En 1980, le rapport démographique des caisses de retraites toutes confondues au Maroc était de l'ordre de 15 cotisants actifs pour chaque retraité. En l'espace de 40 ans, ce rapport s'est littéralement effondré accusant une dégradation de 2/3. En 2020, selon les chiffres de l'autorité de régulation, l'Acaps, on compte moins de 5 actifs pour chaque retraité, 7,5 pour les retraites du privé, la CNSS, et seulement deux pour le régime des retraites de la fonction publique, la CMR. Cette dégradation alarmante s'est pourtant déroulée sur une longue période et au vu et au su de tous les intervenants et acteurs concernés qu'ils soient des responsables publics ou des gestionnaires de régimes. Les relevés et chiffres sont établis année par année et, paradoxalement, peu d'actions ont été prises pour attaquer le problème à la racine hormis quelques mesures appelées réformes paramétriques qui ne font que repousser l'échéance fatale du déficit. Laquelle échéance est connue depuis longtemps puisque toutes les études et analyses actuaires réalisées depuis quelques années déjà prévoient le crash en 2028, c'est-à-dire demain. Le dossier de la retraite est par excellence le type de réformes évitées par les politiques pour leur impopularité. Cela dit, le gouvernement Akhannouch, conscient qu'il s'agit là de l'avenir de plusieurs générations de travailleurs, semble visiblement déterminé à la mettre en œuvre avec tout le courage politique qu'elle suppose.