Souhaiter aux travailleurs marocains, à l'occasion du 1er mai, un bien meilleur gouvernement que l'actuel est le seul vœu raisonnable que l'on pouvait leur adresser cette année. Les syndicats représentatifs ont boudé cette célébration, outrés du peu de cas fait des revendications de la classe laborieuse, alors que le chef de gouvernement éructe des invectives sous la coupole du parlement dévoilant à l'opinion publique nationale qu'islamiste et indécent n'étaient pas antinomiques. C'est la seule parade qu'il a pu trouver pour éviter de répondre aux questions qui taraudent les Marocains. Ces derniers ont d'ailleurs célébré la fête des travailleurs en encaissant une nouvelle hausse du prix du carburant, la deuxième en un mois. Le 1er mai 2015 n'a pas été festif comme il se doit, mais triste et morose. D'habitude, les centrales syndicales joignent, en cette occasion, l'utile à l'agréable. Célébrer la journée de ceux qui créent véritablement les richesses, tout en militant pour qu'ils puissent avoir la part qu'ils méritent de celles-ci. Benkirane et compagnie ont gâché cette fête en écoutant les représentants des travailleurs, sans entendre leurs revendications, en sapant le pouvoir d'achat des travailleurs, sans leur offrir la moindre alternative. Et ce, en faisant l'impasse sur la question cruciale de l'emploi, au moment où le taux de chômage frise le dixième de la population active. Une fête de travail sans travailleurs pour un1er mai morose dans un climat tendu entre les centrales syndicales réellement représentatives et le pouvoir exécutif. Benkirane peut constater les dégâts de son entêtement politique et sa catastrophique gestion socio-économique. Quand, ailleurs à travers la planète, dirigeants politiques et représentants des travailleurs se concertent et collaborent pour aller de l'avant, avec pour soucis premiers l'amélioration du niveau de vie des citoyens et la compétitivité du tissu productif, le gouvernement Benkirane II, en attendant le troisième du nom, a adopté une politique de terre brûlée, à travers une stratégie de confrontation tout azimut aussi stupide que stérile. Que d'énergies dilapidées en de vaines passes d'armes sur la scène politique, que d'opportunités ainsi gâchées, dont les classes sociales les plus défavorisées sont les premières à subir le manque à gagner. C'est l'échec retentissant de la politique Benkirane auquel les Marocains assistent, frustrés. Plus personne n'est dupe du caractère ultralibéral du gouvernement Benkirane, qui excelle dans le démantèlement des acquis sociaux des travailleurs et l'appauvrissement des classes moyennes, confondant orthodoxie religieuse et financière. Les subventions aux produits de première nécessité ? « Hérésie » car non conforme à la doxa libérale ! Le renchérissement du coût de la vie ? Telle est la volonté du sacro-saint marché, dont la main invisible, mais non moins « divine »,supplée largement au gouvernement. A croire que ce sont les institutions du Bretton Woods, FMI et Banque mondiale, qui ont élu le parti islamiste PJD à la tête de l'exécutif et c'est, donc, leur satisfecit, plutôt que celui des Marocains, que Benkirane et compagnie cherchent à gagner. Sacré coup porté à notre toute jeune démocratie. Résistance aux couleurs vivaces de l'union syndicale L'Union Générale des Travailleurs du Maroc, qui porte bien ses 55 ans, est lié au parti de l'Istiqlal et ce n'est pas un secret. L'idéal en partage est celui de l'égalitarisme. La démarche spécifique est celle de l'unification du mouvement syndicaliste marocain. Avec la Fédération Démocratique du Travail, l'UGTM a décidé de faire front commun, à commencer par le boycott du défilé du 1er mai. La manière adéquate de transmettre le message aux différents destinataires. Tout le monde doit savoir que le gouvernement fait la sourde oreille aux légitimes revendications de la classe ouvrière, même s'il fait mine d'écouter. Personne ne doit, non plus, ignorer que les centrales syndicales susmentionnées refusent de créditer pareil comportement d'une légitimité qu'il aurait lui-même sabordé. Autant pour la réforme de la Caisse de compensation que celle des retraites, Benkirane et compagnie font comme si le dialogue social est juste fait pour amuser la galerie ! Il fût un temps où les membres du PJD ont pu faire croire à une partie de l'électorat marocain qu'ils étaient porteurs de réponses à ses attentes. Ce temps là est révolu, les Marocains ont eu tout le déplaisir de constater de visu qu'il n'en était rien. Il fût une époque où les islamistes du PJD se posaient en champion du rejet des modèles importés. Une fois au pouvoir, ils se sont empressés d'appliquer, à la virgule près, les politiques antisociales que leur ont dictées FMI et Banque mondiale, symboles par excellence de la finance internationale totalement déshumanisée. La hawla wala quwata illa bi Allah ! Il n'y a ni force ni pouvoir en dehors d'Allah ! Mais il n'est pas question de se laisser faire. La jeune démocratie marocaine a ses élites et ses masses pour la défendre. Et les travailleurs, ont leurs syndicats militants. Le plus indiqué, pour les Marocains, leur gouvernement et leurs représentants politiques et syndicaux, aurait été de collaborer dans l'intérêt de la collectivité. Benkirane et compagnie ne l'ont pas voulu ainsi. Il y a, bien sûr, toujours moyen de procéder autrement pour faire comprendre aux tenants du pouvoir exécutif qu'ils sont dans l'erreur et qu'il est exclu de les laisser y enfoncer encore plus le Maroc et les Marocains. Sauf qu'il faudrait être issu de la matrice du mouvement national, s'être abreuvé de ses hautes valeurs et inspiré de ses illustres fondateurs, pour être en capacité d'en mesurer la force intérieure, appuyés sur de solides ressorts dans les milieux populaires. La Résistance, c'est ce que savent le mieux faire les Istiqlaliens, pas la peine de préciser pourquoi. Ils ont appris, de génération en génération, à faire des choix difficiles et les assumer. Car, le licite est bien défini et l'interdit est bien défini. Pendant ce temps, au PJD, on semble avoir pris goût aux différentes nuances du gris...