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Cafés, bars, villas...Des milliards chez les clandestins
Publié dans La Gazette du Maroc le 04 - 07 - 2008

Un circuit parallèle au PMU pour les courses de chevaux, des tripots pour les cartes, des maisons pour le poker, la mafia du jeu existe.
Dans toutes les villes du Maroc, cafés et surtout bars PMU, naissent comme des champignons. Ils sont équipés d'une télé et de la carte «Equidia». Il s'agit d'une chaîne française assurant la retransmission de toutes les courses hippiques en France. Le pari mutuel urbain, en principe, jouissant du monopole sur ces jeux, les a dotés d'un terminal pour permettre aux joueurs de miser et de récupérer leurs gains sans se déplacer aux agences, surbondées et souvent mal fréquentées.
Rapidement, une mafia s'en est saisie. Dans chaque café, s'est érigé un monsieur PMU. Au début, ils prenaient les paris sur les courses que le PMU officiel n'assurait pas. Il faut savoir qu'en France, il y a au moins 3 réunions par jour dont seule la première est assurée par le PMU. Les «Harragas» comme on les appelle, assuraient les deux restantes. Ils prennent les paris et payent en fonction des résultats et des «mutuelles» affichées sur l'écran d'Equidia.
Un chiffre d'affaires colossal
Deux phénomènes ont eu lieu, le succès aidant. D'abord une forme de concentration poussée. Dans chaque quartier un bookmaker s'est imposé et a transformé les autres en rabatteurs. L'argument est essentiellement la crédibilité, c'est-à-dire le moyen de prendre les gros paris et de payer rubis sur ongle les gros gains. Ce sont des gens qui ont toujours une mallette dans le coffre, contenant 200 ou 300 mille DH. Ils la ressortent rarement, mais en cas de gros gains, payer sur place est un argument commercial qui attire les gros joueurs. Ceux-ci préfèrent jouer dans un bar, plus anonyme qu'une agence PMU et surtout payer leur mise sans TVA, l'Etat ayant imposé une taxe de 20 % sur les enjeux. Le second phénomène c'est que les bookmakers ne respectent plus le monopole du PMU sur aucune course et jouent toutes les réunions y compris les nocturnes. C'est un chiffre d'affaires colossal. Les gros bookmakers font jusqu'à 10 millions de centimes de bénéfice par jour !
S'ils ont pu s'installer avec autant de facilités, c'est que la clandestinité «organisée» existait déjà pour les jeux de hasard. Depuis toujours, il existe partout des cafés où l'on joue aux cartes pour de l'argent.
Amsterdam, La cabana, chez Bouchaïb, Toto, etc… sont connus depuis les années 50 dès 10 heures du matin et parfois jusqu'à l'aube, les tables se forment et se dispersent à longueur de journées. Il y a des tables pour «pauvres» c'est-à-dire avec une mise à 20 dh la partie et cela peut atteindre 5000 DH la partie de Rami. Chez les plus chics, là où les enjeux démarrent à 500 DH la partie, le patron offre boissons, collations et cigarettes. C'est que le monsieur rafle 10 % de la mise. Une partie à 500 DH dans une table à 5, lui rapporte au minimum 250 DH sans compter les relances. La partie dure au maximum 40 minutes.
Des millions se jouent à table
Multipliez par le nombre de tables et comptez 15 heures de travail et vous avez le chiffre d'affaires. Là aussi, on chiffre rapidement en millions. Les millions se jouent à table pour le poker, le vrai, le Texas. A part les casinos, il n'y a pas de lieux publics pour le poker. Certains clubs laissent des tables se former discrètement, mais il ne s'agit pas d'une activité mafieuse organisée. C'est dans les maisons que se pratique le jeu du hasard le plus cérébral. Cette renommée du poker, à tort ou à raison, est universelle au point qu'il a vu la naissance d'une chaîne télé dédiée à sa gloire. Ces maisons sont elles aussi classées par étoiles. Du petit studio réservant une table et quelques bières à la villa avec vue sur la piscine et buffet digne d'un mariage. Là encore, c'est le montant des enjeux qui détermine le standing. chez les grosses pointures, il ne faut pas se hasarder sans avoir au moins 5 millions en poche. Souvent d'ailleurs vous êtes obligés d'annoncer vos limites. Une fois connu à une table, on accepte votre chèque et c'est la catastrophe.
Descente aux enfers
Des hommes d'affaires, des avocats, des hommes publics ont perdu, y compris leur honneur, à ce jeu. Ils sont interdits bancaires quand ils n'ont pas fait de la prison pour des dettes de jeu. La dématérialité du chèque fait perdre au joueur le peu de contrôle qu'il a sur ses pertes et finit par l'enfoncer. C'est connu, jouer à crédit est le début de la descente aux enfers.
Et il y a les amateurs, ceux qui se rencontrent entre «copains» pour une partie, qui devient régulière et très fréquente. Les dégâts n'y sont pas plus minimes, seulement la convivialité évite les gros drames. Question à 10 balles : ces repaires étant identifiés pourquoi ne sont-ils pas inquiétés ? Ils le sont parfois, une sorte de rappel.
La brigade de jeu se présente, convoque le gérant pour le lendemain et le soufflet tombe. Là aussi nous sommes dans le domaine du «toléré». De l'argent, beaucoup d'argent circule et corrompt hommes et structures, une nouvelle mafia émerge et se structure sous nos yeux. Sous d'autres cieux, la France et l'Espagne, elle a fini par devenir violente avant que les autorités n'y mettent le holà. Comment ? par la légalisation des cercles de jeu et leur fiscalisation. L'Etat n'est pas le psy des individus, mais il peut au moins prendre sa part des milliards de l'enfer du jeu, ne serait-ce que pour prendre en charge les victimes.
3Questions
au Sociologue
Youssef Sadik
«La dépendance vis-à-vis du jeu de hasard explique des carences psychiques»
Les parieurs, instruits ou illettrés, s'investissent et s'engagent délibérément pour jouer. S'ils l'ont fait au début pour s'amuser ou pour gagner de l'argent, le jeu devient au fil du temps une drogue et un besoin.
Comment une personne peut-elle devenir esclave des jeux de hasard ?
Je pense que, comme dans tout jeu, on peut commencer à jouer pour le plaisir, pour se trouver, tout de suite après, vulnérable aux multiples tentations qu'exercent le jeu et les structures qui en tirent profit. On peut donc développer une véritable dépendance, ce qui n'est pas sans engendrer des dégâts psychiques et sociaux. On appelle ça «jeu pathologique»
Quelles sont les personnes les plus vulnérables pour être esclaves des jeux du hasard ?
Je pense que certains facteurs relatifs à la socialisation (au sens général) peuvent nous renseigner sur les personnes qui deviennent esclaves du jeu de hasard. Donc, il y a des éléments comme la nature de l'entourage social, une carrière ou un rêve brisé, une volonté de rattraper des amis devenus riches, etc. Mais pour l'instant, nous ne disposons pas de données suffisantes pour en faire une vraie analyse psychosociologique.
Y-a-t-il un profil type pour l'esclave des jeux du hasard ?
Comme je viens de le mentionner, au Maroc, nous ne disposons pas pour l'instant d'études sur les profils exacts des personnes qui cèdent à la tentation. L'on ne peut pas dire que «les joueurs» sont socialement vulnérables ou aisés, femmes ou hommes, jeunes ou moins jeunes. Cependant, il est sûr que la dépendance vis-à-vis du jeu de hasard explique des carences psychiques.


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