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L'économie mondiale en 2008
Les prévisions de la Banque mondiale par régions
Publié dans L'observateur du Maroc le 08 - 02 - 2008


Croissance mondiale
Après quatre années de robuste progression du PIB et des échanges, de hausse régulière des prix des produits de base, de maintien des spreads à des niveaux limités sur les marchés obligataires, d'évolution graduelle des taux d'intérêt, et de stabilité relative des taux de change, les marchés internationaux connaissent un surcroît de volatilité.
La conjoncture sur les marchés financiers mondiaux, après avoir été exceptionnellement favorable, est désormais moins stable et moins prévisible.
Plus que ces dernières années, il faudra des réserves et autres moyens de régulation pour amortir les effets de chocs imprévus.
Les dirigeants nationaux doivent se préparer aussi bien à l'éventualité d'un ralentissement marqué de leur économie qu'à la possibilité de voir la croissance continuer de dépasser son niveau potentiel.
De même, il leur faut se préparer au risque de dépréciation abrupte de leur monnaie, comme à la possibilité d'appréciation sous l'effet d'un afflux continu de capitaux. Il se peut qu'on assiste à une flambée des prix des produits de base, ou au contraire qu'ils perdent une partie des hausses effectuées durant cette décennie.
En dépit d'une conjoncture à ce point volatile, il faut s'attendre à ce que les pays en développement continuent d'afficher globalement une forte croissance, du fait principalement d'un solide dynamisme au plan intérieur pour la plupart d'entre eux.
De fait, beaucoup de ces pays ont affiché au premier semestre de 2007 un niveau d'activité économique exceptionnellement robuste, bien plus que ne l'avait laissé prévoir le rapport Financement du développement dans le monde en début d'année (Banque mondiale 2007).
Au plan mondial, la croissance a fléchi de 3,9 % en 2006 à 3,6 % en 2007, un fléchissement à mettre principalement au compte des pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Ces pays ont vu leur PIB baisser de 0,3 point de pourcentage à 2,5 % en cours d'année. Le ralentissement a été plus prononcé aux ?tats-Unis, où la croissance est tombée de 2,9 % en 2006 à 2,2 % en 2007. Cette baisse tenait pour beaucoup aux répercussions directes de l'affaiblissement du marché du logement, avec une diminution rapide de l'investissement résidentiel et un resserrement des conditions d'accès au crédit pour les entreprises comme pour les consommateurs.
Pour les pays en développement, la croissance est restée ferme à 7,4 % en 2007, ce qui fait suite à un niveau d'activité également solide de 7,5 % en 2006, la vigueur continue des économies d'Asie de l'Est et du Sud étant à la base de ces résultats.
Abstraction faite de la Chine et de l'Inde, l'activité dans les pays à revenu faible ou intermédiaire a fléchi de 0,2 point de pourcentage à 5,7 % pour l'année.
Pour 2008, on s'attend à ce que la croissance mondiale se modère encore en raison d'un coût effectif du capital qui reste d'un niveau élevé pour les institutions financières comme pour les entreprises et les ménages. Aux ?tats-Unis, le faible niveau de demande devrait maintenir la croissance du PIB en dessous de 2 %, et celle-ci devrait continuer de faiblir en Europe et au Japon sous la charge supplémentaire causée par l'appréciation des monnaies.
On prévoit par ailleurs un fléchissement de la demande d'importations dans les pays de l'OCDE, du niveau soutenu de 6,8 % affiché en 2007 à 5,4 % en 2008, avec en corollaire une baisse de 1 point, à 11 %, du taux de progression des exportations dans les pays en développement, ainsi qu'un affaiblissement de leur rythme de la production, à 7,1 %. Mais on s'attend à une reprise en 2009 dans les pays de l'OCDE, le retour à la stabilité sur les marchés financiers devant contribuer à rétablir la confiance des consommateurs et des entreprises, dans le même temps où l'investissement résidentiel redémarrera après avoir passé le creux de la vague.
Globalement, on s'attend à ce que la croissance dans les pays en développement reste solide en 2008 ainsi qu'en 2009, en se maintenant à 7 % ou au dessus.
Les économies en développement
La première moitié de 2007 a été marquée par une accélération de la production industrielle dans l'ensemble des régions en développement, et notamment en Asie de l'Est, où le taux de progression d'une année sur l'autre a atteint 20 %. Une accélération de la production en Chine, ainsi qu'un essor analogue de l'activité en Indonésie (à 7,3 %) et en Thaïlande (à 6,0 %), a été en partie le fruit du secteur des hautes technologies et du redressement qu'il a amorcé au deuxième trimestre de l'année.
En Asie du Sud, le dynamisme persistant affiché par l'essor de la production a pour corollaire un taux de croissance à deux chiffres en Inde, qui est lui-même à mettre au compte d'un niveau soutenu de demande intérieure. Dans la région Amérique latine et Caraïbes, la production industrielle a atteint au deuxième trimestre un taux de croissance de 6,4 % (taux annuel corrigé des variations saisonnières), contre 2,4 % au premier trimestre.
Les solides résultats affichés par le Brésil (10 %), la Colombie (13 %) et le Mexique (5,5 %) ont compensé le fait que le rythme de progression de la production a faibli en Argentine et en Rep?blica Bolivariana de Venezuela.
