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Le colonel signe, le Palais se désiste
Publié dans La Gazette du Maroc le 31 - 01 - 2005

L'ex-conservateur du Palais d'Agadir rend l'argent détourné
Dénouement dans l'affaire du détournement des fonds au Palais royal d'Agadir. Un arrangement à l'amiable entre l'ex-conservateur, Mustapha Hilali, et la défense de l'Etat marocain, représentée par l'éminent juriste Mohamed Naciri vient d'être conclu. En contrepartie de la restitution effective de l'argent détourné, 15 millions de Dhs, la partie civile a retiré sa plainte. Début de la fin d'un feuilleton judiciaire inédit.
Il était 16h heures 30, ce jeudi 27 janvier 2005, quand le nouveau président de la chambre criminelle de la Cour d'appel d'Agadir, Habchan, informe les avocats de la défense de l'ex-conservateur du Palais d'Agadir, le colonel Mustapha Hilali, du refus de la Cour d'accorder la liberté provisoire à leur client. Le refus est catégorique et concerne tous les accusés (8 au total) impliqués dans cette grosse affaire de détournement de deniers publics.
En guise de réponse aux multiples requêtes introduites par la défense, la cour s'est contentée, toutefois, d'ajourner le procès au 1er mars prochain. Le temps qu'il faut pour que le parquet puisse, les propos sont ceux du président Habchan, s'enquérir des derniers rebondissements qu'a connus le dossier.
Voici, en quelques mots, le résumé succinct de la dernière audience d'un procès désormais connu sous le nom de “l'affaire de détournement des deniers du palais d'Agadir”. Un procès inouï qui restera dans les annales judiciaires du pays.
Au terme donc d'une délibération houleuse et douloureuse, l'ex-haut fonctionnaire des domaines royaux s'est vu débouter, une fois encore, de sa requête en attendant l'ouverture de son procès. L'ex-conservateur d'Agadir restera pour un certain temps à l'ombre même s'il a restitué tout ce qu'il aurait volé soit 15 millions de dirhams, contre l'abandon des poursuites intentées contre lui par le Secrétariat particulier du Souverain.
En effet, la défense du colonel Hilali est parvenue à un accord avec la défense de l'Etat marocain, impliquant le versement de 15 millions de dirhams au profit du Trésor, contre un retrait de la plainte.
Ce fut chose faite. Le 19 janvier courant, après restitution effective des fonds, Me Mohamed Naciri, l'avocat représentant l'Etat marocain, avait, après concertation en haut lieu, informé par écrit (voir fac-similé) les magistrats de la Cour d'appel d'Agadir.
Ex-homme du sérail, dont il connaît parfaitement les us et coutumes, le colonel Mustpaha Hilali s'est finalement résigné à changer de tactique pour espérer une sortie honorable. La réhabilitation n'est cependant pas à l'ordre du jour et Mustapha Hilali devra s'en remettre à cette triste évidence. En tout cas, jusqu'à nouvel ordre.
Arbitrage royal
À ce moment-là, l'ex-homme fort du Palais d'Agadir ressemble à quelqu'un qui s'est pris dans son propre piège. Non seulement, il a rendu l'argent détourné, mais il a en plus avoué dans une missive adressée à S.M le Roi Mohammed VI, tous les forfaits qui lui sont reprochés. Une lettre de deux pages (elle a été réécrite à deux reprises), a été envoyée à qui de droit, la semaine dernière, dans laquelle le principal accusé dans cette affaire sollicite le pardon du Souverain et une éventuelle grâce royale… Pour l'instant, assurent des sources proches du dossier, la lettre est entre les mains du Souverain, seul habilité, selon les lois en vigueur, à donner suite à la requête de l'ex-conservateur du Palais d'Agadir.
Le retrait de la plainte ou même un arrangement à l'amiable, dit-on dans les ouvrages de droit, n'excuse en aucun cas le délit. La loi est on ne peut plus claire à ce sujet et seule une intervention royale peut débloquer définitivement la situation. Celle-ci, explique Me Mohamed Naciri, peut intervenir à tout moment du procès.
On croyait donc que le dossier du Palais d'Agadir emprunter sa voie naturelle de l'arbitrage judiciaire, mais le voilà qui prend cette tournure qui fait chavirer le procès à 380°. En lieu et place de la victime désignée, le colonel Mustapha Hilali se transforme en coupable avéré des détournements constatés au niveau du palais dont il assurait la gestion. Le coup de théâtre qu'il a donné à son procès bat en brèche la théorie du complot défendue, il n'y a pas longtemps, par son collectif d'avocats. Celui-ci, pour rappel, a tenté vainement de “vendre” cet argument, dit-on, tiré par les cheveux, en essayant d'appeler Mohamed Mounir Majidi, directeur du Secrétariat particulier du Souverain, à la barre.
