Comme chaque année, le Conseil déontologique des valeurs mobilières établit un rapport sur l'investissement étranger à la Bourse de Casablanca. Parmi les multiples lectures possibles, l'une d'entre elles retient particulièrement l'attention. Près du quart de la capitalisation boursière est entre les mains de sociétés françaises. Alors que les pétrodollars du Moyen-Orient et du Golfe, malgré leur forte avancée, sont à la traîne. A la fin 2006, les entreprises françaises contrôlaient 22% de la capitalisation boursière, soit un montant de 92 milliards de DH. Les personnes morales de l'Hexagone ont un poids de plus en plus important au niveau du marché boursier de Casablanca. Elles sont actionnaires des entreprises les plus représentatives, et souvent assurent le contrôle. C'est au niveau de l'action Maroc Telecom que cette présence est la plus remarquable. En effet, Vivendi Universal, actionnaire de Maroc Telecom à hauteur de 51%, explique à lui seul plus de la moitié de la capitalisation entre les mains d'entreprises françaises. Au moment où l'étude a été réalisée, 58 milliards de DH d'actions enregistrées au Maroc étaient entre les mains de Vivendi. Et depuis, la valeur de l'action est passée de 130 à 140 DH, à la clôture de la séance du mercredi 2 mai. C'est dire qu'aujourd'hui, le géant français contrôle plus de 62,5 milliards de DH. Durant ces cinq derniers mois, le poids de la France dans la place aura relativement diminué, car Maroc Telecom a connu une évolution bien moins forte que la moyenne de la place. Mais, l'investissement français à la Bourse est loin de se limiter à l'opérateur historique. Avant Maroc Telecom, il y avait déjà la BMCI et le Crédit du Maroc. La première est filiale de la BNP Paribas à hauteur de 64,7%, représentant près de 6,5 milliards de DH au 29 décembre 2006. Alors que la seconde, détenue par le Crédit Agricole à 52,6%, expliquait 4,1 milliards de DH de capitalisation à la même date. Si le cours du Crédit du Maroc n'a pratiquement pas évolué sur les cinq derniers mois, celui de la BMCI, en revanche, a suivi la même tendance que le MASI. Il est passé de 1040 à 1360, soit une progression de 30%. C'est dire que la part détenue par BNP Paribas est désormais de l'ordre de 8,4 milliards de DH. La banque intéresse la France Toujours dans le secteur bancaire, qui semble intéresser les Français au plus haut point, il y a lieu de citer le CIH. En effet, après de longs mois de négociation, la Caisse nationale des Caisses d'Epargne (CNCE) a fini par prendre place auprès de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG). Cette association s'est matérialisée par le contrôle indirect de 24,5% du capital du Crédit immobilier et hôtelier par la CNCE. Du coup, le géant français pouvait revendiquer plus de 3,07 milliards de DH d'actions CIH à la fin 2006. Là aussi, l'évolution récente du cours de l'action CIH a porté cette valeur à 5,08 milliards de DH. Bien sûr, la participation de 10% que possède le CIC dans le capital de la BMCE Bank contribue également à asseoir la présence française au niveau de la Bourse de Casablanca. Il s'agissait de 1,98 milliard de DH au 29 décembre 2006, mais depuis, le cours de la BMCE Bank s'est littéralement envolé. Il est passé de 1250 à 2650 dirhams, soit une progression de 112%, ce qui porte la valorisation des actions détenues par le CIC à 4,19 milliards de DH, contre 1,98 il y a cinq mois. Les entreprises françaises ont également un pied dans le secteur du bâtiment et des matériaux de construction. Les Ciments français ont préféré se conserver au sein du tour de table des Ciments du Maroc. Ainsi, le Français contrôle 58,4%, soit l'équivalent de 9,26 milliards de DH à la fin 2006, soit l'équivalent de 13,7 milliards de DH au 2 mai. Dans le même secteur, Arcelor a rejoint les actionnaires de référence du sidérurgiste Sonasid. Ainsi, 32,4% du capital de cette grosse capitalisation sont contrôlés par Arcelor. Depuis le début de l'année, le cours de la Sonasid est passé de 2072 à 3385 DH, soit une croissance de 63%. C'est dire que la valorisation de la part détenue par Arcelor est passée de 2,62 à 4,28 milliards de DH. Les entreprises françaises possèdent également de nombreuses participations dans plusieurs autres entreprises. C'est le cas de la société de crédit à la consommation Eqdom, contrôlée à 35% par la Société générale financial services holding, et à 18% par la SGMB. Bien entendu, cette dernière étant de droit marocain, sa part n'entre pas dans les statistiques du CDVM. Entre aussi dans ce cadre Nexans Maroc, dont près de 84% du capital sont en possession de Nexans Participations. Il y a d'autres participations De même, les 32,4% contrôlés par Accor SA figurent parmi les actions détenues par des sociétés françaises. Aucune comparaison n'est possible avec les autres pays, qui doivent se contenter des 23% restants dans la capitalisation que possèdent les personnes morales étrangères. Cependant, il convient de rappeler que deux institutionnels espagnols, à savoir Santusa Holding et la Corporacíon Financiara Caja de Madrid, contrôlent 18% du capital d'Attijariwafa Bank, ce qui représente désormais 11 milliards. De même, la Suède est présente en bonne place grâce à la participation de 67,3% détenus par Corral. Bien entendu, il s'agit de capitaux du Golfe, puisque le groupe est originaire du royaume saoudien. C'est aussi le cas de la Suisse, dont le géant Holcim Ltd contrôle majoritairement le cimentier Holcim avec une valorisation de 7 milliards de DH. Contrairement à une idée répandue, les institutionnels des pays arabes sont quasiment absents au niveau de la Bourse. La Banque islamique de Développement, qui est un établissement saoudien, permet de sauver la mise. Elle contrôle notamment 13,8% de la Holcim, 5,5% de Lafarge, 3,4% de la Cosumar et 10% de Maroc Leasing. Abu Dhabi Fund, un fond d'investissement émirati, est loin derrière avec 5,4% de Ciments du Maroc et 82,8% de Rebab.