Sous l'impulsion des grandes économies, notamment la Chine, l'Inde et la Fédération de Russie, la progression du PIB dans les pays en développement a atteint en moyenne 7,5 % (d'une année sur l'autre) au premier semestre de 2007, ce qui correspond au niveau record affiché en 2006. Du fait que ces pays ont été moins touchés que les pays à revenu élevé par les répercussions de la crise du subprime, le ralentissement de la croissance auquel on s'attend en 2008 devrait être moins prononcé pour eux.
Selon les prévisions, le rythme de progression de l'activité dans les pays en développement devrait fléchir de 7,4 % en 2007 à 7,1 % en 2008, et ce fléchissement devrait se faire sentir dans toutes les régions sauf le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord ainsi que l'Afrique subsaharienne, la hausse des revenus pétroliers expliquant en partie cela.
Pour les autres pays, le ralentissement tient pour l'essentiel à une moindre progression sur les marchés d'exportation, à une amélioration seulement graduelle de la conjoncture financière et à des pertes au niveau des termes de l'échange.
Bien qu'on prévoie un fléchissement supplémentaire de la croissance à 7 % pour 2009, le contexte mondial devrait permettre une décélération plus régulière de l'activité pour les pays et régions plus tributaires des échanges commerciaux, notamment l'Asie de l'Est et l'Amérique latine.
Asie de l'Est et Pacifique
Le PIB de la Région Asie de l'Est et Pacifique a progressé au rythme d'environ 10 % en 2007, soit son expansion la plus forte depuis 1994.
La croissance devrait ainsi dépasser 11 % en Chine.
Dans le reste de la région, la forte demande d'investissement a permis à l'Indonésie de gagner un point de croissance, avec un taux de 6,3 % en 2007 contre 5,5 % en 2006. L'inflation, qui était de 13 % en 2006, a été quasiment réduite de moitié et ramenée à 7 % en 2007 par suite du resserrement de la politique monétaire et de la suppression des subventions dans le secteur de l'énergie en 2006.
Le taux de croissance devrait rester de l'ordre de 6 %. La conjoncture semble également se redresser en Malaisie et aux Philippines, avec un taux d'activité approchant les 6 %, voire davantage, qui s'explique par l'assouplissement des politiques monétaires et l'accroissement de la demande extérieure de biens électroniques.
En revanche, elle a été plus modérée en Thaïlande, où elle a à peine dépassé 4 % pour l'année écoulée, ce résultat s'expliquant en partie par les troubles politiques et le fait que la reprise du secteur des produits de haute technicité tarde à faire sentir ses effets.
Si la Chine continue d'enregistrer une croissance à deux chiffres et si les autorités parviennent à atténuer la surchauffe de certains secteurs, la croissance du PIB en Asie de l'Est devrait décélérer progressivement pour s'établir à 9,7 % en 2008 et à 9,6 % en 2009. Dans de nombreux pays de la région, l'accroissement des exportations pourrait néanmoins piétiner, l'activité se ralentir, et la confiance des consommateurs diminuer, ce qui aurait pour effet de freiner quelque peu la progression du PIB en 2008.
Les conséquences des turbulences sur les places financières internationales devraient être minimes pour la plupart des économies d'Asie de l'Est. ? l'exception de la Chine, les institutions financières de la région ont peu investi directement dans des titres adossés à des créances hypothécaires (risques « subprime »).
Les économies de la Région Asie de l'Est et Pacifique abordent cette période plus agitée dans une position de force relative : les fondamentaux macroéconomiques se sont améliorés, le solde de la balance courante continue d'évoluer dans le bon sens, et les réserves augmentent rapidement. Plusieurs de ces économies suscitent cependant l'intérêt des investisseurs internationaux via des opérations de « carry trade ».
Dans l'hypothèse où les conditions sur les marchés parvenus à maturité se détérioreraient au point que les opérateurs se désengagent des classes d'actifs perçues comme risquées pour couvrir d'autres pertes, les décideurs craignent un débouclement des stratégies de carry trade sur le yen et les risques que cela comporte d'une forte chute des marchés boursiers locaux et d'une dépréciation rapide de la monnaie.
Les retombées éventuelles de ces turbulences sur les marchés financiers—en particulier un net tassement de la demande d'importations des ?tats-Unis et des pays européens—pourraient affecter tous les pays d'Asie de l'Est. La zone euro et les ?tats Unis représentent à eux deux 43 % du marché des exportations chinoises, et le Japon, 7,5 %.
Comme la Chine est en passe de devenir le centre d'assemblage final et d'acheminement vers leurs marchés de destination de biens fabriqués avec des pièces et des matériaux fournis par d'autres économies est-asiatiques (figure 1.10), le ralentissement de la demande d'importations des pays développés pourrait avoir un impact sur la région tout entière. Certaines économies d'Asie de l'Est pourraient être doublement touchées, en essuyant des pertes tant au niveau de la demande d'importations directes que de la demande d'importations indirectes.
Europe et Asie centrale
Dans la Région Europe et Asie centrale, le ralentissement de l'investissement et de la demande extérieure a freiné la croissance, qui est ressortie à 6,7 % en 2007 contre 6,9 % en 2006. Cette activité était tirée pour 4,6 points par la consommation privée, dopée par la forte expansion du crédit.
