leurs ardeurs. C'est Saïd Ameskane, secrétaire général délégué du Mouvement populaire, tout à son aise parce qu'il incarne en quelque sorte la légitimité, qui explique : « C'est une crise nourrie par des ambitions personnelles, elle affecte les structures, et les sections du parti. L'accès au poste de secrétaire général, même s'il s'agit d'une requête légitime, n'est pas d'actualité. » Le propos tombe ainsi comme un couperet. L'élection du futur secrétaire général n'est donc pas la première priorité, et l'on aura beau gloser pour en faire une urgence, rien n'y fait. Une source anonyme, observateur pertinent de la scène politique et longtemps compagnon de Mahjoubi Aherdane, souligne pour nous que la crise actuelle est « un scénario factice monté de toutes pièces, qui se sert de la jeunesse comme d'un « printemps arabe » intérieur... » pour secouer le parti et régler des comptes après sa participation au gouvernement. La jeunesse harakie n'a jamais failli, dit-il, à son soutien au leader du MP, fût-il « le vieux lutteur » d'Aherdane ou Mohand Laenser. D'où vient donc ce vent de contestation ? Beaucoup estiment qu'il est nourri par des ambitions personnelles, guidées aussi par des vents centrifuges. Autrement dit, des collusions exogènes qui en veulent au parti. A vrai dire, les crises se succèdent et se ressemblent, à la fois dans leur objectif et dans leur « modus operandi » ! L'objectif , c'est l'ascension au pouvoir, quitte à invoquer n'importe quel prétexte. Le procédé, c'est la tendance habituelle à opposer le futur au passé, à décrier l'héritage même. Il ne faut également imaginer que la crise au sein du parti, affecte sa participation au sein du gouvernement. Nous relevons le parallèle avec ce qui existe également au sein du parti de l'Istqlal dont le secrétaire général, Hamid Chabat, est devenu le principal procureur qui remet en cause la participation de son parti au gouvernement avec la même ardeur. * Tweet * *