Le gouvernement a renforcé la législation antiterroriste du Royaume en adoptant jeudi un projet de loi sur la lutte contre le jihadisme en Syrie et en Irak, notamment dans les rangs de l'organisation Etat islamique (EI). «Le projet de loi a été adopté en conseil de gouvernement dans le but de protéger nos jeunes, de les empêcher de se rendre dans des zones de guerre», a dit le ministre de la Justice, à l'issue du Conseil de gouvernement. «Toute personne qui cherche à rejoindre ces zones dangereuses sera poursuivie», a-t-il souligné. Plus d'un millier de Marocains combattent ou ont combattu ces derniers mois en Syrie et en Irak, et ce chiffre atteint même près de 3.000 en incluant les binationaux. Alors que la législation antiterroriste du Maroc remonte au lendemain des attentats de Casablanca, en 2003, ce projet de loi vise à adapter l'arsenal juridique marocain à la nouvelle donne. Il comprend un nouvel article du code pénal prévoyant des poursuites contre quiconque «se rallie ou tente de se rallier individuellement ou collectivement (...) à des entités, organisations, bandes ou groupes terroristes», «même si les actes terroristes ne visent pas à porter préjudice au Maroc ou à ses intérêts». Le fait de prodiguer ou de recevoir une formation en vue de «commettre un acte de terrorisme» est aussi ciblé. Un amendement au code de procédure pénale permet, lui, «de poursuivre également les terroristes étrangers» présents sur le sol marocain. Les peines encourues sont de cinq à 15 ans de prison, avec des amendes allant de 4.500 à 500.000 euros, voire davantage dans le cas d'une «personne morale». Certaines informations, non confirmées par ailleurs, font état de demande par le Maroc à la Turquie d'imposer des visas pour les ressortissants du royaume arrivant dans ce pays frontalier de la Syrie. Interrogé par la presse, le ministre et porte-parole du gouvernement n'a pas confirmé, faisant valoir que ce sujet n'avait «pas été discuté» en conseil de gouvernement. Le Maroc a annoncé le démantèlement de plusieurs «cellules terroristes» au cours des derniers mois. Il dit craindre que des jihadistes marocains profitent de «l'expérience» acquise à l'étranger pour commettre des attentats dans leur pays. A ce jour, «plus de 200 Marocains» ayant rejoint l'EI ont été arrêtés à leur retour au royaume, selon des sources officielles.