Le virus, désigné MVi/Rabat.MAR/29.24, provient d'un prélèvement nasopharyngé effectué le 23 mars 2024 sur une patiente de 32 ans hospitalisée à l'hôpital militaire d'instruction Mohammed V, présentant une toux fébrile accompagnée d'éruptions cutanées caractéristiques, mais sans complications grave Une équipe de chercheurs basée à Rabat a intégralement analysé le patrimoine génétique codant d'un virus de la rougeole isolé sur une patiente marocaine, offrant un jalon scientifique d'importance dans la traque moléculaire de cette maladie virale qui a connu un regain préoccupant dans plusieurs régions marocaines, selon une étude dévoilée lundi 5 mai. Ce virus, nommé MVi/Rabat.MAR/29.24, a été prélevé le 23 mars 2024 sur une femme de 32 ans hospitalisée à l'hôpital militaire d'Instruction Mohammed V, présentant une fièvre, une toux persistante et une éruption maculopapuleuse typique, sans gravité clinique notable. L'alerte sanitaire nationale, émise ce même mois par le ministère de la santé et de la protection sociale, signalait une recrudescence généralisée des cas. Une analyse génétique complète conduite à Rabat L'agent pathogène en question appartient au genre Morbillivirus et à la famille des Paramyxoviridae. Il s'agit d'un virus à ARN monocaténaire de polarité négative, encapsidé, dont la structure génomique — longue de 15 894 nucléotides — permet l'expression de six protéines structurales (N, P, M, F, H, L) et de deux protéines non structurales (V et C), conformément aux modèles de référence établis. L'isolement viral a été effectué à partir de cellules Vero.DogSLAM infectées. L'extraction de l'ARN a été réalisée avec le kit NucleoSpin RNA Virus (Macherey-Nagel, Allemagne), et sa quantification par spectrophotométrie NanoDrop (Thermo Fisher Scientific, Etats-Unis). La rétrotranscription en ADN complémentaire a été conduite à l'aide du kit RevertAid RT (Thermo Fisher Scientific), en utilisant 200 ng d'ARN initial et des amorces hexamères aléatoires. Les fragments couvrant la totalité du génome ont été amplifiés par PCR avec un ensemble d'amorces publiées et personnalisées, conçues à partir des références génétiques MV NC_001498.1 et MN630023.1. Vingt-et-un amplicons distincts ont été séquencés dans les deux sens, soit 42 lectures individuelles, sur une plate-forme Applied Biosystems. L'assemblage des séquences a été effectué selon les paramètres standards du logiciel Unipro UGENE, version 50.5. Une parenté génétique manifeste avec une souche identifiée aux Etats-Unis L'arbre phylogénétique généré, fondée sur la méthode des plus proches voisins (neighbor-joining) et enrichi de 51 génomes de référence issus de différentes régions du globe, atteste que la souche marocaine relève du génotype B3, selon la classification en vigueur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La robustesse des regroupements a été validée par un test de bootstrap à 500 réplicats. Les distances évolutives entre les séquences ont été calculées par la méthode de vraisemblance composite maximale. La souche MVi/Rabat.MAR/29.24 présente un taux de similarité génétique de 99,50 % avec la souche américaine MVs/Virginia.USA/40.21/3[B3]. Cette proximité laisse supposer un mouvement intercontinental du virus, probablement facilité par les flux humains, bien que les itinéraires précis demeurent à élucider. «La cartographie complète du génome viral fournit des repères précieux pour cerner les foyers de transmission et orienter les interventions sanitaires de manière ciblée,» explique un chercheur impliqué dans l'étude. Ce travail, réalisé grâce au soutien de la Fondation Mohammed VI pour les sciences et la santé, vient conforter les efforts entrepris au Maroc pour approfondir la connaissance des agents pathogènes circulants et affirmer l'expertise nationale en virologie moléculaire.