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L'Ambassadeur d'Autriche au Maroc, GERHARD DEISS : « Le Maroc a accompli des progrès notables dans le processus des réformes politiques et de la sauvegarde des droits de l'homme »
L'Autriche célèbre cette année, le cinquantenaire de l'établissement des relations diplomatiques avec le Maroc. Pour l'ambassadeur autrichien à Rabat, Gerhard Deiss, le Maroc a accompli des progrès notables dans le processus des réformes politiques et de la sauvegarde des droits de l'homme. Aujourd'hui, Vienne suit avec très grand intérêt les derniers développements concernant la restructuration du Conseil Consultatif Royal pour les Affaires du Sahara. La Gazette du Maroc : Que représente pour les Autrichiens la présidence de l'Union Européenne? Gerhard Deiss : Tout d'abord, il faut préciser que, selon l'approche préconisée par le Gouvernement autrichien, l'exercice de la présidence au Conseil de l'Union Européenne constitue un service rendu aux partenaires européens et naturellement aussi aux partenaires de l'Union Européenne dans le monde. Il ne s'agit pas de changer la politique européenne d'une façon révolutionnaire pendant la durée de la présidence qui est seulement de 6 mois. La présidence s'inscrit plutôt dans une logique de continuité et d'assistance au processus de développement de l'Union Européenne. Rétrospectivement, après la fin de la présidence autrichienne, on peut constater qu'un des buts était de créer plus de confiance en l' Union Européenne parmi les populations, et plus de transparence. Sous la devise «l'Europe écoute», des mesures ont été prises pour prévoir plus de proximité avec les citoyens européens. Un second principe de notre présidence était «le réalisme» dans ce sens que des changements fondamentaux de politique pendant une présidence de six mois n'étaient pas possibles. De plus, l'Autriche a assuré que les perspectives financières pour la période 2007 /2013 ont pu être définies après des tractations avec le Parlement Européen. Les moyens financiers pour les programmes d'aide de l'Union Européenne dans le cadre de la Politique de Voisinage ont d'ailleurs connu une augmentation. Nous avons commencé notre présidence le 1er janvier 2006, à un moment où l'état d'esprit au sein de l'Union Européenne était plutôt pessimiste. Je crois que dans les mois suivants, nous avons réussi de donner plus d'élan et de dynamique au débat européen. Pour un pays de taille moyenne comme l'Autriche, le fait d'assumer la présidence signifie naturellement un grand défi du point de vue logistique et administratif. Pourquoi la coopération économique maroco-autrichienne n'a pas abouti à ses grands objectifs ? A l'instar d'un grand nombre d'autres pays, nous célébrons cette année le cinquantenaire de l'établissement des relations diplomatiques avec le Maroc. Sur le plan politique, les relations entre nos deux pays sont excellentes. Sur le plan économique, il est vrai, on peut faire mieux. Les exportations autrichiennes vers le Maroc ont atteint, en 2005, un montant de 49,2 millions d'euro, ce qui représente une augmentation de 5,6 % par rapport à 2004. Les exportations marocaines vers l'Autriche ont connu, en revanche, un recul de 8,5 % en 2005. Le Maroc garde néanmoins toujours un bilan positif des échanges avec l'Autriche. Les montants des investissements autrichiens au Maroc restent également assez modestes. Je crois que ce phénomène est dû à différents facteurs : l'Autriche est un pays avec une prédominance de petites et moyennes entreprises qui opèrent dans la proximité immédiate. De plus, la connaissance de la langue française, qui est aussi un élément non négligeable pour établir des liens commerciaux avec le Maroc, n'est en général pas très répandue. L'Ambassade et le Délégué commercial autrichien essaient en permanence d'attirer l'attention des investisseurs autrichiens sur les opportunités du marché marocain, notamment en invitant chaque année des hommes d'affaires autrichiens au Maroc. La section commerciale cherche également à renforcer les relations commerciales bilatérales en participant aux salons internationaux comme le BTP-EXPO 2006 et SIAAM 2006. Le secteur ferroviaire reste un domaine prometteur où l'Autriche dispose de beaucoup de savoir-faire. Dans le secteur du textile, on peut faire beaucoup de choses ensemble. Je peux dire aussi qu'il existe aujourd'hui toute une panoplie des produits que l'Autriche peut proposer au Maroc. D'une manière régulière, l'Autriche