Désormais, le peuple marocain, n'en déplaise à certains qui prônaient le boycott, a sa nouvelle constitution. Celle qu'il a voulue. Celle qu'il a choisie. Elle est le couronnement d'un travail collectif auquel les forces vives et les bonnes volontés ont contribué depuis le lancement du chantier de la réforme par le Souverain le 9 mars 2011. C'est pour la première fois que l'on a assisté à un débat de fond sur le contenu et les orientations de la constitution. Tout le monde est mis à contribution : médias publics, partis politiques, syndicats, ONG, académiciens…Il y avait même le risque de « saturation » ! Pour la première fois, les Marocains, dans leur diversité, se sont approprié le texte constitutionnel en rupture totale avec l'ère des «constitutions octroyées» qui relève de l'histoire. Le résultat est là et on ne peut que s'en féliciter : un taux de participation de 73,46%, soit un nombre de votants de 9. 881.922. Le OUI l'a largement emporté avec un taux sans appel de 98,5%. Certes, ce résultat aurait été légèrement différent si ceux qui avaient appelé au «boycott» avaient opté pour le « non ». Une telle position aurait contribué à la clarification des rapports de force. Mais c'est à dessein que ces milieux, hétérogènes du reste dans leur référentiel idéologique allant de l'extrême droite à l'extrême gauche, ont opté pour le boycott : ils veulent se cacher derrière le taux de participation pour revendiquer malhonnêtement les voix des Marocaines et Marocains qui, pour une raison ou une autre, ne se sont pas rendus aux urnes, Mais le référendum de ce premier juillet revêt d'autres dimensions d'ordres symbolique et utiles pour l'avenir : pour la première fois, le Maroc a fait le test d'une consultation populaire honnête et transparente. Les informations en notre possession qui émanent de différentes régions du Maroc montrent que l'opération référendaire s'est déroulée dans un climat empreint de sincérité et de régularité. L'administration est restée à l'écart en observant une neutralité totale, à l'exception de la bavure du Ministère des Habous et des affaires islamiques, et sans chercher à exercer une influence quelconque sur les électeurs. Ce qui montre à l'évidence que la transparence des élections est une question de volonté…politique. Quand on veut, on peut. Et l'expérience de ce premier juillet en est la preuve éclatante. Ne craignons pas le verdict de la vox populi ! C'est avec cet esprit qu'il faudra travailler sur les autres chantiers en faisant confiance au peuple marocain et en le traitant en acteur majeur. Car la constitution n'est pas une fin, c'est un moyen. Elle nous offre le cadre du travail et la méthode de résorption des conflits et de régulation des rapports sociaux au sein de la société. Il faut que le politique, l'économique et le social se mettent à niveau pour conforter la dynamique sociale relancée avec la réforme constitutionnelle. Cela suppose que l'on se reprenne le chantier des réformes politiques et économiques tout en travaillant à rendre opérationnelles les nouvelles dispositions constitutionnelles à travers notamment la préparation et l'adoption des différentes lois organiques. Une nouvelle constitution appelle de nouveaux acteurs, de nouveaux mécanismes politiques et surtout de nouvelles méthodes de travail. On ne doit pas se contenter de faire du « réchauffé » ! Les Marocaines et les Marocains qui ont voté massivement pour la nouvelle constitution ont voulu en même temps transmettre un message fort : ils veulent le changement. Ils veulent du concret. Le concret passe justement par des réformes économiques qui traduisent sur le terrain toutes les dispositions constitutionnelles relatives à la bonne gouvernance, à la reddition des comptes mettant fin à la mauvaise gestion, à la dilapidation des deniers publics, à l'inégalité de répartition des richesses, à la marginalisation sociale. Des réformes économiques et sociales qui prennent à bras le corps les droits économiques et sociaux inscrits pour la première fois dans le texte constitutionnel : droit au travail, droit au logement, droit à l'éducation, droit à la formation professionnelle, droit à une vie décente…Nous sommes là en face d'indicateurs parfaitement mesurables et quantifiables. Et c'est à ce niveau que la nouvelle constitution sera appréciée et évaluée par tout un chacun. Comme le temps presse, des signaux forts doivent être envoyés aux citoyennes et citoyens pour leur faire savoir que le processus de changement enclenché est réel et que rien ne sera plus à l'avenir comme avant. Les prochaines échéances électorales constitueront un test supplémentaire pour mesurer la volonté et l'engagement des différents acteurs en présence : pouvoirs publics, partis politiques, société civile…On verra jusqu'où pourront aller les uns et les autres pour rompre avec les pratiques du passé. En tous les cas, le changement voulu démocratiquement par le peuple marocain doit aller jusqu'au bout. Personne n'a le droit d'arrêter ce processus. Il y va de l'intérêt de toute une Nation ! * Membre du Bureau Politique du PPS