Akil Said Ouazzani, membre du Bureau politique et inspecteur du parti, tire à boulets rouges sur le secrétaire général du PND. Avec une précision qu'il ressasse : le problème n'est pas personnel mais de gestion. Entretien. ALM : Pourquoi tant d'acharnement sur le secrétaire général du parti ? Said Ouazzani : D'abord, il faut lever tout amalgame. Nous n'avons rien contre la personne du secrétaire général. J'ai beaucoup d'estime et énormément de respect pour M. Kadiri. Il a beaucoup travaillé pour que l'on instaure de nouvelles règles au sein du PND, notamment la direction collégiale. On a travaillé ensemble dans ce sens, avec en plus son prestigieux passé. Malheureusement dès la mort de feu Arsalane El Jadidi, les choses commençaient à virer au négatif. M. Kadiri qui est un homme agréable hors politique est devenu seul maître à bord et prend les décisions qu'il veut sans concerter personne. Y compris les membres de la direction du parti… Qu'est-ce que vous lui reprochez concrètement ? Ecoutez, le problème n'est pas lié à la personne de M. Kadiri. C'est sa manière de faire, sa gestion des affaires du parti que nous voulons changer. Et avec lui s'il le veut. D'abord, nous sommes du PND et, même s'il nous exclut, on y restera. Le PND est notre raison d'être. On fera en sorte que la réforme du parti implique tout le monde et toutes les bonnes volontés. Cela pour le principe. Concrètement, nous voulons que toute décision cocnernant le parti soit prise après concertation de tous les membres de la direction du parti. On n'admet pas que M. Kadiri ait attendu que Abbas Fassi l'accueille pour discuter d'une éventuelle majorité, regroupant l'Istiqlal et le PND. On n'admet pas non plus que M. Kadiri présente aux élections des candidats qu'on ne connaît pas parce qu'ils ne sont pas du parti. On n'admet pas non plus que M. Kadiri s'accapare le chéquier du parti sans qu'il ait la qualité de trésorier… Vous l'accusez d'usurpation donc ? Nous n'accusons personne. Et personne ne peut dire que M. Kadiri a utilisé l'argent du parti pour des dépenses personnelles. Mais il y a des procédures à respecter dont notamment les procédures légales. Il y a un trésorier et un trésorier adjoint qui doivent veiller au grain. M. Kadiri a le droit de signature à côté de celle du trésorier. Pourquoi donc ne les laisse-t-il pas faire leur travail ? Lors de la dernière réunion de la commission administrative, vous auriez dû poser toutes ces questions… Les membres du Bureau politique ont été avisés 48 heures avant la réunion. On ne savait pas quel ordre du jour allait être débattu. Ce qui est aberrant. Nous ne sommes pas contre M. Kadiri, mais nous ne sommes pas non plus des chambres d'enregistrement ou d'applaudissement. Il n'y a rien de plus simple que la transparence et le respect des règlements en vigueur. Nous voulons que le PND retrouve sa place avec plus de 40 députés. Nous voulons qu'il redevienne le parti avec lequel tout le monde doit compter. Pas une formation sans projet, sans députés parce que sans cadres valables. Le PND est un corps malade et notre devoir est de le soigner. Et personne ne doit être contre l'assainissement. Sinon, chacun prendra les mesures qui lui conviennent et c'est malheureux. Il faudra que M. Kadiri accepte de dialoguer et écoute nos doléances qui sont celles de tous les cadres et militants du PND… Vous n'avez jamais entrepris des démarches pour régler ces problèmes en interne ? Comme je viens de vous le dire, il y a un préalable. M. Kadiri doit nous écouter,c e qu'il ne fait jamais. Pendant le mois de Ramadan, j'ai demandé à ce qu'on tienne une réunion-ftour ayant en tête toute la symbolique du mois sacré, celui de la piété et des réconciliations. Autour d'un bol de harira, on aurait aimablement réglé tous les problèmes qui mettent à genoux le PND actuellement. Il n'a pas daigné donner suite. Nous ne sommes pas des figurants et le secrétaire général doit savoir qu'on n'est pas ses fonctionnaires, nous ne sommes pas ses employés. Nous avons un parti régi par la loi et tous les membres doivent s'y conformer. Il a tout fait pour écarter les cadres valables. Allez voir du côté de Moussa Saâdi ou Lamine Benomar pour ne citer que ces deux quadras… C'est dommage que des cadres PND soient maintenant au service d'autres formations politiques… Vous ne vous rendez pas compte que votre parti est celui de toutes les frictions et les scissions… Je dirai tout simplement que nous n'avons pas choisi ce chemin-là. On est bien obligé, sinon comment expliquer que M.Kadiri se permette d'exclure le directeur du siège et secrétaire du groupe parlementaire ? comment expliquer qu'il nous accuse nommément de vouloir sa tête? Nous sommes un parti responsable et on n'accepte pas que notre linge sale soit lavé en public. Mais on n'a pas le choix. Espérons que M. Kadiri soit en mesure de tirer les conclusions qu'il faut, de manière constructive, pour permettre au parti d'aller de l'avant pour le bien de la nation…