Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait débattre mercredi du Sahara, pour la deuxième fois depuis la reconnaissance américaine le 11 décembre 2020 de la souveraineté du Maroc sur ce territoire, et après les récentes percées diplomatiques de Rabat relatives à la situation sur le terrain, surtout dans la zone-tampon de Guerguerat. Les membres du Conseil de sécurité s'attendent, mercredi 21 avril, à un dernier grand oral de Collin Stewart, le représentant spécial pour le Sahara et chef de l'opération de Casques bleus dans la région qui porte le nom de «Mission des Nations unies au Sahara» (Minurso), dont le mandat expire le 31 octobre 2021. La question clé de cette réunion du Conseil de sécurité «est de savoir comment redynamiser le processus politique», car le dernier cycle de pourparlers (actuellement suspendus) entre les parties a eu lieu en mars 2019. À cet égard, «la question de trouver un successeur» à Horst Köhler est devenue «plus pressante». Ce dernier avait lancé une série de tables rondes réunissant le Maroc, les séparatistes, l'Algérie et la Mauritanie. L'Algérie et les séparatistes semblent avoir placé des conditions sur le profil d'un éventuel successeur du diplomate allemand, ce qui a bloqué la recherche d'un candidat approprié. Selon nos sources, «le blocage de la circulation dans la ville frontalière de Guerguerat par les séparatistes, et le déploiement des forces armées marocaines dans la zone tampon» seront évoqués. Les membres du Conseil de sécurité «réclameront à António Guterres d'accélérer la recherche et la nomination d'un nouvel envoyé et de rétablir les discussions sur le dossier». Les membres de cette instance appelleraient «au respect de l'accord de cessez-le-feu et à une désescalade immédiate» surtout après les dernières provocations séparatistes. Les défis permanents posés par la Covid-19 seront également abordés. Les membres du Conseil «voudront peut-être des éclairages sur les retombées de la Covid-19 sur la population, et sur la manière dont le virus affecte les activités de la Minurso et les mesures engagées par la Mission onusienne afin de répondre à ce défi» selon les mêmes sources. Cette réunion sur le Sahara sera la première depuis l'entrée en fonction de la nouvelle administration américaine. Les nombreuses spéculations sur la question de savoir si la nouvelle administration entérinera la décision de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara penchent vers une adhésion de l'équipe Biden à appuyer cette annonce. Les résolutions de l'ONU sont rédigées par les Etats-Unis et il est «improbable» que des membres du Conseil de sécurité pourraient demander à ce que la «plume» pour ce dossier soit confiée à un autre pays. Le 10 décembre 2020, l'ancien président américain Donald Trump a annoncé que les Etats-Unis reconnaissaient la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Dans sa proclamation du 11 décembre, l'ancienne administration américaine a affirmé que «les Etats-Unis pensent qu'un Etat indépendant sahraoui n'est pas une option réaliste pour résoudre le conflit et qu'une véritable autonomie sous souveraineté marocaine est la seule solution envisageable». En 2019 et 2020, le Burundi, la République centrafricaine, les Comores, la Côte d'Ivoire, Djibouti, le Gabon, la Gambie, la Guinée, le Libéria, São Tomé et Príncipe et les Emirats arabes unis ont établi des présences diplomatiques dans le Sahara. Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA a annoncé son intention d'intensifier les efforts diplomatiques pour «parvenir à une solution juste et durable de la crise». Il a chargé la Troïka de l'UA – composée des présidents de l'UA actuels, entrants et sortants – de revitaliser son engagement avec les deux parties au conflit et a demandé à la Commission de l'UA de prendre les mesures nécessaires pour rouvrir le bureau de l'UA dans la ville de Laâyoune.