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ACADEMIA : Retour sur l'introduction du groupe JLEC
Publié dans Finances news le 26 - 02 - 2014

Le groupe JLEC (Jorf Lasfar Energy Company), premier producteur privéd'électricité au Maroc, vient de faire son introduction à la Bourse de Casablanca par émission de 2.234 .638 nouvelles actions. Cette opération a été précédée d'un placement privé portant sur 1.117.318 nouvelles actions, réservé à 3 investisseurs institutionnels.
Le groupe JLEC présente la première introduction de l'année. Il fait son introduction dans un contexte baissier (cold market) comme l'atteste l'activité morose des émissions premières, de même que le repli de l'indice du marché. Néanmoins, une reprise s'est fait ressentir les trois mois précédant l'introduction avec une appréciation du MASI de 12,51%. Le MASI s'est ensuite stabilisé jusqu'à la date d'introduction de JLEC.
A rappeler que l'effervescence de l'activité des émissions premières enregistrée lors des années 2006 et 2007 avec 10 introductions consécutives a depuis fléchi. L'année 2008 compte 5 introductions, suivie de 2 en 2010 et enfin, une seule inscription à la cote en 2011. Aucune introduction n'est enregistrée aux années 2009 et 2012. Le déclin de l'activité boursière s'est également manifesté par des retraits de la cote et des suspensions de cotation. La radiation de la cote a concerné une entreprise pour chacune des années 2008, 2009, 2011 et 2012, ainsi que 3 entreprises en 2010 et 2013.
L'ouverture de 11,04% du capital de l'entreprise JLEC vise à redynamiser le marché par la collecte de 1 Md de dirhams. La taille de cette opération occupe la 6ème position par rapport aux introductions de la période 2004-2013, derrière la Snep (1,05 Md de dirhams), Atlanta (1,2 Md de dirhams), Alliances (1,99 Md de dirhams), Addoha (2,7 Mds de dirhams) et enfin, CGI (3,5 Mds de dirhams), et la 4ème position en tenant compte du placement privé (1,5 Md de dirhams).
L'introduction en bourse permet à l'entreprise JLEC d'accroître sa notoriété auprès de ses partenaires et public épargnant, en portant le label de la transparence et de la bonne gouvernance, suite au double contrôle de l'autorité du marché (CDVM) et du marché à travers l'impact de l'information sur le cours. Par ailleurs, l'opération d'introduction fait bénéficier le groupe d'un financement à moindre coût, tout en renforçant sa capacité d'endettement et son autonomie financière. L'accès au marché financier assure à ses actionnaires la cotation et la liquidité de leurs titres, à côté de la répartition du risque de perte supporté autrefois par les seuls dirigeants fondateurs. L'introduction de JLEC vise à refinancer le groupe TAQA pour avoir assuré la construction des unités 5 et 6, et ce par la distribution de dividendes exceptionnels et le report à nouveau de la prime d'émission.
Le capital de JLEC est détenu par 6 actionnaires, filiales des groupes suédois ABB et CMS. Ces groupes ont été acquis en 2007 par le groupe TAQA, détenu à hauteur de 51% par le gouvernement d'Abu Dhabi via son Office de l'eau et de l'électricité. Ce groupe détient alors indirectement le contrôle du groupe JLEC. Après l'introduction en Bourse, le groupe TAQA compte acquérir la totalité des actions JLEC détenues par les 6 filiales des groupes suédois afin de disposer du contrôle direct. Cette opération simplifiant la structure d'actionnariat du groupe JLEC se fera sur le marché de blocs de la Bourse de Casablanca.
I- Placement privé
L'opération d'introduction en bourse du groupe JLEC est précédée d'un placement privé en date du 10/12/2013. Il s'agit d'une augmentation de capital de 5,52%, par émission de 1.117.318 actions nouvelles, réservée à 3 investisseurs institutionnels : RMA Watanya et la Société centrale de réassurance avec 40% ex-æquo du capital, ainsi qu'à la Mutuelle centrale marocaine d'assurance avec 20% de l'offre. La convention de souscription de ces titres interdit à ces investisseurs de céder tout ou partie de ces actions pendant 4 ans à compter de la date de la réalisation de l'opération. Ce placement pré-IPO établi au prix de 447,50 DH/l'action permet au groupe JLEC de lever 499.999.805 dirhams, réparti entre 111.731.800 dirhams de capital et 388.268 .005 dirhams de prime d'émission.
Après l'opération d'introduction en bourse, ces investisseurs détiendront 4,74% du capital du groupe JLEC.
II- Introduction en bourse
L'opération d'introduction du groupe JLEC à la Bourse de Casablanca porte sur l'émission de 2.234.638 nouvelles actions, soit le double des actions émises lors du placement pré-IPO. Après cette double augmentation de capital, le capital du groupe JLEC s'établit à 2.358.854.200 dirhams avec 23.588.542 actions et une prime d'émission consolidant les capitaux propres de 1.164.804.710 dirhams. Le groupe JLEC cote au continu au marché principal.
Après l'opération d'introduction en bourse, la cartographie du pouvoir du groupe JLEC n'a pas changé. Le groupe TAQA demeure le principal actionnaire avec 85,79% du capital, les 3 investisseurs institutionnels sujets au placement privé détiennent 4,74%, alors que le capital flottant en bourse présente 9,47%. Cette structure du capital immunise le groupe des aléas de la Bourse relatifs, entre autres, aux offres publiques d'achat (OPA).