Début de dénouement
Aujourd'hui, ni le statut du colonel, ni sa fortune, ni non plus ses ex-appuis ne lui ont été d'un quelconque secours. Sauf, peut-être, à l'obliger, d'une manière comme une autre, à avouer ses forfaits pour bénéficier de ce que la loi lui offre comme circonstances atténuantes. De sources proches du dossier, on avance que ce sont ses compagnons de cellule qui lui ont soufflé cette tentative d'arrangement à l'amiable pour le dénouement de son procès. Aussitôt dit, aussitôt fait. Le colonel Hilali, à travers les membres de sa famille, a contacté tout d'abord Me Mohamed Naciri, pour lui proposer sa volonté de restituer le montant de l'argent détourné estimé par le rapport d'audit réalisé par le Secrétariat particulier du Souverain à 15 millions de dirhams. Le montant réclamé est réparti en quatre parties représentant les fausses factures (13 millions de dirhams), le détournement de carburant (400.000 dh), le détournement des salaires des fonctionnaires (450.000 dh), et enfin, le détournement des stocks, dont notamment ceux du parc automobile à hauteur de 950.000 dh. La démarche a été très bien accueillie par Me Mohamed Naciri qui l'a immédiatement transmise à la partie plaignante. De fil en aiguille, les négociations entre les deux parties ont vite abouti à l'idée d'écrire au Souverain pour solliciter sa magnanimité. Condition sine qua non, payer la totalité de l'argent détourné, en guise de bonne foi. Seulement, confie une source proche du dossier, Mustpaha Hilali a proposé de payer en trois tranches. La première étant le jour même des tractations et les deux autres à la fin du procès. Apparemment, Mustapha Hilali n'avait pas encore pris toute la mesure de sa mauvaise situation. Il s'est engagé dans un processus de marchandage, alors qu'il était dans une position de faiblesse qui ne lui permettait pas de poser aucune sorte de condition. En fait, Hilali voulait donner l'impression de ne pas disposer de la totalité de la somme qui lui a été réclamée au tout début, avant même l'éclatement du dossier. Alors, l'investigation policière et l'instruction judiciaire avaient, l'une comme l'autre, révélé que le colonel Hilali avait amassé un véritable trésor. Pas moins de 20 villas lui appartenant ont été recensées et mises sous scellés. Ainsi que ses multiples comptes bancaires garnis de plusieurs millions de dirhams. Mustapha Hilali ne pouvait ignorer que le pot-aux-roses était découvert. Et qu'il n'y avait plus rien à camoufler, ni à dissimuler à la vigilance de la police et à la célérité de la justice.
Démarche laborieuse
En négociant la restitution de la somme réclamée, il aura quand même tenté une dernière parade, ultime naïveté qui trahit le désarroi d'un homme aux abois. On comprend dès lors la réaction immédiate de l'avocat Naciri qui a opposé un refus catégorique aux louvoiements de l'ex-conservateur du palais d'Agadir. C'est ou la totalité de la somme, à savoir les 15 millions de dirhams, en une seule et unique fois, ou rien. L'Etat ne peut en aucun cas marchander pour restituer l'argent qui lui a été volé.
Hilali avait cette fois-ci définitivement compris. Il transmet le message à sa famille qui dès le lendemain se présente à la prison d'Aït Melloul Inezgane munie du chéquier de Mustapha Hilali qui s'empresse d'apposer sa signature sur le chèque. De sources proches de la Maison royale, Me Mohamed Naciri aurait rendu compte de l'issue de sa démarche à Mohamed Mounir Majidi qui lui a demandé de verser les trois chèques à la Trésorerie générale. La seule administration habilitée à récupérer le dû de l'Etat. Le point de chute des deniers publics détournés démontre que le colonel Hilali dans ses malversations criminelles avait affaire, non pas au patrimoine royal, mais plutôt à l'Etat marocain. De toutes les façons, ce dénouement ne pouvait être que favorable à un personnage comme Hilali pour de multiples raisons. La première configuration concerne sa propre santé physique. Selon l'un des avocats de Mustapha Hilali, celui-ci aurait subi, alors qu'il était en détention préventive à la prison civile de Salé, une intervention chirurgicale, à cœur ouvert, à l'hôpital militaire de Rabat. De plus, note la même source, celui-ci souffre régulièrement de diabète qui atteint ces derniers temps des niveaux inquiétants nécessitant un suivi médical intensif. Etait-ce l'une des raisons qui aurait poussé l'ex-haut gestionnaire des domaines royaux à craquer pour avouer les actes gravissimes qu'il aurait commis quand il était aux destinées du Palais royal d'Agadir ? Probablement, la détérioration alarmante de sa santé y était pour quelque chose.
Sensationnalisme tribunesque
Le fait aussi que Mustapa Hilali, colonel de l'armée, appartient à un corps professionnel aussi illustre que sensible à ce genre d'affaires, a incité les pouvoirs publics à accepter une issue à la fois rapide et judiciairement soft. Une année entière, après le début de l'enquête, ce dossier aura été un indicateur de plus d'une nouvelle ère politique. Effectivement tout au long des audiences publiques, les différents aspects de la gestion du Palais royal d'Agadir ont été passés au peigne fin. Les différentes rubriques financières, de la maintenance à l'approvisionnement, en passant par la masse salariale du personnel ont été étalées et décortiquées par la défense du colonel Mustapha Hilali, qui ne s'est pas privé d'en faire un sensationnalisme tribunesque. Tout était, en effet, nouveau durant le déroulement du procès. Le délit lui-même, la description minitueuse des faits, et les mots pour les qualifier. Une autre forme de transparence, un autre signe de l'indépendance de la justice, même si cela devait passer par un scandale financier. C'est cela aussi le Maroc de Mohammed VI.


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