A l'approche de la transition du Maroc vers le régime de change flexible, plusieurs opérateurs économiques évoquent les scénarios pessimistes de la Turquie et de l'Egypte, pour illustrer les risques qui peuvent peser sur le Royaume lors de sa migration prévue pour le second semestre 2017. Ces deux pays avaient connu une dépréciation brusque de leur monnaie, avec des conséquences catastrophiques sur leur économie. Comparé à eux, le Maroc, qui a choisi de bien préparer sa transition, dispose de plusieurs prérequis solides, lui permettant de migrer d'une manière sereine et préparée. En effet, loin d'une transition que l'on pourrait qualifier de graduelle et contrôlée, la Turquie et l'Egypte se sont vu imposer un régime de change flottant du fait de la fragilité de leur situation économique. Pour le Maroc, ce changement de système est une démarche volontaire. Autre constat qui en ressort : le cadre macroéconomique marocain est jugé résilient, particulièrement au niveau des réserves de change et de l'inflation, ce qui devrait jouer en sa faveur. Dans le détail, le niveau des réserves en devises disponibles actuellement au Maroc affiche un «Ara Metric» (indicateur évaluant le stock de devises d'un pays en fonction de ses besoins à court terme) compris entre 100% et 150%, un niveau considéré confortable selon les standards du FMI. Ceci procurera un certain confort à court terme au Maroc au moment du changement de régime, et constituera un matelas de sécurité en cas de chocs exogènes. Par contre, l'Egypte et la Turquie disposaient d'un «Ara Metric» respectivement de 50% et 68% au moment du changement de régime, un niveau de réserves très faible qui était, entre autres, derrière le «chaos» post-régime de change fixe. Le deuxième élément macroéconomique solide qui fait la différence dans le cas marocain, est l'inflation. Lorsque la flexibilité du taux de change a été encartée dans les systèmes turc et égyptien, ces deux pays affichaient une inflation élevée (dépassant les 30% pour le cas turc et de l'ordre de 23% pour le cas égyptien). A l'inverse, le Maroc, et depuis de nombreuses années conserve un taux d'inflation faible en dessous des 2%. Il parait donc mieux préparé à absorber les pressions inflationnistes qu'il risque de subir. Par ailleurs, la réglementation des changes, qui ne permet qu'une ouverture partielle des comptes en capital, notamment ceux détenus par les résidents, la faiblesse des investissements dans les marchés de capitaux à logique spéculative et le marché parallèle des devises où les taux de change restent en phase avec ceux du marché officiel du fait de sa compétitivité, sont autant d'éléments qui témoignent de la robustesse du système de change marocain avant sa migration.