Le nouveau président du Nigeria, Muhammadu Buhari, qui prend ses fonctions demain vendredi, devra répondre à des attentes gigantesques de plus de 173 millions d'habitants du pays le plus peuplé d'Afrique à savoir : la chute des cours du pétrole et une pénurie de carburants sans précédent, la première économie du continent est quasiment paralysée. Le Congrès progressiste (APC) de M. Buhari accuse le président sortant Goodluck Jonathan et son administration de sabotage délibéré et estime que jamais dans l'histoire (du Nigeria) un gouvernement quelconque n'a transmis à un autre gouvernement un pays aussi sinistré. Pas d'électricité, pas de carburant, des travailleurs en grève, des milliards dûs aux fonctionnaires régionaux et fédéraux, 60 milliards de dollars de dette nationale, et l'économie est pratiquement à terre, a énuméré le porte-parole de l'APC, Lai Mohammed. Premier producteur de pétrole d'Afrique, le Nigeria connaît depuis des années des coupures de courant quotidiennes, obligeant les entreprises à utiliser des générateurs que certaines, comme les banques et les opérateurs de téléphone mobile, ne peuvent plus alimenter à cause d'une crise des carburants qui dure depuis des semaines, ce qui les contraint à cesser ou réduire leurs activités. Mais la rue maintient sa confiance à M. Buhari, connu pour sa poigne de fer lors de son court passage au pouvoir dans les années 1980, pour remettre le pays sur pieds. Le gouvernement de Jonathan est responsable de ce désordre, c'est un fait, considère Mulikat Bello, marchand de riz trentenaire du quartier d'Adgege, un faubourg de Lagos. On sait que Buhari est capable. Il a déjà (remis de l'ordre) avant. L'administration de (Shehu) Shagari avait détruit l'économie avant le coup d'Etat de Buhari, en décembre 1983. Quand M. Buhari dirigeait le pays, durant ses 15 mois de dictature militaire il y a 30 ans, il a mené une guerre sans merci contre l'indiscipline et la corruption, s'attirant les foudres des défenseurs des droits de l'Homme. Il a promis de se comporter différemment aujourd'hui, le pays ayant depuis tourné la page des dictatures militaires, en 1999, pour un régime démocratique. Pendant la campagne électorale, l'homme de 72 ans a prévenu les Nigérians qu'il fallait tempérer les attentes de ceux qui pensent que des miracles vont se produire. Mais parmi les plus de 173 millions d'habitants du pays le plus peuplé d'Afrique, le 29 mai, jour de son investiture, revient sur toutes les lèvres comme la date où tous les maux seront résolus.