Bien qu'il ait poignardé sa femme pour se venger de sa belle-mère qui le hait dès le premier jour de leur rencontre, il a fini par lui demander pardon devant les magistrats et l'assistance. Accusé de tentative d'homicide volontaire, Mohamed, trente-deux ans, cordonnier de son état, se tient au box des accusés. Il risque la réclusion perpétuelle. Car, selon l'article 114 du Code pénal ( CP) relatif à la «tentative», «toute tentative de crime (…) est assimilée au crime consommé et réprimée comme tel». Et tout homicide volontaire est châtié, selon l'article 392 du CP, à la réclusion perpétuelle. Sa belle-mère qui occupe un siège parmi l'assistance n'hésite pas à exprimer à sa fille, épouse de Mohamed, sa joie qu'il soit enterré en prison. Quelle rancune ! Sa fille ne lui répond pas. Avec les larmes aux yeux, elle se contente d'embrasser, à chaque fois, sa petite fille, qui était assise sur ses jambes. Il semble qu'elle aime toujours son mari, Mohamed. Celui-ci garde le silence quand le président de la Cour lui pose la première question. Mais tout d'un coup, il commence à s'exprimer, à se disculper, à accuser sa belle-mère d'avoir verrouillé la porte pendant qu'il était, en compagnie de sa femme et de sa fillette, à l'intérieur de la maison. Pourquoi ? «Elle voulait nous mettre dehors, M. le président», déclare-t-il au président de la Cour. Aussitôt le président de la Cour lui a rappellé qu'il avait raconté une autre histoire à la police. Il lui a expliqué qu'il avait affirmé aux enquêteurs qu'il a interdit à sa belle-mère de rentrer chez elle quand elle venait d'être libérée de prison après avoir purgé une peine d'emprisonnement de six mois pour proxénétisme. Il l'a même menacée de tuer son épouse si elle revient frapper à la porte. Le président de la Cour lui a rappellé qu'une fois sa belle-mère s'est rendue chez la police pour porter plainte, il a ligoté les mains et les pieds de sa femme et a tenté de se suicider en se coupant les veines. En écoutant le président de la Cour, Mohamed écarquille les yeux et baisse la tête. Et il a expliqué à la Cour qu'il était en parfaite entente avec sa femme. Seulement, sa belle-mère saisissait la moindre occasion pour détruire son foyer conjugal, a-t-il ajouté devant la Cour. Il a précisé qu'elle y est arrivée. «Je lui pardonne, M. le président. Il était hors de lui», s'est-elle exprimée quand le président de la cour lui en a demandé et lui a délivré un acte de désistement au profit de son épouse. Le premier témoin qui venait de prêter serment a attesté avoir entendu des cris et avoir appris que son voisin, Mohamed, avait un malentendu avec sa femme et sa belle-mère, sans savoir lequel. Le deuxième témoin qui se tenait devant la Cour a affirmé, de sa part, qu'il a vu la belle-mère de Mohamed qui frappait à la porte sans que personne ne lui ouvre. Mais, il a ajouté que Mohamed jouit d'une bonne réputation et qu'il est un homme respectable et sans problèmes. En effet, il semble que ces témoignages n'allaient pas droit au cœur du représentant du ministère public puisqu'il a requis la peine maximale contre Mohamed. «S'il était en discorde avec sa belle-mère, quelle était l'erreur de sa femme pour qu'elle soit poignardée ?», demande le représentant du ministère public qui a cédé la parole à l'avocat du mis en cause. Celui-ci a tenté d'étaler les circonstances poussant Mohamed à perdre ses nerfs et à tenter de se venger de sa belle-mère en poignardant sa femme. Il a précisé que la relation de Mohamed et de sa femme n'a jamais plu à sa belle-mère puisque le début était un péché: le couple avait mis au monde une fille lorsqu'il était en relation extraconjugale. Depuis, la mère a commencé à nourrir une rancune contre celui qui va devenir son beau-fils. «Je demande pardon à mon épouse», lance Mohamed lors de sa dernière parole avant d'écouter la sentence. Verdict : Dix ans de réclusion criminelle.