Par ailleurs, le choix d'actionnariat institutionnel au niveau du placement privé est également confirmé par l'offre d'introduction. L'entreprise candidate à l'introduction a le droit de préciser la composition de son actionnariat, en formulant les conditions et les limites de détention pour chaque catégorie d'actionnariat, classées en type d'ordre. En effet, le groupe JLEC a structuré son offre d'introduction en accordant 65% des actions émises aux investisseurs institutionnels, dont 40% sont marocains et 25% étrangers. Le reste de l'offre est répartie entre les salariés du groupe (à hauteur de 3,5%), et les boursicoteurs personnes physiques et morales (31,5%). Le groupe JLEC semble opter pour une composition d'actionnariat lui permettant une croissance régulière et soutenue à court et moyen terme, satisfaisant tous les investisseurs. En effet, un actionnariat majoritairement de petits porteurs, bien qu'il assure la liquidité du titre à court terme, est passible de spéculations. De surcroît, il exige des rendements importants à court terme, ce qui peut nuire au développement futur de l'entreprise. Les investisseurs institutionnels misent sur l'évolution du titre à moyen et long terme, ce qui procure davantage de latitude à la gestion de l'entreprise. Ces actionnaires peuvent, par ailleurs, soutenir le titre en cas de morosité du marché ou si le titre est frappé d'une crise de confiance. Néanmoins, l'entreprise court un risque de liquidité ou de déprime. Ces investisseurs soutiennent le cours non pas par «sympathie», mais parce qu'ils ont beaucoup investi ! Ainsi, la présence de ces investisseurs peut rendre indispensable les contrats d'animation ou de soutien du titre. Le choix de la procédure d'introduction à prix ferme (OPF), fixant le prix de souscription préalablement à l'introduction, stimule la sursouscription du titre. Celle-ci conduit à une allocation parcellaire des titres et donc à une dispersion de propriété au sein de chaque type d'ordre, favorisant ainsi la liquidité du titre.
Le titre JLEC est souscrit pratiquement 7 fois. Dans des conditions de marché meilleures, la sursouscription est nettement plus élevée. La société Delta Holding qui présente une taille d'offre inférieure à JLEC a vu ses titres souscrits 22 fois, et la CGI 142 fois.
Le pricing des titres du groupe JLEC est fait sur la base de la moyenne équipondérée de l'évaluation des capitaux propres de l'entreprise par la méthode DCF (méthode d'actualisation des flux de trésorerie futurs) et la méthode DDM (méthode d'actualisation des dividendes prévisionnels). La valeur de l'action JLEC établie à 447,50 dh est adoptée en prix de souscription. Le groupe JLEC n'a donc pas appliqué la décote commerciale généralement d'usage, de l'ordre de 3% à 25%. Ce choix peut se justifier par la volonté du groupe de lever le maximum de fonds, et par les garanties de qualité qu'il présente, conférant un attrait suffisant à son offre d'introduction. Le groupe JLEC a ainsi parié sur le capital confiance que présente le groupe TAQA, par sa notation en 2012 de «triple A» par l'agence de rating Moody's et de «A» par l'agence Standard and Poor's. Ce label, signal de la qualité de l'offre et de son intérêt, réduit l'asymétrie d'information et la divergence d'opinions des investisseurs et les incitent à acheter le titre. Par ailleurs, le nombre élevé des membres (23) du syndicat de placement présente une assurance pour la réussite de la souscription des titres et donc l'opération d'introduction. Le groupe JLEC a également signalé sa qualité au marché par la distribution de dividendes exceptionnels (cadeaux de fin d'année), de l'ordre de 106,6 Dh l'action, après 2 années de rétention pour le besoin de financement de l'activité de ses unités 5 et 6. Le groupe JLEC jouit d'une bonne santé financière, comme l'atteste le pourcentage satisfaisant de son autonomie financière à côté de sa capacité d'autofinancement, à même de financer ses investissements. Cependant, cette structure financière risque de porter atteinte à la flexibilité financière de l'entreprise.
Le cours de la première séance de cotation du titre JLEC s'est établi à 452 dh. Lorsque le marché est haussier, le cours de l'introduction est souvent réservé à la hausse les premiers jours de cotation, dépassant ainsi le seuil de 10%. Le titre JLEC ne s'est alors apprécié que de 1% par rapport au prix de souscription. Le cours est resté stable les jours suivants, néanmoins le volume et la quantité de titres échangés ont baissé de plus de 80%.
Il faut attendre quelques jours pour que le prix d'équilibre s'installe et que le marché se prononce sur le prix de souscription du titre JLEC et précise s'il est sous-évalué, sur-évalué ou correctement évalué. Le titre est considéré sous-évalué s'il est valorisé par le marché à un prix supérieur à celui proposé. Les investisseurs sont alors satisfaits et estiment avoir fait une bonne affaire en achetant un titre en deçà de sa valeur, capable de leur apporter des plus-values. La surévaluation atteste, cependant, du mécontentement des investisseurs qui estiment payer le titre cher à la souscription. Il suffit d'être à l'écoute du marché pour le savoir.
Fatima-Zohra ALAMI TALBI,
est docteur en finance, spécialiste des IPO et auteur de plusieurs articles scientifiques au niveau national et international.


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