On ne va pas répéter tout ce qui a déjà été dit à propos du plan solaire marocain après l'inauguration de la centrale Noor 1, mais pour ne pas faire dans la pensée unique, voyons de très près ce qui manque à ce plan. En effet, parvenir à 42 pour cent de production électrique à partir du solaire est une bien grosse ambition qui va contribuer à sortir de la dépendance énergétique de notre pays tout en faisant l'économie de millions de tonnes de CO2. Tout cela est bien beau, mais nous sommes encore loin d'une véritable révolution solaire. Effectivement, il existe plusieurs applications des énergies renouvelables, tant dans le solaire que dans le photovoltaïque, à explorer et à investir en milieu rural et surtout dans les régions montagneuses enclavées, ou dans les confins désertiques du Sud et de l'Est du Royaume. Imaginons chaque foyer dans nos campagnes muni de plaques solaires, de fours solaires améliorés, chaque douar doté d'un hammam fonctionnant avec des chauffe-eau solaires.... L'espoir est grand aussi de voir émerger des écoles solaires et des hôpitaux solaires, car aujourd'hui, comme Sa Majesté a vu très grand pour notre pays, il ne s'agit plus ni d'une utopie inaccessible et encore moins d'un rêve lointain. L'énergie solaire deviendra ainsi un vecteur de développement social durable pour le milieu rural. Dans nos villes par contre, l'énergie solaire est encore trop peu présente. La majorité des citoyens ne trouvent pas encore d'intérêt particulier à se doter de plaques solaires, et trop peu osent franchir le pas et s'équiper de chauffe-eau solaires, soit du fait d'une barrière culturelle omniprésente, soit tout simplement à cause du prix encore élevé et prohibitif des équipements et des taxes qui vont avec. Ceci pour vous dire que pour accomplir et réussir une révolution solaire, les conditions doivent être réunies et, surtout, les citoyens doivent également mettre à contribution leur bonne volonté. D'un autre côté ; pour terminer, la révolution solaire ne se fera pas sans des solutions durables pour les centaines de milliers de Hammams qui engloutissent chaque mois des centaines de milliers de tonnes de bois, massacrant des hectares de forêt et accentuant la déforestation. Pour ce sujet, tout comme pour le bois de chauffage ou l'isolation thermique dans le bâtiment, il va de soi que les traditions et les mœurs vont très souvent à l'encontre de l'avancée technologique. Mais ce qui est certain, c'est qu'on ne va pas accomplir une avancée spectaculaire avec ce plan solaire tout en laissant la maison brûler d'un autre côté. Ce ne serait ni raisonnable ni rationnel et encore moins cohérent.