Suite du feuilleton de la guerre du cola La phobie de perdre des parts de marché peut mener à tout. Mecca n'est pas une grave menace, mais elle a de sérieux arguments. C'est sans doute ce qu'a compris l'un des embouteilleurs de Coca qui semble faire une opposition à l'entrée de Mecca au Maroc. Une bataille avant l'heure. Avant même l'arrivée de la marque au Maroc, Mecca Cola fait l'objet d'une bataille en sourdine entre plusieurs protagonistes. Il y a d'abord, la société des boissons gazeuses du Souss (SBGS) basée à Agadir et qui a effectué un dépôt de la marque le 3 décembre 2002. Le deuxième concerné est la société Fapaco basée à Casablanca. Cette dernière a mis les bouchées doubles en déposant juste une heure avant la SBGS les noms Mecca Cola et Zam-zam Cola. Et enfin, il y a le représentant légal de Mecca Cola au Maroc, en l'occurrence, Omar Alami qui n'a déposé le nom que le 8 janvier 2003. Si l'on s'en tient strictement à l'ordre chronologique suivant lequel ses dépôts ont été effectués on pourrait être tenté de penser que Fapaco serait le propriétaire de la marque au Maroc. Mais en réalité, il n'en est rien car, la législation en matière de droit de propritété industrielle et du commerce est plus complexe que cette seule considération chronologique. Le Maroc est en réalité signataire de plusieurs accords internationaux dont celui de Paris ou celui des ADPIC (accords des droits de propriétés intellectuelles et du commerce) qui garantissent une protection à l'échelle internationale des marques déjà déposées dans les autres pays signataires. Ces accords confèrent en effet une protection d'une durée de 6 mois en ce qui concerne les marques ou les noms commerciaux. Cette durée est portée à 12 mois s'il s'agit d'un brevet. Pour le cas de figure, il convient de signaler que la marque Mecca Cola a fait l'objet d'un dépôt le 14 août 2002, et donc elle bénéficie de cette protection sur le territoire marocain jusqu'au 13 février. C'est dire que Omar Alami, représentant légal du Franco-tunisien Tawfik Mathlouthi, propriétaire de Mecca Cola en France, aura donc raison sur les autres ayant déjà déposé, à savoir la SBGS et Fapaco. Contacté, Omar Alami a affirmé avoir mené certaines démarches auprès de ses concurrents. Fapaco a semblé comprendre le bien-fondé de la démarche de ce dernier ainsi que la protection que lui confère la loi. En revanche, du côté de la SBGS qui a d'ailleurs déposé après Fapaco, le silence semble de mise. La SBGS est gérée par la famille Bel Hassan. Le père Bel Hassan a expliqué à Omar Alami qu'il n'avait pas été au courant du dépôt de la marque Mecca Cola. Alors que le fils justifie son dépôt par le besoin d'utiliser la marque au Maroc. Faut-il comprendre par là que le contrat entre The Coca Cola export company et la SBGS n'a pas de clause de non concurrence ? Si tel est le cas, ce serait très étonnant. Puisqu'en réalité, le géant mondial imposerait à l'ensemble de ses embouteilleurs des clauses incluant l'interdiction formelle de la production de toute autre marque concurrente des boissons de Coca cola. Il convient donc de trouver d'autres raisons en se tournant vers d'autres régions, notamment le Moyen Orient où la marque Mecca fait fureur. Coca Cola vient de fermer une de ses usines située dans une localité non loin du Caire. La naissance de nouvelles marques de boissons gazeuses à consonance arabo-musulmane combinée au boycott des marques américaines de cola a fortement compromis les chances de croissance de Coca dans la zone. Au Maroc, on est sans doute loin de ce scénario car Coca dispose d'une assise commerciale sans faille. Le géant américain, ou plutôt ses embouteilleurs, n'auraient donc a priori aucune raison de s'inquiéter de la concurrence qui s'annonce. C'est théoriquement ce que l'on pourrait penser. Mais les arguments commerciaux de Mecca sont très importants. Il bénéficie d'une excellente médiatisation dans un monde dominé par l'injustice envers le peuple palestinien et la guerre qui se prépare contre le peuple irakien. Mecca compte en effet verser 20% de ses bénéfices à part égale à des œuvres palestiniennes et marocaines dédiées à l'enfance. En attendant que Bel Hassan se désiste, Mecca prépare modestement son entrée au Maroc. A partir du mois d'avril, il sera distribué à Casablanca et sa région en plus de Nador. Dès juin, il compte s'étendre au reste du pays. Certes, il s'agit d'une bataille qui opposera le pot de terre au pot de fer, mais la sympathie dont bénéficie Mecca ne manquera pas de jouer en sa faveur.