L'investissement, qui représentait 3,4 points de croissance en 2007, a été impulsé par les réformes publiques, le regain de confiance des entreprises lié à l'adhésion à l'Union européenne (UE) de plusieurs ?tats d'Europe centrale et orientale, et le maintien à un niveau élevé des prix du pétrole, qui ont alimenté le boom immobilier dans plusieurs pays de la Communauté des ?tats indépendants (CEI).
La baisse de la demande extérieure s'est confirmée durant la seconde moitié de 2007, avec la poursuite du fléchissement des exportations nettes, amputant la croissance de 2 %. L'inflation est en hausse dans plusieurs pays, sous l'effet de la demande intérieure qui continue de progresser à un rythme rapide, de l'accroissement des prix des carburants et des produits alimentaires (la sécheresse en Bulgarie et en Roumanie a encore aggravé la situation concernant ces derniers produits) et de la hausse des prix mondiaux des céréales.
La forte expansion du crédit dans la plupart des pays de la région contribue à la détérioration des soldes extérieurs en poussant à la hausse les prix sur les marchés des actifs, des biens et du travail. Des signes de surchauffe sont déjà manifestes en Bulgarie et dans les ?tats baltes, où le déficit extérieur, déjà important, s'est encore creusé.
Les conséquences pour la région de la crise du marché hypothécaire à risques des ?tats-Unis ont été jusqu'ici limitées. Les corrections en baisse opérées initialement au niveau des prix des actifs et des monnaies ont été depuis absorbées, et les spreads sur les obligations ont augmenté, mais dans une moindre mesure que sur les autres marchés.
La croissance du PIB régional devrait se ralentir pour ne plus être que de 6,1 % en 2008 et de 5,7 % en 2009. Compte tenu du resserrement des conditions de crédit international et du fléchissement de la demande extérieure, ce tassement de la croissance en 2008 devrait affecter la quasi-totalité de la région. Après la forte progression enregistrée récemment, la demande intérieure devait elle aussi se modérer quelque peu, la part de la consommation privée et de l'investissement dans le PIB se contractant de 0,2 % pour 2008.
Trois pays font figure d'exception dans ces prévisions de croissance pour 2008 : l'Albanie, la Hongrie et la Turquie. En Albanie, l'activité devrait se raffermir grâce à la demande intérieure qui continue de progresser rapidement et, en particulier, grâce aux investissements publics en augmentation. Ces investissements sont essentiels pour surmonter les problèmes considérables qui se posent au niveau des infrastructures, les pénuries d'électricité constituant aujourd'hui un frein sérieux à la croissance. En Hongrie et en Turquie, l'assouplissement, qui se poursuit, de la politique monétaire devrait renforcer la demande intérieure et stimuler ainsi la croissance.
La demande extérieure devrait redémarrer d'ici 2009 à la faveur de la reprise dans les pays de l'OCDE. Après avoir amputé le PIB de 2,2 % en 2008, les exportations nettes devraient rapporter 1,7 % de croissance en 2009.
Ce gain devrait être absorbé par le ralentissement plus marqué de la demande intérieure, en particulier des investissements dans les pays de la CEI, avec pour résultat une croissance de 5,7 % du PIB en 2009. Cette baisse attendue des investissements dans la CEI s'explique par l'achèvement des projets d'infrastructure dans le secteur des hydrocarbures qui ont soutenu les capacités de production et d'exportation ces dernières années.
Amérique latine et Caraïbes
Le PIB de la Région Amérique latine et Caraïbes a continué de croître pour la quatrième année consécutive, au rythme de 5,1 % en 2007. La production a augmenté de 5,3 % en moyenne sur la période 2005-07, soit deux fois plus vite qu'au cours des 15 années précédentes où elle progressait au rythme de 2,7 %.
Cette expansion récente a par ailleurs été diversifiée, profitant à toutes les sous-régions : Amérique du Sud, Amérique centrale et Caraïbes. Un environnement extérieur favorable, ainsi qu'une meilleure gestion macroéconomique, ont contribué à améliorer les paramètres fondamentaux de l'économie, à réduire la volatilité des indicateurs économiques et à maintenir une croissance durable.
Porté par la vigueur persistante de la conjoncture en Argentine, au Brésil, au Chili et en Rep?blica Bolivariana de Venezuela, le PIB régional a crû à un rythme accéléré de 5,9 % durant la première moitié de 2007. En outre, les turbulences qui ont agité le marché du crédit des ?tats-Unis au milieu de 2007 ont eu des effets, semble-t-il, limités jusqu'ici sur l'Amérique latine et les Caraïbes, et la récente reprise de la croissance permettra dans une certaine mesure de les atténuer.
Même si, à terme, l'atonie de la conjoncture aux ?tats-Unis pèsera sur les perspectives régionales, les pays semblent mieux préparés à absorber des chocs exogènes que durant les épisodes antérieurs de perturbations sur les marchés financiers.
Contrairement à ce que l'on a pu observer durant les périodes d'expansion précédentes—et les épisodes antérieurs de crise—la Région Amérique latine et Caraïbes affiche aujourd'hui une balance courante excédentaire et accumule d'importantes réserves de change. Il se pourrait que les progrès enregistrés ces dernières années soient suffisants pour amortir certaines retombées négatives des événements survenus aux ?tats-Unis.
