Accrochages et affrontements entre partisans du chef chiite Moqtada Sadr et les soldats de la coalition. Le premier est désormais placé «hors le loi» par les Américains. Les derniers ne cessent de faire de nouvelles victimes dans une «guerre» qui sert les seuls fins des USA Un dimanche et lundi particulièrement sanglants en Irak. Les affrontements qui ont eu lieu dimanche entre les partisans du chef chiite Moqtada Sadr et les soldats de la coalition viennent en effet apporter leur lot de nouvelles victimes. Et elles sont au moins 46 Irakiens et huit soldats de la coalition à y avoir laissé la vie. Après des affrontements sanglants à Najaf dimanche, puis à Sadr City dans la banlieue chiite de Bagdad, des partisans du jeune leader chiite se sont emparés lundi du siège du gouverneur de Bassorah, une ville qualifiée de rebelle. Des accrochages qui n'ont pas été sans entraîner de nouveaux morts. Plusieurs personnes ont été tuées ou blessées. parmi les soldats américains et les membres de la guérilla. A Sadr City, sept soldats américains ont également été tués au cours d'une bataille rangée avec les miliciens de Moqtada Sadr qui tentaient de prendre le contrôle de bâtiments publics et de la police dans ce quartier chiite. « Les forces de la coalition et les forces de sécurité irakiennes sont parvenues à rétablir la sécurité au prix de sept soldats américains tués et de plus d'une vingtaine de soldats blessés », selon un communiqué américain. D'autres affrontements meurtriers ont eu lieu dans la ville sainte chiite de Najaf, où une journée de protestation organisée par les partisans de Sadr a tourné à l'affrontement avec la garnison sous commandement espagnol. Il s'agit des affrontements les plus meurtriers depuis la chute du pouvoir de Saddam Hussein. L'administrateur civil américain Paul Bremer n'a pas tardé à réagir. Il a qualifié lundi Moqtada Sadr de hors-la-loi. « Nous avons un groupe mené par Moqtada Sadr qui s'est placé de fait en dehors de la légalité de la coalition et des responsables irakiens », a déclaré Bremer lors d'une réunion des hauts responsables sécuritaires irakiens. «Il est effectivement en train d'essayer d'installer son autorité à la place de l'autorité légitime. Nous ne le tolèrerons pas», a ajouté Bremer. Moqtada Sadr a appelé ses partisans à «terroriser leurs ennemis» car les manifestations sont devenues «inutiles». Ses miliciens se sont passé le mot et, vite, ils ont envahi les bâtiments officiels de Koufa, où leur chef se trouve dans une mosquée. La violence s'est étendue à plusieurs villes. A Amara quatre Irakiens ont été tués et huit blessés dans des affrontements entre les partisans de Sadr et les forces britanniques. Prenant son contre-pied, le grand ayatollah Ali Sistani, une figure emblématique des chiites, a lancé un appel au calme. «L'ayatollah a appelé les manifestants (chiites) à garder leur calme et leur sang-froid, et à laisser le problème se résoudre par la négociation», a-t-on affirmé de source proche du dirigeant à Najaf. Ces actions violentes, menées sous le double effet de la frustration politique et de la détérioration des conditions de vie, se sont produites alors que l'émissaire spécial de l'Onu pour l'Irak, Lakhdar Brahimi, est arrivé à Bagdad avec pour mission de «coopérer avec les partis en présence pour les aider à préparer le processus de transfert» de pouvoir prévu fin juin.