Des élus démocrates ont organisé un "sit-in" à la Chambre des représentants, exigeant une prolongation de la session parlementaire jusqu'à ce que les républicains acceptent de procéder à un vote sur le contrôle des armes à feu à la suite de la tuerie d'Orlando. Après avoir occupé la tribune pendant plus de quinze heures, ces parlementaires ont vu aux premières heures de jeudi la séance ajournée jusqu'au lendemain sans avoir obtenu gain de cause. La direction du Parti républicain, majoritaire à la chambre basse du Congrès, a ordonné l'extinction des caméras de télévision et la fermeture des micros afin d'obliger les protestataires à cesser leur mouvement. Aux cris de "Pas de loi, pas de congés", des dizaines d'élus démocrates se sont joints à la protestation entamée en milieu de journée lorsque le président de la séance, le républicain Ted Poe, a fait son entrée. Intervenant après dix heures de confusion, le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a rejeté les demandes de la minorité démocrate et fait voter un projet de loi, sans rapport avec la contestation, allouant 1,1 milliard de dollars à un programme de lutte contre le virus Zika. Paul Ryan envisageait même un ajournement jusqu'au 5 juillet, date de la reprise de la session après les vacances parlementaires qui débutent à la fin de cette semaine. Les représentants démocrates entendaient exprimer leur colère face à la décision de la majorité républicaine au Sénat de bloquer une nouvelle fois des mesures durcissant les conditions de vente des armes automatiques après la tuerie dans une boîte de nuit homosexuelle d'Orlando, en Floride. Ce mode de protestation peu commun au Congrès n'avait plus été employé depuis août 2008 quand les républicains, alors minoritaires, avaient réclamé un vote autorisant le forage en eaux profondes. Les démocrates exigent qu'un projet de loi sur le contrôle des armes à feu soit débattu avant les vacances parlementaires. La présidente du groupe démocrate à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a assuré que les représentants poursuivraient leur action à la reprise des travaux parlementaires jusqu'à ce qu'un texte soit soumis. La tuerie d'Orlando, la plus meurtrière du genre dans l'histoire américaine, a contraint les parlementaires du Congrès à prendre des initiatives mais le rejet lundi par le Sénat de quatre propositions visant à renforcer le contrôle des ventes d'armes à feu aux Etats-Unis montre le poids politique que gardent les partisans du port d'armes et la National Rifle Association (NRA). Le Congrès n'a passé aucune législation majeure encadrant les armes à feu depuis 1994. "Ils (les démocrates) savent que nous ne soumettrons aucun projet de loi susceptible de priver les personnes de droits garantis par la constitution sans (...) une procédure idoine", a déclaré Paul Ryan sur CNN. James Clyburn, élu de Caroline du Sud, a comparé la mobilisation en faveur du contrôle des armes au mouvement des droits civiques des années 1960, quand la multiplication des "sit-ins" et des actes de désobéissance civile avait poussé le Congrès à légiférer pour améliorer la situation des Noirs. John Lewis, élu démocrate de Géorgie et vétéran du mouvement des droits civiques, a exhorté la centaine d'élus rassemblés autour de lui à ne "jamais, jamais abandonner". Bernie Sanders, adversaire de Clinton dans la primaire démocrate, a également fait une apparition.