Ainsi, au moment de la crise russe de 1998, le déficit de la balance courante de la région approchait 89 milliards de dollars, soit 4,4 % du PIB. En 2003, le solde courant est redevenu excédentaire, et, en 2006, la région affichait un excédent de plus de 46 milliards de dollars, équivalant à 1,6 % du PIB. La libéralisation du commerce et l'assouplissement des taux de change figurent parmi les mesures fréquemment citées comme ayant facilité cette amélioration des soldes extérieurs.
Après la robuste expansion enregistrée en 2007, on s'attend à ce que la croissance du PIB régional ralentisse pour ressortir à 4,5 % en 2008, puis à 4,3 % d'ici 2009. Cet atterrissage en douceur de l'activité régionale serait rendu possible par la vigueur persistante de la conjoncture brésilienne et le rebond de l'économie mexicaine après une performance plus terne en 2007. La croissance dans d'autres pays—en particulier, en Argentine et en Rep?blica Bolivariana de Venezuela—sera sans doute plus lente.
Exception faite de ces deux derniers pays, le PIB a progressé au rythme plus modéré de 4,4 % en 2007, contre 4,7 % en 2006. Cette tendance à la décélération devrait se poursuivre en 2008, avec un taux de croissance à 4,2 % dû à la faible demande d'importations des ?tats-Unis, mais ce taux devrait ensuite remonter à 4,3 % d'ici 2009. Si ces prévisions de croissance se confirmaient, elles représenteraient la période d'expansion la plus longue jamais enregistrée par la Région Amérique latine et Caraïbes depuis les années 60.
Malgré la détérioration progressive des soldes courants imputable à la stabilisation des prix des produits de base et à l'accroissement moins rapide de la demande mondiale, l'activité devrait rester forte, grâce au faible taux d'inflation (sauf en Argentine et en Rep?blica Bolivariana de Venezuela), aux politiques budgétaires plus rationnelles (en particulier au Mexique) et à la vigueur persistante des flux de capitaux (plus spécialement à destination du Brésil) qui soutiennent l'expansion continue de la consommation et de l'investissement.
Moyen-Orient et Afrique du Nord
Le niveau élevé des prix du pétrole a continué d'alimenter la croissance des pays exportateurs de pétrole de la Région Moyen Orient et Afrique du Nord, dans la foulée de l'accroissement de 5 % du PIB régional en 2006, le meilleur résultat des pays en développement de la région en dix ans.
Les prix du pétrole, qui ont culminé à près de 100 dollars le baril vers la fin de l'année et atteint en moyenne 71 dollars le baril en 2007, viennent renforcer davantage les recettes publiques, qui sont en partie affectées aux dépenses d'infrastructure dans les pays en développement exportateurs de pétrole (en particulier, l'Algérie et la République islamique d'Iran).
Dans le même temps, la vigueur de la reprise en Europe au cours de 2007 a soutenu l'activité économique des exportateurs diversifiés du Maghreb et du Mashreq, qui entretiennent des relations particulièrement étroites dans les domaines des échanges et des services avec les pays de la zone euro. Le PIB de la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord semble avoir bien progressé durant la première moitié de 2007 en affichant une expansion de 4,7 %, même si ce résultat est en léger retrait par rapport à 2006, en partie du fait de la sécheresse qui sévit à nouveau dans plusieurs pays du Maghreb, en particulier au Maroc.
Le gonflement des excédents des pays exportateurs de pétrole et l'existence de nouvelles possibilités d'investissement dans l'ensemble de la région ont propulsé les investissements étrangers directs (IED) vers de nouveaux sommets, soit plus de 24 milliards de dollars en 2006 équivalant à 3,4 % du PIB régional. Dans le même temps, la reprise observée sur les marchés locaux des actions est encourageante après les épisodes de surchauffe de l'économie durant la période 2004–5 et la stabilisation qui a suivi les récentes turbulences sur les places financières internationales, en ce sens qu'elle pourrait constituer une source plus importante et moins volatile de financement de la croissance régionale.
Les pays en développement exportateurs de pétrole de la Région Moyen Orient et Afrique du Nord ont affiché une croissance de 4,5 % en 2007, soit un demi-point de pourcentage de plus qu'en 2006. En effet, le PIB de la République islamique d'Iran a progressé de 5 % et la production algérienne a quasiment doublé par rapport au piètre résultat enregistré en 2006 (1,8 %). Les recettes tirées des hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) par les pays en développement exportateurs sont montées à 167 milliards de dollars pour l'année écoulée, soit 5,7 % ou 9 milliards de dollars de plus qu'en 2006. En revanche, les recettes d'exportation des pays à revenu élevé ont augmenté de 6 % pour atteindre 360 milliards de dollars, soit un résultat de 20 milliards supérieur à celui enregistré en 2006 .
Les pays exportant des produits diversifiés ont bien réagi, au plan commercial, à l'accroissement de la demande en Europe, et dans une certaine mesure à la dépréciation des monnaies locales par rapport à l'euro.
La croissance des exportations de biens et de services pour la Jordanie, le Maroc et la Tunisie considérés collectivement a fait un bond en avant pour atteindre 10,2 % durant l'année écoulée, tandis que la demande de la zone euro progressait de 2,5 %, ouvrant ainsi la voie à une croissance plus rapide de la production.
Dans le même temps, les exportateurs de produits textiles et de vêtements de la région, ainsi que de nombreux autres pays exportateurs à faible revenu et à revenu intermédiaire, se retrouvent confrontés au risque que constitue la levée prochaine des dernières barrières aux exportations chinoises de certains produits textiles et articles d'habillement.
