Le procès en appel d'Abdelali Hamieddine, membre influent du secrétariat général du Parti de la justice et du développement (PJD, opposition), s'est ouvert lundi 5 mai devant la cour d'appel de Fès dans une atmosphère lourde et animée par une présence policière. Dès l'aube, plus d'une centaine de personnes, se revendiquant du camp Aït El Jid, s'étaient massées devant les grilles du palais de justice, entonnant des slogans virulents à l'encontre de l'accusé. Ces manifestants, organisés, arboraient des portraits de Mohamed Benaïssa Aït El Jid et exigeaient «la vérité toute entière sur l'assassinat de 1993.» M. Hamieddine est arrivé au tribunal aux premières heures, escorté de ses deux avocats. Il a discrètement pénétré dans le bâtiment par l'entrée réservée au barreau. Son passage dans le hall a provoqué, à l'extérieur, une salve de sifflements et d'interpellations. Il a ensuite été rejoint par plusieurs figures du PJD, dont Abdellah Bouanou, chef du groupe parlementaire, Driss Azami El Idrissi, ancien maire de Fès ainsi que Bahaeddine Akdi, tous membres du secrétariat général. Son épouse, Boutaina Karouri, était également présente à ses côtés. Les faits reprochés à M. Hamieddine remontent à février 1993, lorsque l'étudiant d'extrême gauche Mohamed Aït El Jid a trouvé la mort à la suite de violents affrontements entre factions rivales sur le campus de l'université Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès. Déjà condamné à deux années de détention pour «participation à une rixe ayant entraîné la mort», M. Hamieddine a vu son dossier rouvert en 2017, après le dépôt d'une nouvelle plainte par la famille du défunt. En juillet 2023, la chambre criminelle de première instance l'avait reconnu coupable de «coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner» et condamné à trois années d'emprisonnement ferme, assorties d'une amende de 40 000 dirhams au bénéfice des ayants droit d'Aït El Jid. Affaire hautement symbolique des tensions idéologiques qui ont fracturé l'université marocaine des années 1990, ce procès reste, plus de trois décennies après les faits, un point nodal de mémoire et de justice dans le paysage politique national.