Omar Radi a été condamné pour «atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat» avec «financement de l'étranger» et pour «viol», deux affaires que RSF n'a jamais, véritablement, commentées dans le fond. Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, a affirmé, lors d'une déclaration sur France 24, qu'Omar Radi «n'a pas bénéficié des conditions d'un procès équitable», et qu'il a fait face à «une montagne d'accusations». Le journaliste et professeur de droit Mustapha Sehimi, a qualifié, le 13 mai sur la même chaîne, d'«indigne» l'attitude de Christophe Deloire de s'en prendre au Maroc, et à la magistrature, «dont l'indépendance est garantie» par la Constitution marocaine, qui consacre, d'ailleurs, plusieurs articles «aux droits des justiciables». Il a également souligné que la défense d'Omar Radi «a épuisé toutes les voies de recours dans le cadre d'un procès marqué par la présence d'observateurs nationaux et internationaux», d'autant plus que Deloire, «qui n'a assisté que pendant une heure» à chacune des audiences des procès de Soulaiman Raissouni et Omar Radi, «a refusé de recevoir la défense des parties civiles». Omar Radi, pour rappel, a été appuyé par une campagne à caractère intimidant, au Maroc et à l'étranger, qui a exigé sa libération. Pour étoffer leurs arguments, les meneurs de cette action ont avancé que Radi a été poursuivi «en raison de ses écrits», sauf que ce dernier a cessé toute activité journalistique depuis 2015. Les autorités marocaines, elles, assurent que son procès «n'a rien à voir avec son travail journalistique». Son complice, Imad Stitou, 32 ans, a été condamné à un an de prison, dont six mois ferme, dans l'affaire de viol. Poursuivi en état de liberté au cours de l'instruction, il a fui le Maroc pour la Tunisie. RSF ne s'est jamais exprimé sur ce détail, pourtant d'une gravité manifeste. Par la même occasion, M. Sehimi a qualifié «d'enviable» la situation de la presse au Maroc, sur les plans maghrébin, africain et arabe, précisant que «contrairement à l'Algérie, la presse au royaume ne fait aucunement l'objet d'interpellation, d'interdiction de couverture médiatique des événements, de confiscation de matériel ou de coupures du réseau internet, pourtant, ce pays rebondi de 12 places dans le classement de RSF, alors que le Maroc n'avance que d'une place dans ledit classement.» M. Sehimi a qualifié d'«inacceptable» le traitement particulier dont fait l'objet le Maroc et ses institutions de la part de RSF qui commet, sans ambages, «une immixtion patente dans le fonctionnement de la justice marocaine. » Notons qu'en appel, le parquet avait réclamé «la peine maximale contre l'accusé au regard des éléments à charge». Le viol est passible de dix ans d'emprisonnement au Maroc. Aussi, Omar Radi, qui a rencontré des représentants diplomatiques néerlandais présentés par le parquet comme des officiers de renseignement, n'a jamais pu prouver la nature du travail qu'il a fournie pour les parties étrangères avec lesquelles il a collaboré. Parmi les autres éléments à charge: un financement reçu d'une fondation basée à Genève, Bertha, connue pour ses sympathies publiques à l'égard du Front Polisario.