Le discours adressé par Sa Majesté à la Nation, à l'occasion du 60ème anniversaire de la révolution du Roi et du Peuple, était marqué, une fois n'est pas coutume, par un ton de perspicacité hors pair. A quelques jours de la prochaine saison scolaire, l'intérêt est porté particulièrement sur l'affaire de l'éducation et de la formation. A ce propos, le monarque n'est guère allé par quatre chemins pour crever l'abcès d'un secteur plongé dans l'expectative suite à ses déboires répétés. Certes, des éclaircies ont émaillé, de temps à autre, ce parcours mitigé, en termes d'infrastructures et de taux de scolarisation. Cependant, le réquisitoire est sans appel, fustigé, à juste titre, par le souverain, au niveau des déficits des langues et des inadéquations des apprentissages au marché de l'emploi. Ces dysfonctionnements, en dépit des efforts déployés en matière de moyens humain et matériel lors de la charte menée par approche inclusive et, par la suite, durant le plan d'urgence, sont, en fait, la résultante d'une gouvernance approximative, inhérente à la vétusté du cursus pédagogique, à l'effilochement du programme du préscolaire et à l'étiolement des lycées de l'excellence. Il ne s'est donc pas agi d'une réelle volonté d'optimiser les acquis de ce département vital, embourbé dans des surenchères politiciennes, laissait entendre ce diagnostic royal aussi franc qu'interpellant. La situation dégradante que traverse l'enseignement public dans notre pays, frappé du sceau du tâtonnement, incite illico, de larges franges de la société à se réfugier dans l'école privée tant nationale qu'étrangère au moyen de gros sacrifices. L'état défaillant dans lequel se débat notre système éducatif, ainsi que la formation professionnelle et les métiers de l'artisanat qui constituent pareillement la pierre angulaire de cette entreprise névralgique à grande échelle, appelle à la mise en œuvre de textes juridiques régissant le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique adopté dans la nouvelle constitution révisée, à la mise en activation du Conseil supérieur de l'enseignement et à l'entame d'un large débat national autour de la question de ce chantier de haute priorité. Le fléchissement de l'entrain éducatif, revigoré il y a plus de deux décennies de cela, tend à préoccuper périlleusement et à hypothéquer l'élan multidimensionnel au cœur duquel se meuvent des réformes à plus d'un registre. C'est dire combien le souverain s'en prend, épris de paternalisme qu'on Lui sait, aux fissures préjudiciables sous l'effet duquel gémit le système de l'enseignement marocain. Les mots des ministres passent les mandats et les maux du sinistre tabassent les agendas, maculés des accrocs réducteurs nocifs, alors que la chose éducative est censée demeurer au-dessus de toute autre considération tournée malheureusement vers la calomnie et la stigmatisation stériles et gratuite. C'est, à coup sûr, l'heure de se ressaisir énergiquement en vue de faire de la question éducative, seconde après celle de l'intégrité territoriale, le cheval de bataille sur la selle duquel sont conviées de monter toutes les constituantes nationales, à commencer par les responsables directs. Les indicateurs sociaux du sous-développement qui tirent constamment notre pays vers le bas ne sauraient se relever sans la consécration effective et performante de la question de l'éducation et de la formation. Le Souverain vient, encore une fois, d'en tirer la sonnette d'alarme d'une façon forte et solennelle, sous les réminiscences glorieuses de l'une des épopées les plus sulfureuses de notre histoire contemporaine, qu'est, en l'occurrence, la révolution du Roi et du peuple. Pourvu que la révolution éducative, si morne et indolente jusqu'ici, jaillisse pour de bon, au grand satisfecit des générations montantes. Les présentes générations, quant à elles, sous le sort de la déchéance, continuent à broyer du pain noir d'un enseignement plutôt maussade.