L'éviction du gouverneur d'Anfa à cause de la démolition d'une villa classée a suscité beaucoup d'émois. Nous nageons dans le mensonge absolu. Quand nous classons un bien qu'est-ce que nous en faisons ? Généralement rien. La villa en question aurait pu devenir un lieu de vie, un centre culturel. Elle est restée fermée et a périclité. Parce que le ministère de la Culture n'a pas les moyens ni les prérogatives nécessaires. C'est lui qui prend la décision de classer « patrimoine », mais il n'assure aucun suivi. Il n'y a pas de solution si on ne change pas les structures. De grands monuments en péril, il y en a partout au Maroc. Les constructions portugaises menacent ruine, on le sait depuis 20 ans. Qu'est-ce qu'on fait ? Rien. Parce que c'est trop cher et que l'on a d'autres priorités. On a détruit des écoles, des établissements pétris d'histoire parce qu'on ne met pas les moyens qu'il faut pour les sauver. Lire aussi | Maroc : l'Education sacrifiée C'est la même chose pour le patrimoine immatériel. Il n'y a plus de conteurs ou si peu. Aucun effort n'a été fourni pour fixer ce qui relève de la tradition orale. Il faut sortir du mensonge. Si réellement nous sommes attachés à notre patrimoine. Il faut mettre en face les budgets nécessaires. Lire aussi | Tourisme au Maroc : chronique d'une catastrophe On peut imaginer des formules où l'Etat ne soit pas le seul contributeur, que les entreprises participent aussi à cet effort national. Il faut le faire vite parce qu'il y a souvent urgence. Continuer à parler de préservation du patrimoine, sans mettre en place les moyens, c'est se foutre de la gueule des gens ! Tribune et Débats La tribune qui vous parle d'une actu, d'un sujet qui fait débat, les traitent et les analysent. Economistes et autres experts, patrons d'entreprises, décideurs, acteurs de la société civile, s'y prononcent et contribuent à sa grande richesse. Vous avez votre opinion, convergente ou différente. Exprimez-la et mesurez-vous ainsi à nos tribuns et débatteurs. Envoyez vos analyses à : [email protected], en précisant votre nom, votre prénom et votre métier.