Mercredi 18 décembre a eu lieu l'évacuation, par la Lituanie, de tout le personnel de son ambassade à Pékin. En effet, ce jour-là, et après que l'ambassadeur lituanien ait quitté la Chine en Août dernier, ce sont dix-neuf personnes -diplomates et leurs familles- qui furent embarqués, sous le regard vigilant de policiers chinois en civil, à bord d'un minibus qui prit la direction d'un aéroport de la capitale pour un vol en direction de Paris et ce, dans une ambiance digne «d'un thriller du temps de la guerre froide» dira «The Economist». En cause, l'ouverture, par la Lituanie, le 18 novembre dernier, d'un bureau de représentation de Taïwan à Vilnius. Or, la Chine qui considère Taïwan comme faisant partie de son territoire et qui, à ce titre, ne tolère que l'ouverture de bureaux de représentation de Taipeh, la capitale de l'île, a riposté en expulsant l'ambassadrice lituanienne de Pékin et en ravalant ses relations diplomatiques avec la Lituanie au niveau de «chargé d'affaires»; un changement que Gitanas Nauseda, la conseillère diplomatique du président lituanien, a considéré comme étant non seulement «bizarre» mais surtout «non conforme avec la Convention de Vienne régissant les relations diplomatiques». Les autorités chinoises avaient décidé, en outre, de ne plus accorder de visas aux lituaniens et invité les diplomates en poste dans la capitale chinoise à leur restituer, avant le 15 décembre, leurs accréditations. Mais, en n'étant pas isolé, ce différend diplomatique s'était même accompagné de pressions économiques de la part de Pékin si bien qu'au début du mois de décembre «un problème technique» aurait empêché les douanes chinoises d'accepter toute importation en provenance de Lituanie. Aussi, l'Union européenne s'était-elle déclarée «prête à se dresser contre tout type de pressions politiques et de mesures coercitives prises à l'encontre d'un Etat-membre» en arguant que «le développement de relations bilatérales avec un des Etats-membres a un impact sur l'ensemble des relations UE-Chine». Elle avait, également, présenté, le même jour, un nouvel outil juridique lui permettant de riposter aux Etats exerçant une «pression économique délibérée» sur un pays membre de l'UE. Forte de l'appui de l'Union européenne, la Lituanie a immédiatement rejeté la rétrogradation de sa représentation diplomatique par les autorités chinoises et ordonné à son personnel accrédité à Pékin de ne point leur remettre ses papiers et de quitter le pays sans délai. Mais, en considérant que ce changement d'appellation pourrait avoir «diverses interprétations possibles» quant à la prolongation de la validité des documents qui leur sont délivrés par les autorités chinoises et qui «garantissent fondamentalement leur droit de voyager librement, de se déplacer librement dans le pays», le chef de la diplomatie lituanienne, Gabrielus Landsbergis, cité par LRT, a tenu à préciser que le départ précipité du personnel diplomatique «ne signifie pas la fermeture de l'ambassade» et que celle-ci sera maintenue «à distance». D'ailleurs, à en croire certaines sources diplomatiques bien au fait de la situation, le départ précipité des diplomates lituaniens de Pékin serait une réponse à des intimidations qui auraient suscité une grande inquiétude au sein de la délégation accréditée à Pékin notamment après que le ministère chinois des Affaires étrangères se soit refusé à tout commentaire sur la question; ce qui a poussé les pays amis de la Lituanie, au premier rang desquels figurent la République tchèque et Taïwan, à lui apporter un soutien immédiat. Ainsi, d'après le site «15min», en considérant que le président du Sénat tchèque qui a une attitude très ferme à l'égard de la Chine est favorable d'une «étroite coopération avec Taïwan, «les sénateurs [tchèques] (auraient) encouragé leur Premier ministre à faire preuve de solidarité et à évoquer la question au Conseil Européen». L'Union européenne parviendra-t-elle à contraindre la Chine à revoir sa décision et à maintenir les relations diplomatiques sino-lituaniennes à leur ancien niveau ? Attendons pour voir... Nabil El Bousaadi
