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Echanges commerciaux : le Maroc n'exporte que 6 % du milliard de dollars échangé avec l'Egypte, la création d'une ligne maritime directe entre les deux pays attendue
L'an dernier, un différend portant sur l'accès des véhicules marocains au marché égyptien avait conduit Rabat à suspendre provisoirement l'importation de plusieurs produits égyptiens. Cette paralysie temporaire a été surmontée grâce à des discussions bilatérales tenues à Rabat, ayant débouché sur un accord de réouverture graduelle du corridor commercial. Le Maroc et l'Egypte ont manifesté, à l'occasion du forum bilatéral de l'investissement et du commerce, leur volonté conjointe de renouer un dialogue économique fécond et de corriger les déséquilibres d'un commerce bilatéral encore peu satisfaisant au regard des potentialités respectives. Un déséquilibre commercial criant L'échange commercial entre les deux nations demeure modeste, avoisinant à peine un milliard de dollars par an (soit environ 10 milliards de dirhams), et souffre d'un net déséquilibre au détriment du Maroc. En 2024, les exportations marocaines vers l'Egypte n'ont représenté que 754 millions de dirhams (75 millions de dollars), tandis que les importations en provenance du Caire ont atteint près de 12,5 milliards de dirhams, selon les données de l'Office des changes – OC), l'organisme public marocain chargé des statistiques du commerce extérieur. Dans un climat apaisé, consécutif à la levée des mesures restrictives imposées en réaction au refus égyptien d'importer des véhicules en provenance de Rabat, les deux parties s'engagent désormais à raviver leurs échanges. «Le commerce n'est pas une arène de confrontation, mais un levier d'interdépendance mutuellement profitable», a déclaré Omar Hejira, ministre délégué chargé du commerce extérieur (MCE), plaidant pour un nouvel élan coopératif. De son côté, Hassan El Khatib, ministre égyptien de l'Investissement et du Commerce extérieur (MICE), a promis la levée progressive des entraves administratives afin de faciliter l'entrée des produits marocains sur le marché égyptien. Objectif : multiplier les flux Le Conseil d'affaires maroco-égyptien (CAME), représenté par Nezar Abou Ismaïl, prévoit une hausse des importations égyptiennes en provenance du Maroc pour atteindre 100 millions de dollars dès cette année, en mettant l'accent sur des produits comme les fertilisants, les concentrés de fruits et les exhausteurs de goût. À plus long terme, le Maroc œuvre à élever le niveau de ses exportations à 500 millions de dollars en 2026, selon Hassan Sentissi El Idrissi, président de l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX). L'enjeu majeur demeure le secteur automobile. Le Royaume, premier producteur africain de véhicules particuliers, entend exporter 1 000 unités vers l'Egypte d'ici 2025. «Le potentiel est réel et ne demande qu'un encadrement logistique adapté», a estimé Ismaïl Abdelaziz, président de l'Association égypto-marocaine des hommes d'affaires (AEMHA), évoquant en parallèle trois projets d'implantation industrielle égyptienne en territoire marocain, dans les secteurs du mobilier, de l'outillage sanitaire et de l'irrigation moderne, pour un montant global d'environ 100 millions de dollars. L'épine dorsale logistique La réussite de ce rééquilibrage repose sur l'amélioration des interconnexions. Ahmed El Wakil, président de la Fédération des chambres de commerce égyptiennes (FCCE), a évoqué la création d'une ligne maritime directe entre les deux pays, en attendant la réactivation du corridor terrestre méditerranéen. «Nous devons faire du Maroc une tête de pont vers l'Afrique de l'Ouest, et de l'Egypte un tremplin vers l'Orient arabe», a-t-il affirmé. Les deux pays bénéficient de l'Accord d'Agadir (AA) depuis 2007, qui facilite le commerce entre les Etats arabes méditerranéens. Cet instrument demeure un socle favorable pour repenser l'architecture d'un partenariat équilibré, pérenne et résolument orienté vers l'avenir.