Encore une nuit de chaos au Liban où des violences nocturnes ont émaillé les manifestations qui se sont déroulées à travers le pays et notamment à Tripoli, la grande ville du nord, et qui ont fait une cinquantaine de blessés dont six militaires, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). A Tripoli, l'armée a ainsi dispersé sur la place principale des centaines de manifestants qui criaient « révolution, révolution ». Des protestataires ont lancé des pierres et des cocktails Molotov sur les militaires, et endommagé des façades de magasins et de banques. Les soldats ont riposté avec des gaz lacrymogènes. Dans le centre de Beyrouth, des dizaines de jeunes ont aussi mis le feu à des magasins. Au lendemain de cette nouvelle nuit de violences à Beyrouth et Tripoli le Premier ministre libanais, Hassane Diab, a chargé le secrétaire général du Haut comité de secours, le général Mohammad Kheir samedi d'enquêter sur les actes de vandalisme qui se sont déroulés ces derniers jours en plusieurs points du territoire, lors de manifestations anti-pouvoir qui ont dégénéré en violence. Le Liban depuis jeudi connaît un regain de tension et de mobilisation de la contestation populaire contre la classe politique, sur fond de crise économique et financière aiguë, la pire depuis une trentaine d'années. Le Hirak (révolte populaire) au Liban avait provoqué la chute ou le départ de Saad Hariri en octobre 2019. Le mouvement populaire pacifiste avait été brisé dans son élan par la pandémie du coronavirus. La contestation de ces derniers jours, trouve sa raison dans l'inflation galopante et la chute vertigineuse de la livre libanaise. Malgré les promesses du gouvernement de Hassane Diab, prises lors de deux réunions du Conseil des ministres, à savoir, injecter des dollars sur le marché afin de tenter d'enrayer la chute de la livre rien n'y fit, les manifestations ont repris de plus belle, dégénérant souvent en affrontements avec les forces de l'ordre, en plusieurs points du pays, notamment à Tripoli et dans la capitale Beyrouth. De nouvelles manifestations ont en effet eu lieu vendredi soir dans plusieurs villes contre l'attentisme des pouvoirs publics face au naufrage économique du pays. Les autorités qui ont également prévu une série de mesures censées stabiliser les marchés afin de juguler à la crise économique au Liban, la plus grave depuis la fin de la guerre civile (1975-1990) semblent dépassés par les évènements et naviguent à vue. La livre libanaise est en chute libre face au dollar, le chômage touche plus de 35% de la population active et plus de 45% vit sous le seuil de pauvreté, selon le ministère des Finances. Pour le centre de réflexion International Crisis Group (ICG), le Liban a besoin d'une aide internationale pour sortir de la crise, mais celle-ci est conditionnée par l'adoption de réformes longtemps ignorées par la classe politique.