Un certain nombre de facteurs devrait influer sur le profil de croissance de la région Moyen Orient et Afrique du Nord. Un relâchement de la demande des pays de l'OCDE est anticipé pour 2008, même s'il pourrait aller de pair avec un nouveau raffermissement des prix mondiaux du pétrole du fait de la vigueur persistante de la demande émanant des marchés émergents. Cette évolution devrait profiter pendant un certain temps aux exportateurs de pétrole et soutenir une croissance régionale de 5,4 %.
? la faveur de l'amélioration de l'environnement mondial d'ici 2009, la Région Moyen Orient et Afrique du Nord devrait être en mesure de maintenir la trajectoire globale de croissance amorcée en 2008 pendant encore plusieurs années. Les économies de la région étant disparates, la situation domestique variera nettement d'un pays à l'autre, de même que les efforts de réforme, qui viseront le plus souvent à stimuler le secteur privé ou l'activité autre que pétrolière.
Les tensions liées à la poursuite du conflit en Iraq, l'instabilité qui caractérise les pays du Levant, et les différends internationaux avec la République islamique d'Iran tendront à peser sur la confiance des investisseurs régionaux et mondiaux, et tout exercice de prévision concernant la région devrait tenir compte de ces facteurs de risque.
Asie du Sud
En Asie du Sud, la croissance du PIB régional est restée dynamique en s'établissant à 8,4 % pour 2007, même si ce résultat traduit un léger recul par rapport à la performance exceptionnelle (8,8 %) de 2006. La production industrielle et la croissance du PIB sont tirées par la forte demande intérieure, la consommation privée et l'investissement contribuant pour 4 points chacun à la croissance du PIB sur l'année.
L'expansion du crédit, la hausse des revenus, et le niveau élevé des envois de fonds des travailleurs émigrés soutiennent la consommation privée, tandis que le regain d'optimisme des milieux d'affaires—tant étrangers que nationaux—et l'accroissement des bénéfices des sociétés donnent un nouvel élan à l'investissement. Malgré le resserrement de la politique monétaire et les progrès enregistrés par plusieurs pays sur le front de l'assainissement des finances publiques, la demande intérieure s'accélère sous l'impulsion des réformes entreprises ces dernières années.
En outre, le durcissement des politiques publiques a eu pour effet d'atténuer les pressions inflationnistes durant la première moitié de 2007 dans les économies de la région d'une taille relativement plus importante, à savoir l'Inde et le Pakistan. Il n'en reste pas moins que l'inflation pourrait redémarrer, dans la mesure où la hausse des prix de l'énergie et les pressions qui s'exercent pour faire monter les prix des denrées alimentaires n'ont pas encore été entièrement répercutées sur les prix aux consommateurs.
Le solde courant s'est détérioré dans plusieurs pays en 2007, avec un déficit atteignant près de 5 % du PIB au Pakistan et à Sri Lanka et environ 2 % en Inde. Le déficit de la balance courante du Pakistan, qui s'est creusé d'un montant équivalant à plus de 5 points de pourcentage du PIB au cours des quatre dernières années, est préoccupant.
En Inde, le resserrement de la politique monétaire et les apports massifs de capitaux ont entraîné durant l'année écoulée une appréciation substantielle de la roupie qui, à la fin novembre, s'échangeait au taux de Rs 39,30 pour un dollar, soit son plus haut niveau en près de dix ans. La volatilité accrue du marché international du crédit durant la deuxième partie de 2007 a eu initialement pour effet de faire chuter les cours des actions en Inde et au Pakistan. Depuis, ces deux pays ont cependant recouvré leurs pertes, et les rendements restent largement positifs pour l'ensemble de l'année.
En monnaie nationale, les marchés des actions affichaient une progression de 36 % en Inde (50 % en dollars) et de 20 % au Pakistan (19 % en dollars) à la fin de novembre 2007. Le resserrement des conditions de crédit, un marché plus volatil, le risque accru de récession aux ?tats-Unis et le ralentissement de la croissance dans les pays de l'UE exerceront des pressions à la baisse sur les exportations régionales avant que la situation ne commence à s'améliorer en 2009. Parallèlement, la concurrence accrue de la Chine sera un facteur déterminant du profil de croissance des exportations pour les prochaines années, et une hausse supplémentaire de 18 % des prix du pétrole brut en 2008 contribuera à la forte détérioration des soldes extérieurs.
Dans l'ensemble, ces facteurs devraient entraîner un ralentissement de l'activité régionale qui tomberait à 7,9 % en 2008 contre 8,4 % en 2007. Si l'on en croit les prévisions, la croissance devrait redémarrer pour atteindre 8,1 % en 2009, à la faveur de la reprise de la demande extérieure et de l'allègement de la facture pétrolière résultant de la modération des prix du pétrole importé. La demande domestique devrait se redresser en 2009, à supposer que les chiffres de l'inflation permettent d'assouplir quelque peu la politique monétaire durant la seconde moitié de 2008.
Afrique subsaharienne
La croissance en Afrique subsaharienne devrait rester dynamique comparée aux résultats passés et se maintenir à un niveau proche de 6 % à partir de 2007 jusqu'à la fin de 2009, nonobstant le ralentissement de la demande aux ?tats-Unis et dans les pays de la zone euro. Le PIB a continué de croître à un rythme rapide en 2007, avec une production en hausse de 5 % durant la première moitié de l'année et un rythme d'expansion qui devrait atteindre 6,1 % pour l'ensemble de l'année. Ce résultat fait suite à la robuste performance de 2006 (5,7 %) rendue possible par les gains majeurs engrangés par les pays de la région exportateurs de pétrole et l'Afrique du Sud.
