L'Algérie a feint l'indignation après l'annonce publique d'une procédure d'expropriation de certains biens immobiliers, appartenant à l'ambassade d'Algérie au Maroc. Pourtant, des documents officiels exclusifs auxquels Hespress FR a eu accès, démontrent que les négociations entre les autorités marocaines et algériennes avaient lieu depuis au moins 2 ans et la partie algérienne avait donné son accord. Pire, l'Algérie qui accuse le Maroc de « confiscation » de ses biens, a fait exactement la même chose. La réaction véhémente de l'Algérie face à l'annonce de la procédure d'expropriation de locaux appartenant à l'ambassade d'Algérie au Maroc est un nouveau coup de bluff déjoué par des documents officiels exposant les faits réels et prouvant que les autorités algériennes étaient non seulement au courant de la procédure mais avait également donné leur aval. Des documents auxquels Hespress FR a eu accès montrent le contenu d'un échange postal signé par le Consulat Général de la République Algérienne Démocratique et Populaire datant du 20 mai 2022, soit deux ans avant cette polémique, mentionnent noir sur blanc que les autorités algériennes avaient mené des discussions ouvertes avec le Maroc, qu'elles n'ont pas manqué de saluer et qu'il y avait, par ailleurs une proposition d'échange de biens. « Le Consulat Général de la République Algérienne Démocratique et Populaire à Casablanca rappelle le contenu et la teneur des précédentes rencontres avec la Direction du Protocole relatives aux biens, propriété de l'État Algérien, abritant les services consulaires de l'ex-Ambassade d'Algérie à Rabat sis au 46 et 48, Avenue Tarek Ibnou Ziad – Rabat », indique le texte qui stipule qu'il y a eu des rencontres et discussions à ce sujet. Le même texte informe la partie marocaine d'une « évaluation domaniale et financière » des biens et de l'envoie des conclusions dès finalisation. La partie la plus intéressante dans ce courrier datant de 2022 démontre que les autorités consulaires et diplomatiques algériennes étaient sur le point de vider les locaux. « Le Consulat Général informe, également, que la libération des locaux consulaires et le déménagement de son contenu, se fera en respect des usages diplomatiques, une fois l'opération de vente dûment concrétisée suivant les procédures légales ». Et de souligner que la résidence de l'Ambassadeur du Royaume du Maroc à Alger sise au 44 Rue Franklin Roosevelt, « n'a pas vocation à faire partie de la proposition d'échange compensatoire de biens, formulée par la partie marocaine ». Si les preuves que l'Algérie était totalement au courant de cette procédure et que des négociations pour un éventuel échange de bien étaient sur la table, sont évidentes et indiscutables, il est difficile dans ce cas d'expliquer la réaction épidermique de la diplomatie algérienne, son langage et ses menaces dans son communiqué du 17 mars. La diplomatie algérienne a parlé notamment de « projet de confiscation des biens de l'ambassade de l'État algérienne » au Maroc, et a menacé de répondre à ce qu'elle a qualifié de « provocations » par « tous les moyens jugés appropriés » notamment juridiques en mentionnent les Nations Unies. Pourtant un autre document officiel, dont Hespress FR détient une copie, démontre que l'Algérie a elle-même fait la même chose que ce dont elle accuse le Maroc. Annoncée par écrit, la décision algérienne d'exproprier la résidence de l'ambassadeur du Maroc à Alger, a été explicitée par une note verbale datée du 14 mars 2022, en parlant d'un prétendu plan d'aménagement de la ville d'Alger. « Dans le cadre de l'exécution du Plan d'aménagement Directeur de la Ville d'Alger (...) englobant la périphérie immédiate du Palais du peuple, monument historique classé, il a été procédé par les services du Domaine national au recensement des biens situés dans le périmètre, objet de ce projet », a indiqué la missive de la diplomatie algérienne annonçant le projet de réaménagement de ce secteur. Le texte poursuit que la résidence de l'ambassadeur du Maroc à Alger « se trouve aussi incluse dans la future zone de travaux. (...) Aussi et compte tenu de ce qui précède, le Gouvernement algérien a décidé d'engager une opération d'expropriation pour cause d'utilité publique de certaines propriétés de cette zone et par conséquent de reprendre possession de la résidence de l'ambassadeur de la mission marocaine ».