Le chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, a procédé, mercredi, à la présentation du tant attendu programme gouvernemental, devant les deux Chambres du Parlement, lors d'une séance plénière conjointe, et ce conformément à l'article 88 de la Constitution du Royaume. Mis à part le fait que cette déclaration comporte essentiellement des généralités, ce qui est somme toute normal pour un tel exercice, le chef du gouvernement a plus fait étalage des ambitions de son gouvernement que des moyens pour parvenir à les réaliser. Si ce n'est la poursuite du démantèlement du système de subvention aux produits de première nécessité, une démarche qui est loin de faire l'unanimité au sein de l'opinion publique, pas même parmi les sympathisants du parti à la tête du gouvernement. En mettant, ainsi, en avant la poursuite et l‘élargissement du champ d'action de programmes de soutien à certaines catégories sociales, M. El Othmani omet de souligner qu'il s'agit juste de déshabiller Saint Paul pour habiller Saint Pierre. On apprend, par ailleurs, à travers cette déclaration, que le gouvernement compte, à la fois, multiplier les cadres incitatifs au profit du tissu productif, afin de stimuler la croissance économique, et brider le déficit budgétaire à 3%, l'inflation à 2% et réduire le taux d'endettement de la trésorerie à moins de 60%. Concernant la fiscalité, il est question d'un cadre incitatif pour les nouvelles entreprises industrielles et les grands exportateurs, seulement. Comme si les opérateurs des autres secteurs d'activités et les exportateurs de tailles petite et moyenne étaient moins aptes à donner un coup de fouet à la croissance, en bénéficiant également d'un allégement du poids de leurs contributions fiscales. Le chef du gouvernement escompte-t-il une prochaine mise à disposition de l'appareil productif de capitaux, qui auraient été jusqu'ici thésaurisés, à travers la mise en place du mode de finance participative ? C'est une possibilité, mais pas une certitude. Les agroindustriels, qui viennent de bénéficier (enfin) de leur contrat-programme, peuvent, toutefois, se réjouir d'être plus présents dans le champ de vision du chef du gouvernement. Et pour sacrifier à la mode des temps actuels, le principe de la préférence nationale est, désormais, consacré. Manque d'ambition en matière de création d'emplois ou tout simplement franchise quand aux modestes capacités de son gouvernement à y arriver, M. El Othmani ne promet pas mieux qu'un taux de chômage de 8,5%. Les légions de chercheurs d'emploi sont, donc, prévenus. Il leur reste encore beaucoup à attendre avant d'espérer des temps meilleurs.