À peine une semaine après la clôture de la Conférence d'Annapolis, dans laquelle le Premier ministre israélien s'est engagé à réactiver le processus de paix avec les palestiniens, notamment en démarrant début janvier les discussions ayant rapport avec les sujets du statut final, à savoir Al-Qods, le droit au retour et le gel des colonies «sauvages» aussi bien aux alentours de la ville sainte qu'en Cisjordanie, qu'Israël relance de nouveau la construction d'une colonie controversée. Olmert et son gouvernement n'ont pas bougé le petit doigt lorsque l'administration israélienne a annoncé, mardi dernier, avoir déjà lancé un appel d'offres pour la construction de 307 nouveaux logements dans la colonie de Har Homa. Une implantation à proximité de la ville de Bethléem, qui, à la fin des années 90, avait déjà soulevé de vives controverses. Cette provocation intervient, alors que des pourparlers doivent s'ouvrir, mercredi prochain, pour soi-disant tenter de créer un Etat palestinien. Le chef du gouvernement a très vite oublié ce qu'il vient de promettre à Annapolis devant son principal allié, Georges Bush, et les représentants des Etats arabes. La majorité de ces derniers, ne croyaient pas un seul mot du discours d'Olmert à Annapolis dans le Maryland. Maintenant, Hamas, le Djihad Islamique et le Mourched de la Révolution islamique, Ayatollah AliKhameneï, vont rappeler de nouveau aux chefs d'Etat arabes, qu'ils avaient raison lorsqu'ils affirmaient que cette conférence internationale n'etait qu'un fiasco. D'autant que ni le président américain, moins encore les Israéliens, n'étaient prêts à donner quoi que ce soit aux palestiniens. Et que l'objectif de la tenue de cette manifestation visait, en premier lieu, la création d'un front derrière les Etats-Unis, formé de l'Etat hébreu et des pays arabes modérés, pour préparer le terrain à de nouvelles sanctions économiques contre Téhéran. La construction de cette nouvelle colonie qui se trouve dans une zone sensible est également un message de provocation au Vatican, puisqu'il s'agit de la ville sainte de Bethléem, où le Christ est né. Tel-Aviv veut, par là, faire comprendre à tout le monde qu'elle n'a peur de personne et qu'elle ira jusqu'au bout de ses projets de colonisation en Cisjordanie et autour d'Al-Qods Est. Olmert aurait voulu dire à qui de droit aussi bien aux Etats-Unis, qu'à l'Arabie Saoudite, qu'il ne fait aucune concession pour ce qu'il considère comme étant essentiel à la survie de l'Etat d'Israël. Pour preuve, le communiqué émanant du gouvernement en place, estimant que cette colonie fait partie du «Grand Israël» et devrait, dans la perspective de la création d'un Etat palestinien, être annexée à leur «capitale éternelle, unifiée et indivisible». Quelle sera maintenant la réponse du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui tentait, tout le long des quatre dernières semaines, de convaincre ses pairs arabes de la bonne foi et de la sincérité de son partenaire israélien, Ehud Olmert ? Que va expliquer son émissaire, Ahmed Qoreih aux dirigeants syriens après le désengagement d'Ehud Olmert. Ce dernier, qui, devant plus d'une centaine de responsables à Annapolis, a promis d'interdire la construction de nouvelles implantations, voire même à démanteler les colonies sauvages ? D'ores et déjà, ce dernier est en porte-à- faux, plus particulièrement vis-à-vis de son peuple. Ce qui donne déjà raison au camp des durs. Ce, au moment où l'armée israélienne poursuit ses massacres à Gaza et ailleurs, et rend la vie de plus en plus pénible à la population palestinienne. Ce ne serait plus surprenant si demain les confrontations entre Israéliens et Palestiniens prennent des allures plus violentes et, ne laissent aucune issue aux régimes arabes modérés qui avaient donné tout ce qu'ils pouvaient à travers l'initiative de paix arabe avec Israël, votée à l'unanimité lors du sommet de Beyrouth, il y a environ cinq ans. Face à cette dernière provocation, même le président Hosni Moubarak ne sera plus capable de convaincre les uns et les autres dans le camp palestinien, pour donner encore une nouvelle chance à Mahmoud Abbas. L'Egypte qui est la mieux placée au niveau des tractations israëlo-palestiniennes, sait parfaitement que ce désengagement aussi rapide des Israéliens ouvrira les portes aux mouvements les plus extrémistes en Palestine, comme Al-Qaïda. Crainte que n'a pas caché récemment, le général Omar Soleïman, chef des services égyptiens de renseignements militaires, qui gère le dossier sécuritaire entre palestiniens et Israéliens. Cela dit, il faut s'attendre à une dégradation rapide de la situation non seulement dans les territoires occupés mais partout dans la région du Moyen-Orient. Tout simplement, parce qu'Israël veut une répétition de la guerre d'Irak par une attaque américaine contre l'Iran.