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Un art ancestral aux prises avec la concurrence étrangère
Publié dans Albayane le 05 - 04 - 2021

Par Maha Rachid Rabat (MAP)
Art ancestral du patrimoine culturel marocain, la tapisserie traditionnelle est le reflet d'un savoir-faire générationnel hérité de mère en fille, mais aussi une activité génératrice de revenus ayant permis l'émancipation et l'autonomisation financière d'un grand nombre de femmes rurales.
Depuis l'installation des tribus berbères au Maroc, de superbes tapis ne cessèrent d'être tissés par des femmes inspirées et passionnées, offrant au Royaume une longue tradition de tissage de tapis d'une grande variété : berbères, rbatis, chichaoui, Taznakht et autres. Qui ne s'est jamais émerveillé devant la beauté d'un tapis rbati, la précision d'un tissage berbère ou la coloration au henné des motifs décoratifs de la tapisserie du Haut Atlas ? Car si la beauté demeure certes subjective, la tapisserie traditionnelle marocaine fait l'unanimité et la « Zarbia » nationale dispose d'une renommée internationale sans équivoque.
Au Maroc, aucune maison, chambre, mosquée ou intérieur n'est dénué de tapisserie. Cet objet décoratif, qui est en réalité un élément de confort nécessaire pour la vie quotidienne, s'est frayé une place de choix dans chaque pièce de la maison marocaine. Pourtant, lorsque les produits traditionnels se voient heurtés à la concurrence étrangère, la crise ne se fait pas attendre.
Turcs, chinois, persans ou syriens, de nouveaux tapis ont fait leur apparition sur le marché marocain. Vendu à des prix compétitifs et dotés d'une qualité satisfaisante, ces nouveaux arrivants ont fait des ravages chez les consommateurs marocains. En effet, beaucoup préfèrent acheter un tapis industriel importé, plutôt que d'investir dans un tapis local, fait à la main mais plus coûteux.
Dans les ruelles de l'ancienne médina de Rabat, un acheteur confie à la MAP que les tapis marocains restent « les plus beaux du monde », mais que leur prix est assez élevé en comparaison avec des articles importés.
« Les tapis importés sont certes moins beaux, fabriqués à la machine et moins écologiques. Pourtant leur prix reste plus attractif », a-t-il déclaré, ajoutant qu'un citoyen moyen préférera davantage s'orienter vers le prix le plus raisonnable, en dépit des répercussions que subissent les artisans marocains.
Cependant, si le tapis traditionnel marocain est plus coûteux que l'industriel, il serait plus juste de rappeler qu'il porte en lui une histoire et un héritage enracinés depuis des lustres.
Dans son analyse « Tapis et tissages du Maroc », le spécialiste de l'art berbère Bert Flint a relevé que l'art du tapis est un véritable « art populaire » dans plusieurs régions du Maroc. « Populaire » parce qu'une majorité de personnes participent à sa fabrication et « art » parce qu'à partir du langage collectif propre au tapis artisanal, l'individu s'élève souvent à un niveau artistique». Selon lui, chaque tradition est faite d'un répertoire de formes et de combinaisons qui constituent un véritable langage visuel.
S'agissant de la place de la tapisserie traditionnelle marocaine dans la civilisation, notamment pour l'émancipation de la femme, le spécialiste espère «qu'il ne se produira pas ici (au Maroc, ndlr) ce qui s'est passé pour la splendide tradition de tapis et tissage dont l'Espagne hérita de l'époque musulmane et qui a disparu peu à peu».
En effet, les craintes de voir cet art traditionnel, populaire et patrimonial disparaître se font ressentir même chez les artisanes.
Approchée par la MAP, Fatiha, Tapissière dans la région du Moyen Atlas affirme que les commandes se font de plus en plus rares au fils du temps. « Pour faire des économies, les gens préfèrent acheter des tapis industriels, synthétiques et bon marché, mais ne savent-ils pas qu'ils découragent l'artisanat de leur pays? », s'est-elle interrogée.
« Les tapis traditionnels sont fabriqués avec des produits locaux et 100% naturels », a-t-elle souligné, expliquant qu'il s'agit généralement de poils de moutons ou de chèvres tissés fil par fil. « Pour la teinture, nous utilisons des colorations naturelles fabriquées à base de henné et autres plantes colorantes », a-t-elle précisé.
« Un tapis traditionnel berbère, selon sa taille, peut nécessiter des jours voire des semaines de travail continu jusqu'à l'obtention d'une œuvre unique », a-t-elle indiqué. « Hélas, aujourd'hui les gens n'ont plus la patience d'attendre tout ce temps. Ils préfèrent acheter un tapis turc ou chinois importé, plutôt que d'investir dans un produit de qualité et indémodable », a-t-elle déploré.
« Heureusement, nos tapis berbères sont très prisés par les touristes occidentaux. Ils viennent des quatre coins du monde pour en acheter et en commandent parfois des mois à l'avance », a-elle ajouté.
Dans ce contexte, le ministère du tourisme, de l'artisanat, du transport aérien et de l'économie sociale déploie des mesures pour la promotion de l'artisanat marocain dont notamment la tapisserie. A cet égard, il a dernièrement mené une opération de distribution de près de deux tonnes de fil de laine de qualité à partir d'une laine de Siroua au profit de coopératives artisanales du Grand Taznakht.
Cette action pilote a ciblé une quarantaine de coopératives actives dans le secteur de la production du tapis rural des Ait Ouaouzguit dans la région du Grand Taznakht.
S'inscrivant dans la continuité des efforts déployés par le ministère pour atténuer les effets induits par la crise du Covid-19 sur les acteurs de l'artisanat, et plus particulièrement les femmes artisanes rurales, l'opération vient renforcer les actions du ministère pour accompagner la mise à niveau de la filière du tapis.
Elle a pour objectifs de faire bénéficier et d'encourager les femmes tisseuses de la région à l'utilisation d'une matière première de qualité pour améliorer la production et la qualité du tapis rural des Ait Ouaouzguit, en vue de promouvoir sa commercialisation et de permettre ainsi une meilleure inclusion socio-économique de ces femmes à travers l'amélioration de leurs revenus.
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