livre aussi du bois, du papier, de la matière brute pour l'industrie textile et la plasturgie, des outils, des machines et des installations industrielles. Au cours des deux dernières années, trois nouvelles sociétés autrichiennes se sont établies au Maroc, dont un sous-traitant dans le secteur automobile. Sur le plan culturel et universitaire, nous remarquons que la coopération dans ce secteur ne dépasse pas les activités occasionnelles. Pourquoi ? Je ne peux pas m'associer à votre remarque. Je crois c'est surtout sur le plan culturel et universitaire que l'Autriche s'est beaucoup engagée au Maroc. Evidemment, nous ne pouvons pas nous mesurer avec des grands pays comme la France, l'Espagne, l'Italie ou l'Allemagne, mais des artistes autrichiens participent néanmoins de façon régulière à des festivals au Maroc, surtout dans le secteur de la musique classique mais aussi du jazz. Depuis le 1er janvier de cette année, pas moins de 11 musiciens venant d'Autriche se sont produits lors de quatre concerts au Maroc. Il y avait des séminaires et des conférences pour des professeurs et des étudiants de la langue allemande. Depuis décembre 2004 un Centre autrichien d'Information à ouvert ses portes à Rabat. Beaucoup de manifestations culturelles ont été ajoutées au travail culturel de l'Ambassade. Ce centre n'informe pas seulement des étudiants intéressés par les opportunités d'étudier en Autriche et sur la vie sociale et culturelle, mais également sur les examens d'allemand et les diplômes délivrés par le « Österreichisches Sprachdiplom ». De plus, le centre a organisé, entre octobre 2005 et juin 2006, chaque mois une exposition d'un artiste marocain d'avant-garde dans sa galerie « Le Cube ». Les journaux marocains ont classé le Centre Autrichien d'Information parmi les 11 événements culturels les plus remarqués pendant l'année 2005. Que pensez-vous de l'expérience du Maroc dans le domaine des droits de l'homme et le développement humain ? Le respect des principes démocratiques, des droits de l'homme et des libertés fondamentales constitue un des principaux fondements des relations entre le Maroc et l'Union Européenne. Le Maroc a accompli des progrès notables dans le processus des réformes politique et de la sauvegarde des droits de l'homme. Je cite seulement le code de la famille en 2004 qui constitue un pas considérable sur le chemin vers la réalisation de l'égalité entre les hommes et les femmes, les différentes mesures législatives concernant la sauvegarde des droits de l'homme, comme la sanction de la torture et les travaux de l'Instance Equité et Réconciliation grâce auxquelles le Maroc a franchi un grand pas. Je ne peux que féliciter le Maroc d'avoir eu le courage d'affronter les violations des droits de l'homme du passé, et je pense que la réalisation des réformes suggérées dans le rapport de l'IER constituera un prochain pas très important. L'Initiative Nationale pour le Développement Humain, annoncée par Sa Majesté en 2005 exprime la sincère et ferme volonté de combattre la pauvreté et cela avec des objectifs concrèts. Beaucoup de pays européens ont déclaré leur intérêt de participer au financement de l'INDH, quel sera l'apport de l'Autriche ? Comme l'Autriche concentre ses fonds prévus pour la coopération et le développement sur les pays les moins avancés et vu que le Maroc, heureusement, ne fait pas partie de cette catégorie de pays, un seul projet bilatéral est actuellement en cours. Il concerne le développement d'une commune rurale au Rif et peut apporter, au moins dans ses objectifs, une certaine contribution à l'INDH. Il faut mentionner néanmoins que l'Autriche, en tant que contributeur net au budget de la Communauté, participe aux dépenses de l'Union Européenne en faveur du Maroc qui, d'ailleurs, est le plus grand bénéficiaire des fonds du programme MEDA parmi les partenaires de la rive sud de la Méditerranée. Que pensez-vous de la restructuration du CORCAS ? Nous avons pris note avec très grand intérêt des derniers développements concernant la restructuration du Conseil Consultatif Royal pour les Affaires sahariennes. Des efforts qui visent à réaliser plus de proximité avec la population de la région concernée rendront certainement possible une meilleure prise en considération de ses besoins et de ses souhaits. Nous suivrons donc attentivement l'évolution dans cette affaire et aussi les prochaines étapes, surtout en ce qui concerne la proposition annoncée au sujet de l'autonomie pour le Sahara.