L'écrivaine et journaliste Zakya Daoud vient de sortir un nouvel essai, où elle revient sur l'histoire des musulmans d'Espagne, de 711 à aujourd'hui. Intitulé «Du sang et de la mémoire. Vie et mort des musulmans d'Espagne» (éd. La Croisée des chemins), l'ouvrage est «une histoire sanglante et révélatrice de la rhétorique du bouc-émissaire qui anime certaines constructions idéologiques, passées et actuelles», indique un communiqué. «Diaboliser l'autre est nécessaire si l'on veut susciter la haine, sinon comment appeler à l'éradication de son semblable ? Il faut donc qu'il soit différent, et, de différent, il devient alors ennemi», explique l'auteure. Au cours des crises les plus difficiles, la question identitaire est violemment remise en avant et les décrépitudes politiques, morales et culturelles à l'œuvre sont occultées. C'est à partir de ce prisme que le livre analyse l'évolution de la vie des musulmans d'Espagne. «C'est une construction idéologique qui, à défaut de projet, diabolise l'autre, qualifié d'abord de différent avant de se retrouver ennemi, justement parce qu'il serait différent. Et différent, on le devient nécessairement, que ce soit par la race, par la religion, par la situation», a indiqué la même source, ajoutant que «c'est ce que vivent aujourd'hui nombre de pays prêts à sombrer dans cette guerre populiste et vaine, parce qu'ils craignent la dépossession de la suprématie perdue». En ces temps troublés, «il est instructif de refaire ce parcours et ses conséquences : comment l'idéologie s'est développée, s'est installée et est devenue une politique», expliquent les éditeurs. Convertis de force ou exilés, les maurisques font cependant partie intégrante de la mémoire et des Espagnols, comme le montre cet ouvrage qui appelle à réfléchir sur «les dangers des temps présents».