La police algérienne a empêché jeudi une marche contestataire à Béjaïa (nord-est) ayant acclamé le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) et procédé à de nombreuses arrestations de militants, opposants et journalistes, selon nos informations confirmées par des organisations de défense des droits humains. Des étudiants se sont retranchés au sein d'une université de crainte d'être arrêtés. Cette manifestation était destinée à commémorer le Printemps berbère d'avril 1980 et le soulèvement de 2001, où de violentes manifestations vont ensanglanter la Kabylie, faisant une centaine de morts et un millier de blessés. Des événements qui cristallisent l'opposition systématique au pouvoir central, qui gouverne depuis 1962, dénué de légitimité politique. D'après des sources médiatiques, les forces de l'ordre ont dispersé, en faisant usage de spray de gaz liquide, les manifestants qui scandaient des slogans antirégime. Des marches ont également eu lieu à Tizi Ouzou, Bouira, villes de Kabylie (nord-est), ainsi qu'à Constantine et Annaba (est), selon des images diffusées sur les réseaux sociaux. Epicentre d'une contestation intarissable au sein de l'Etat algérien depuis les années 1960, la région de la Kabylie connaît périodiquement un cycle de manifestations souvent réprimées. Le «Printemps noir» constitue un tournant dans l'histoire de la revendication culturelle et politique berbère, marqué par un retour de la violence étatique qui combat toute idée d'une altérité berbère au sein de l'Etat algérien.