Les films ne constituent pas tous des produits artistiques mais sont tous des documents. Le film le plus médiocre ou le plus insignifiant peut revêtir un caractère documentaire primordial relatif à l'époque et lieux qui ont vu sa réalisation. Les films qui sont réalisés en série pour satisfaire un gout public reflètent son gout, ses penchants et ses tendances à une période donnée, dans un climat idéologique et politique précis. Alors les films de fiction comme les films documentaires deviennent les témoignages visuels d'une époque historique révolue. Dans les temps actuels, on peut se demander avec stupéfaction comment l'homme, doté d'un grand sens de la conservation, nourri d'une tradition ancestrale dans le domaine de la conservation, a-t-il dédaigné de conserver les films, dans bien des cas, de la manière la plus adéquate de la même façon qu'on conserve les livres et autres documents écrits? Cette indifférence montre peut-être que la conservation des films se heurte à des difficultés matérielles insurmontables. Cette observation s'établit pour les pays à grande tradition cinématographique comme pour les modestes cinématographies. Tous ces pays sont appelés aujourd'hui à protéger le patrimoine filmique au poins national qui constitue une partie de l'Histoire et de la culture et, à coup sûr, participeront à l'édification et à l'évolution de la civilisation humaine. Tout ce qui est filmé à travers la caméra doit être conservé. Peu importe si ce film a réalisé un succès public ou pas, s'il a été conçu par un professionnel ou un vulgaire amateur. Chaque film est témoin de son temps et susceptible de constituer un document de référence. Le navet d'aujourd'hui revêtira une importance historique demain. Qui sait? De là vient l'idée de conserver tout ce qui a trait au film (support, affiche, photogrammes, coupures de presse...), sans distinction aucune et laisser au temps de régler ses propres priorités. A ce niveau, on peut considérer que les recommandations de l'UNESCO sont venues avec beaucoup de retard. Elles n'ont été arrêtées par l'Assemblée Générale qu'en 1975 et spécifient que les Etats-membres sont tenus de prendre les dispositions juridiques et techniques pour conserver les films. Tout le monde était convaincu alors que le film, en tant qu'élément de diffusion et de connaissances culturelle, esthétique, scientifique, sociologique et historique, est menacé continuellement dans son existence. Cependant, malgré le retard enregistré quant à la promulgation de ces recommandations, elle coïncide avec la naissance et le développement de nouvelles cinématographies qui ont leur importance dans la consignation des empreintes de civilisation dans divers endroits; car les générations futures ne nous pardonneront jamais notre dédain envers l'image et son impact historique. Quant au film documentaire, ce genre englobe plusieurs sortes de films qui convergent vers le même but parfois, et divergent pour d'autres. Il y a des films qui se contentent d'enregistrer la réalité pour un but purement documentaire, une catégorie s'intéresse à l'exploration et la découverte des phénomènes comme d'autres pour la dénonciation des défaillances sociales. Or tous ces films revêtent une importance historique et participent, d'une manière simple et efficace, à la diffusion des connaissances. Et si ce n'est la détermination et le dévouement de certains cinéastes, ce genre de films aurait disparu définitivement de notre champ audiovisuel. Le film documentaire est en quelque sorte la poésie en comparaison avec la littérature. Il repose sur la précision et la clarté de l'expression dans un temps déterminé. Le cinéma est le moyen le plus sur pour transmettre les connaissances et le savoir à ceux qui les sollicitent. Il marque plus d'influence sur l'esprit et l'âme que par la parole radiodiffusée ou écrite. Car l'image et l'image animée en particulier, a un extraordinaire effet sur l'homme quelles que soient sa culture et sa civilisation et indépendamment de son milieu social.