La demande et les prix mondiaux des produits de base ont évolué à la hausse ces dernières années, en particulier sous l'impulsion de l'économie chinoise qui continue de croître à un rythme vigoureux. L'Afrique subsaharienne est l'une des rares régions où l'offre a fortement augmenté suite au renchérissement des prix du pétrole et où la production de brut a progressé de 14,3 % en 2004, de 7,6 % de plus en 2005, et de 8,1 % en 2006 (si l'on exclut le Nigéria, dont les installations de production ont été mises à l'arrêt à plusieurs reprises).
Le renforcement de la stabilité macroéconomique, tout comme la reprise des investissements domestiques et étrangers, contribue également à soutenir la croissance. Les allègements de dette consentis ces dernières années ont permis de libérer des ressources budgétaires pour financer des programmes d'infrastructure et de protection sociale.
Une caractéristique commune à toutes les économies est que les dépenses d'équipement consacrées aux secteurs des transports, des télécommunications et de la construction ont considérablement augmenté. En outre, de nombreuses zones de la région touchées par la sécheresse se sont relevées et affichent désormais de meilleurs résultats agricoles et une croissance plus vigoureuse, et le niveau élevé des prix des produits de base non pétroliers depuis plusieurs années a un impact sur les revenus qui stimule la consommation privée.
Les récentes turbulences sur les marchés financiers internationaux ont entraîné une légère dépréciation du rand sud-africain par rapport au dollar ; cette dépréciation a néanmoins suivi une période d'appréciation de la monnaie sud-africaine, résultant de l'afflux anticipé des capitaux liés aux activités de fusion et d'acquisition. La faiblesse du dollar des ?tats-Unis a eu pour effet de ramener le taux de change effectif nominal du rand à son niveau de juillet, ce qui correspond à une dépréciation de 11,2 % sur les dix premiers mois de l'année.
On ne relève encore aucun signe d'effervescence en matière de cession d'actifs sud-africains, et les perspectives de croissance intérieure ne semblent guère affectées concrètement par cette évolution. La croissance régionale pour la période 2008–09 sera principalement impulsée par la forte demande intérieure ; cela étant, l'Afrique du Sud, véritable moteur de l'activité régionale, verra la demande privée se ralentir par suite du relèvement des taux d'intérêt et de l'érosion des revenus réels qui freineront les dépenses réelles. Le net fléchissement du revenu des exploitants agricoles dans les pays touchés par les récentes inondations pèsera dans un premier temps sur la croissance et la consommation privée en particulier ; les transferts et les aides de l'?tat et des donateurs pourraient néanmoins atténuer certains de ces effets.
L'investissement devrait rester vigoureux, malgré le durcissement des conditions de crédit et la baisse des prix des produits de base, en partie grâce aux investissements stratégiques d'envergure effectués par certaines économies en développement en pleine expansion, comme la Chine et l'Inde. Il convient à cet égard de noter le projet d'exploitation du gisement de charbon de Moatize au Mozambique, qui a représenté un investissement de 1,44 milliard de dollars pour la première moitié de 2007. Madagascar attire également d'énormes investissements.
Dans ces conditions, le PIB de l'Afrique subsaharienne devrait continuer de croître à un rythme soutenu de plus de 6 % jusqu'à la fin de 2008, avant de revenir à un taux d'expansion de 5,8 % en 2009 une fois que les pays exportateurs de pétrole auront quelque peu réduit leur production pour s'adapter à l'évolution de la situation internationale.
Pays à revenu élevé
Parmi les pays membres de l'OCDE, les premiers trimestres de l'année 2007 ont semblé augurer une croissance plus volatile.
Le PIB des ?tats-Unis a nettement fléchi au premier trimestre, pour se ressaisir au cours des deux trimestres suivants à 3,8 % et 4,9 %, respectivement, sous l'effet d'un niveau soutenu d'investissement des entreprises au deuxième, d'un taux étonnamment fort de demande des consommateurs et de constitution de stocks au troisième, et d'une très bonne tenue des exportations nettes sur l'ensemble des deux trimestres.
Mais les données à haute fréquence font ressortir une croissance plus faible de la consommation au quatrième trimestre, et on s'attend pour l'ensemble de l'année à une progression de 2,2 %, soit 0,7 point de pourcentage de moins qu'en 2006.
En revanche, le Japon et la zone euro ont maintenu un rythme de croissance favorable au premier trimestre, avec des niveaux de confiance des entreprises sans précédent, mais affiché au deuxième des résultats décevants. En Europe, un recul des dépenses d'investissement des entreprises a amputé de plus de moitié la progression réalisée par le PIB au trimestre précédent ; au Japon, la croissance a fait place à un déclin sous l'effet d'un affaissement de l'investissement fixe.
Pour le troisième trimestre, les résultats affichés par les économies européennes constituent une surprise à la hausse, la croissance étant revenue à un niveau favorable de 2,9 %. Cette croissance du PIB a été largement répartie dans l'ensemble des pays mais, dans le cas de la France et de l'Allemagne, une reprise de l'investissement des entreprises, de la constitution de stocks et des dépenses de consommation en a été l'élément moteur.
L'économie japonaise elle-même s'est quelque peu ressaisie au troisième trimestre, affichant une progression de 1,5 % après avoir décliné de 1,8 % au trimestre précédent, ce qui est à mettre au compte d'une amélioration marquée des exportations nettes et d'une légère reprise des dépenses des ménages. Pour l'ensemble de l'année 2007, les économies européennes devraient afficher une forte croissance de 2,7 %, éclipsant ainsi les ?tats-Unis pour la première fois depuis plus de dix ans, et la croissance de l'économie japonaise devrait s'établir à 2 %.
Aux ?tats-Unis, on s'attend à ce que la croissance du PIB faiblisse encore en 2008, pour tomber à 1,9 %. Des difficultés persisteront en cours d'année sur le marché des billets de trésorerie, qui est pour la majorité des entreprises américaines leur source de fonds de roulement, et cela se traduit implicitement par une hausse du coût effectif des fonds à court terme, en dépit d'une réduction cumulative de 100 points de base des fonds fédéraux entre septembre et décembre, qui a ramené le taux en question à 4,25 %.
Une reprise est attendue pour 2009, avec un taux de croissance de 2,3 % à mettre au compte d'une stabilisation des marchés financiers et d'une relance des dépenses des entreprises et des ménages. Au niveau extérieur, on s'attend à une baisse du déficit courant américain sous l'effet d'un affaiblissement de la demande intérieure et d'un renforcement des résultats à l'exportation (lui-même dû en partie à un sensible fléchissement du dollar et à une demande toujours soutenue de la part des marchés émergents). De son niveau record de 6,6 % du PIB, établi en 2006, le déficit devrait ainsi retomber aux alentours de 5 % en 2009.
L'inflation devrait se modérer aux alentours de 2,5 %, ce qui fait pendant au ralentissement de la croissance, tandis que l'épargne des ménages pourrait tendre pour la première fois depuis plusieurs années vers une situation positive. L'évolution de la situation aux ?tats-Unis devrait influer sur celle du Japon non seulement parce que celui-ci est tributaire des échanges commerciaux comme source de croissance, mais aussi du fait que l'investissement des entreprises est sensible aux coûts du capital à long terme. Ce dernier point est d'une importance particulière dans le contexte du Japon et de son expérience en matière d'opérations de « carry trade du yen » 1.
Comme ce type de transaction peut éventuellement se dénouer rapidement, les montants en monnaie locale servant alors à racheter des yens, une appréciation substantielle de la monnaie pourrait avoir un effet préjudiciable sur les exportations, la production et les revenus. On s'attend à ce que la croissance de l'économie japonaise tombe à 1,8 % en 2008, pour remonter à 2,1 % en 2009.
Dans la zone euro, les dépenses des ménages subissent encore les effets de la hausse de la taxe sur la valeur ajoutée intervenue en janvier 2007 en Allemagne, et ce en dépit du fait que le chômage en Europe est tombé en septembre à 7,3 %, ce qui constitue son plus bas niveau depuis l'instauration du recensement de ces données, en 1993. L'investissement des entreprises continue à suivre de près l'évolution des résultats à l'exportation, lesquels se sont dégradés en fin d'année sous l'effet notamment de l'appréciation de l'euro et du ralentissement de la demande américaine. Compte tenu de l'affaiblissement des exportations et de la baisse de l'investissement des entreprises, on s'attend à ce que la croissance du PIB tombe à 2,1 % en 2008, pour se redresser à 2,4 % en 2009.
Les banques, le brut et... l'emploi, par Fabio lo Verso.
L'année 2008 commence avec un nouveau souci : l'économie du travail est en recul dans les pays industrialisés. Aux Etats-Unis, en décembre 2007, le rythme de création d'emplois a été le plus faible depuis l'invasion de l'Irak, en 2003, et l'éclatement de la bulle internet, trois ans auparavant. En Europe et au Japon, il a stagné tout au long de l'année dernière. La crise des subprimes, ces crédits immobiliers à haut risque accordés aux ménages les moins solvables, n'est pas étrangère à ce ralentissement. Ses effets se sont fait singulièrement sentir au cours du dernier trimestre 2007. Le Monde rappelle, dans son édition de dimanche, que l'emploi avait jusque-là été « épargné ». Mais il était inévitable que les travailleurs paient les pots cassés.
Chaque crise mondiale se solde à l'arrivée par un rétrécissement des acquis des salariés. Les soubresauts économiques et financiers modifient subrepticement la réalité de l'emploi. Deux effets sont constatés : la pression sur les salaires s'accentue et la précarité se généralise.
En Allemagne, locomotive européenne, ces cinq dernières années, plus de six millions de salariés sur trente millions ont dû diminuer leur durée de travail à quinze heures par semaine. Et accepter une rémunération mensuelle de 400 euros ! Aux Etats-Unis, les petits boulots mal payés se multiplient à une vitesse inédite. Au Japon, environ un tiers des emplois sont précaires. Et lorsque l'économie reprend des couleurs, l'érosion salariale n'est compensée qu'en partie. La croissance va davantage rémunérer le capital que les travailleurs. Cette tendance a été relevée par le très libéral Fonds monétaire international (FMI) dans son dernier rapport intitulé Mondialisation et inégalités. Perspective de l'économie mondiale.
Selon l'institut, la part de richesse qui devrait aller aux salaires a considérablement baissé dans les pays occidentaux. Le recul atteint 10% en Europe et au Japon. En France, ce sont environ 200 milliards d'euros qui sont partis dans les circuits financiers, au lieu d'être distribués aux travailleurs.
Cet effet pervers s'explique généralement par l'affaiblissement syndical. En période de crise, les patrons veulent baisser les salaires. En face, la résistance n'a visiblement pas été très efficace. Or, les économistes sont de plus en plus enclins à penser que la crise des subprimes s'amplifiera en 2008. Les emplois et les salaires semblent condamnés à un dernier tour de vis. Et celui-ci sera probablement plus sévère après l'envolée des cours du pétrole. La flambée du brut menace une poussée inflationniste et gêne les banques centrales dans leur tentative de limiter la crise des subprimes par la baisse des taux d'intérêts.
A cela s'ajoute le ralentissement attendu de la consommation, principal moteur de la croissance des pays industrialisés. C'est un cocktail explosif qui mijote dans le chaudron de l'économie globalisée. Le choc pourrait être encore plus dévastateur pour l'emploi. Au-delà des ménages ruinés par les subprimes, c'est l'alerte principale à retenir pour cette nouvelle année.
Fabio lo Verso
Le Courrier, lundi 7 Janvier 2008.
Krach 2008 ?
L'annonce par la Réserve fédérale (Fed) d'une baisse importante de ses taux d'intérêt parviendra-t-elle à éviter une récession aux Etats-Unis et à éloigner le spectre d'un krach mondial ? De nombreux experts le croient. Ils redoutent au plus une réduction du rythme de la croissance.
Mais d'autres analystes, adeptes pourtant du capitalisme, se montrent très inquiets. Ainsi, par exemple, en France, M. Jacques Attali prophétise que « bientôt (...) la Bourse de New York, caution de la pyramide des emprunts, s'effondrera » ; M. Michel Rocard n'hésite pas à renchérir : « J'ai la conviction que ça va bientôt exploser . »
Il faut dire que les signes de méfiance se multiplient. En témoigne l'actuelle « ruée vers l'or ». Le métal jaune – dont les cours, en 2007, ont progressé de 32 % ! – reprenant son rôle de valeur refuge. Tous les grands organismes économiques, dont le Fonds monétaire international (FMI) et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), prévoient une baisse de la croissance mondiale.
Presque tout a commencé en 2001 avec l'éclatement de la bulle Internet. Pour préserver les investisseurs, M. Alan Greenspan, président de la Fed, décide alors d'orienter les investissements vers l'immobilier. Par une politique de taux très bas et d'abaissement des frais financiers, il encourage les intermédiaires financiers et immobiliers à inciter une clientèle de plus en plus large à investir dans la pierre. C'est ainsi qu'est mis au point le système des subprime, crédits hypothécaires à risque et à taux variable consentis aux ménages les plus fragiles . Mais lorsque, en 2005, la Fed augmente les taux directeurs de l'argent (ceux-là mêmes qu'elle vient de baisser), elle détraque la machine et déclenche un effet domino qui, à partir d'août 2007, fait vaciller le système bancaire international.
La menace d'insolvabilité de quelque trois millions de ménages, endettés pour environ 200 milliards d'euros, entraîne la faillite d'importants établissements de crédit. Pour se prémunir contre ce risque, ceux-ci avaient vendu une partie de leurs créances douteuses à d'autres banques, lesquelles les avaient cédées à des fonds d'investissement spéculatifs qui les ont à leur tour disséminés. Résultat : comme une épidémie foudroyante, la crise atteint l'ensemble du système bancaire.
D'importants établissements financiers – Citigroup et Merrill Lynch aux Etats-Unis, Northern Rock au Royaume-Uni, Swiss Re et UBS en Suisse, la Société générale en France, etc. – ont fini par reconnaître des pertes colossales. Pour limiter la casse, plusieurs d'entre eux ont dû accepter des capitaux provenant de fonds souverains contrôlés par des puissances du Sud et des pétromonarchies.
Nul ne connaît encore l'ampleur exacte des dégâts. Depuis août 2007, les banques centrales américaine, européenne, britannique, suisse et japonaise ont injecté dans l'économie des centaines de milliards d'euros sans parvenir à restaurer la confiance.
De l'économie financière, la crise s'est propagée à l'économie réelle. Et une conjonction de facteurs – baisse accélérée des prix de l'immobilier aux Etats-Unis (mais aussi au Royaume-Uni, en Irlande et en Espagne), dégonflement de la bulle des liquidités, chute du dollar, restriction des crédits – fait craindre, en effet, un net recul de la croissance mondiale. A cela s'ajoutent d'autres phénomènes comme la hausse des prix du pétrole, des matières premières et des produits alimentaires. Soit les ingrédients d'une crise durable . La plus importante depuis que la globalisation constitue le cadre structurel de l'économie mondiale.
Son issue réside désormais dans la capacité des économies asiatiques à relayer le moteur américain. Il s'agirait alors d'une nouvelle manifestation du déclin de l'Occident, présageant le déplacement prochain du centre de l'économie-monde des Etats-Unis vers la Chine. A ce titre, cette crise marquerait la fin d'un modèle.
Ignacio Ramonet
Le Monde diplomatique


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